Kilian Frankiny est un jeune coureur suisse ayant accompli toute sa formation au sein du projet BMC. Ses deux premières années professionnelles ont été tourmentées par des ennuis de santé mais l’équipe Groupama-FDJ donne l’occasion à ce longiligne grimpeur originaire du Valais de démontrer toutes ses qualités de grimpeur. Depuis sa première apparition dans le Tour Down Under, Kilian (prononcez Kiliane) est très heureux.
Kilian, si tu as souffert de la chaleur en Autralie en janvier, tu as démontré dans le Trophée Laigueglia et le Tour du Haut-Var une belle solidité ?
Oui il a fait chaud en Australie mais ce fut une super expérience avec l’équipe, j’ai découvert une ambiance formidable. Pendant deux semaines, c’était comme une famille et c’était donc très différent de BMC. J’étais vraiment bien avec mes copains, Steve Morabito, Léo Vincent, tout le staff… Tout le monde tire dans le même sens. Je m’entraîne avec David Han, j’ai effectué beaucoup de travail depuis plusieurs semaines et je me suis surpris moi-même dans Le Trophée Laigueglia et le Tour du Haut-Var. A Laigueglia j’ai fini septième en commettant deux erreurs dans le sprint mais j’avais constaté que j’avais de bonnes jambes dans les montées. Le staff l’a vu aussi et m’a accordé sa confiance pour le Tour du Haut-Var. J’imagine que ce n’était pas un choix évident pour l’équipe mais j‘ai répondu présent. J’ai pu faire mon travail pour Thibaut Pinot et Rudy Molard et j’ai contribué à la victoire de Thibaut.
D’où viens-tu en Suisse ?
J’habite dans le Valais, pas loin de chez Steve Morabito. Lui est dans le Valais qui parle le Français, moi du côté qui parle allemand. J’ai commencé le vélo à 13 ans, j’avais fait de petites courses. Mon père avait fait un peu de vélo dans la région, pas de grandes courses, juste pour le plaisir. Les années suivantes ont été pas mal et j’ai rejoint l’équipe U23 de BMC. J’y ai suivi ma formation pendant quatre ans avant de rejoindre l’équipe professionnelle pendant deux ans.
Il semble que ton début de carrière a été contrarié par des ennuis de santé ?
En 2017, j’ai eu un problème de cœur, souffrant d’une arythmie. Surtout dans les montées. Après 10 ou 12 minutes d’efforts, mon cœur battait à 180 pulsations et subitement passait à 240. Cela provoquait des sensations bizarres dans tout le corps et je devais m’arrêter de pédaler pour qu’il redescende. J’avais rapidement subi une petite opération chirurgicale à Berne. Je pensais que c’était fini. A la fin de cette même saison, je me suis fracturé le bassin à la veille de la deuxième journée de repos de la Vuelta. J’avais fini l’étape et je m’étais convaincu qu’il s’agissait d’un petit problème. J’ai pris le départ de l’étape suivante mais j’ai alors beaucoup souffert. Il m’a été prescrit huit semaines de repos. Début 2018, j’ai eu le même souci avec le cœur et j’ai de nouveau été opéré. Oui, ce furent deux années très difficiles même si l’an passé j’ai quand même disputé le Tour d’Italie où j’avais beaucoup travaillé en faveur de Rohan Dennis. Au cours de ces deux années, quand j’étais en course, j’étais toujours là pour aider le leader. Je n’ai jamais eu la possibilité de rouler pour moi.
« Le travail est très sérieux mais c’est une famille »
Pour quelle raison as-tu décidé de rejoindre Groupama-FDJ ?
Quand j’étais chez les U23, Marc Madiot s’était intéressé à moi mais j’avais signé chez BMC juste avant. C’était un choix logique de rester chez eux. Ensuite, je sais que Marc a toujours regardé ce que je faisais et puis je m’entraine parfois avec Steve qui vit à 45 kilomètres de chez moi et je pense qu’il a fait en sorte que je vienne. Avec Marc, nous étions tombés d’accord en milieu d’année parce que BMC n’était pas partie pour continuer. J’ai eu vraiment un bon contact avec lui. Steve Morabito et Sébastien Reichenbach m’avaient dit du bien de l’équipe. C’était le bon choix.
Quelle est la différence principale entre ta nouvelle équipe et l’ancienne ?
La mentalité est très différente. BMC était américaine et voyait toujours plus grand. Chez Groupama-FDJ, on travaille avec le cœur et je le répète tout le monde va dans le même sens. Ça se ressent dans la relation avec les coureurs. Le travail est très sérieux mais c’est une famille tandis que chez BMC il y avait beaucoup de grands noms. C’est plus facile pour moi cette année, je me sens mieux.
« Après sa victoire, il m’a dit plein de fois ‘’merci pour le boulot’’. Ce n’est pas rien. »
Tu as déjà dix jours de course au compteur, quel est ton programme à présent ?
Je n’ai pas spécialement besoin de beaucoup courir. J’ai une bonne base de travail, j’ai fait beaucoup d’endurance. Je vais disputer le week-end prochain les courses en Ardèche et dans la Drôme puis le Tour de Catalogne. A mon programme j’espère qu’il y aura aussi le Tour de Romandie puis le Tour de Suisse qui se termine chez moi.
Tu as toujours été un bon grimpeur ?
J’habite dans une vallée où il y a une seule une route plane et beaucoup de routes en montée. Il était donc naturel de grimper, je n’avais pas de choix. C’était dans mes cordes. J’ai gagné le Tour du Val d’Aoste en 2016. La même année j’avais disputé le Tour de l’Ain avec l’équipe suisse et avait fini 6e du général.
« Il parle avec le feu, il vit pour l’équipe »
Tu as travaillé en faveur de Thibaut Pinot dans le Tour du Haut-Var. Comment le perçois-tu ?
Thibaut est très différent de tout ce que j’ai connu. Il a beaucoup de simplicité. Lui n’habite pas à Monaco, il est resté sur ses terres et j’aime ça. Tu peux parler avec lui comme avec un copain. Dans la course, il m’a aidé, il m’a expliqué tranquillement ce qu’il voulait, comment je dois rouler pour lui. Il est un bon leader. J’ai vu aussi qu’il est toujours très gentil. Après la course, beaucoup de fans veulent faire une photo avec lui et il sourit toujours en leur accordant du temps. Après sa victoire, il m’a dit plein de fois ‘’merci pour le boulot’’. Ce n’est pas rien.
Et Marc Madiot, il t’impressionne ?
Avant le début de la saison, on a eu la grande messe de Marc… Il parle avec le feu, il vit pour l’équipe. Il a beaucoup d’enthousiasme, il m’impressionne parce qu’il donne sa vie au cyclisme. Maintenant je le connais mais pour moi, rien ne présente mieux Marc que la victoire dans le Tour de France 2012 de Thibaut à Porrentruy. Il était intenable dans la voiture ! Ça c’est Madiot !
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