Yoann Offredo a été l’un des premiers coureurs en activité de l’équipe FDJ, engagé mi-janvier dans le Tour Down Under. Il reprend la compétition mercredi dans le Tour d’Algarve où il s’apprête à soutenir un très ambitieux Thibaut Pinot. Comme toujours avec franchise, Yoann nous parle de cette saison qui pourrait être pour lui celle du renouveau et de ses tourments passés.
Yoann, as-tu bien digéré ton voyage en Australie ?
J’ai été content d’y retourner après une première expérience il y a 8 ans. C’est une course formidable avec un fort engouement populaire. C’est vraiment sympa même si par le décalage horaire, la chaleur et le niveau différent selon que tu es australien ou pas, c’est compliqué à gérer. Ensuite j’avais une coupure mais j’ai souffert d’une bronchite, contractée pendant la troisième étape du Tour Down Under. Elle m’a bien handicapé pendant deux semaines et j’en suis débarrassé depuis 3 ou 4 jours. Il y a eu une petite dépression physique mais elle ne m’a pas empêché de travailler.
Tu es à la veille de disputer le Tour d’Algarve, dans quel état d’esprit es-tu ?
J’y vais pour soutenir Thibaut Pinot qui a beaucoup d’ambition dans une course d’un niveau élevé. J’ai besoin de la confiance que me donnent mes directeurs sportifs et mon leader. Je vais être là pour l’aider dans le placement, pour éviter les pièges. Je vais tout donner pour mon leader.
As-tu le sentiment, après une saison délicate, que tu débutes une nouvelle carrière ?
Je dois admettre que j’ai connu des problèmes psychologiques. J’ai eu du mal à me remettre de ma suspension (à la suite de 3 no-shows) en 2012. Quand je parlais aux gens et que je disais ‘’ça va’’, ce n’était pas vrai. Ça n’allait pas bien. J’ai remis les choses à plat. Maintenant, et même si je suis très émotif et que je le serai toujours, je prends plus de recul. Ce que je ne savais pas faire avant. En revanche la passion pour mon métier est intacte.
Comment envisages-tu ce changement avec ton équipe ?
Yvon Madiot m’a suggéré de ne faire ni Paris-Nice, ni Tirreno-Adriatico. Ca me fait drôle bien sûr mais c’est un choix stratégique. Je vais disputer des courses qui vont me permettre de penser à moi, de pouvoir saisir des opportunités. Les Trois Jours des Flandres Occidentales, début mars, ce n’est pas une course qui semble relevée sur le papier mais ce ne sera pas une course facile. Et son terrain me convient bien. J’y vais pour me rassurer sur mes aptitudes et pour rompre aussi avec le schéma habituel des courses World Tour où je dois surtout travailler pour un leader. Je pense que ça va me faire du bien. En Algarve, je vais aussi avoir en tête de travailler pour moi en soutenant Thibaut et en prévision des courses d’ouverture en Belgique, le Het Nieuwsblad et Kuurne-Bruxelles-Kuurne. Ces deux courses sont importantes parce qu’elles donnent de bonnes indications sur nous et sur les autres.
Forcément, tes objectifs personnels sont les classiques de printemps ?
Je ne sais pas si je vais faire Milan-San Remo, la sélection n’est pas faite. Après, dans le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, on va tout axer sur un leader et c’est difficile pour moi de préciser mon ambition perso. Sinon celle d’épauler Arnaud Démare. Lui aussi a été un peu moins bien en 2015 mais il est jeune, va vite au sprint, ces courses lui conviennent et je pense qu’il a à cœur de montrer ce qu’il vaut. Après, si la course devait se passer autrement, nous serions là aussi pour faire de notre mieux au classement.
La saison 2015 a été difficile pour l’équipe FDJ. Sens-tu un état d’esprit différent ?
Il ne faut pas grand chose pour basculer d’une spirale positive à un enchainement négatif. C’est comme en cuisine, quand tu fais un fondant au chocolat et que tu mets le thermostat un peu trop fort, tu le rates. Cette année, il me semble en effet que les choses se mettent bien en place, que nous entrons dans un cercle vertueux. Quand des coureurs sont forts, ils tirent le reste du groupe vers le haut.
Prends-tu toujours du plaisir sur ton vélo ?
Oui, en dépit de tout, j’en ai toujours pris ! Ce que j’aime, c’est retrouver un groupe, de me sentir heureux d’en faire partie.
Ce groupe retrouve aussi William Bonnet, près de huit mois après sa très grave chute dans le Tour de France ?
William a montré que la vie peut basculer en une seconde. Il a rappelé aussi que nous sommes des hommes, que l’accident peut survenir à tout moment. Pour lui ç’a été grave mais nous savons tous que ça aurait pu être encore plus grave. Nous sommes tous très heureux de le voir avec nous, en forme et costaud même si j’imagine qu’il a une petite appréhension avant de rouler en peloton. Si besoin, et parfois c’est nécessaire de se sentir épaulé et soutenu, il pourra nous demander d’être là, à ses côtés mais William, c’est un solide !
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