« tout dépend de ce que nous propose le vivier ». Il y a 18 équipes dans le World Tour et si toutes essaient de s’exprimer sur tous les terrains du cyclisme, toute privilégient un type de coureurs, un type de courses. L’exemple est criant avec le Team Sky qui articule sa saison sur les courses par étapes et a même préféré libérer le sprinteur Mark Cavendish il y a deux ans plutôt que lui construire un train. Marc Madiot, depuis la création de son équipe, recherche surtout deux types de coureurs.
« Depuis 1997, nous voulons des coureurs de classiques/sprinteurs et des spécialistes des courses par étapes. Chaque année, toutefois, tout dépend de ce que nous propose le vivier. Il peut y avoir de grandes cuvées de sprinteurs(coup sur coup Nacer Bouhanni et Arnaud Démare) puis d’autres de grimpeurs et je dois dire que tous mes collègues cherchent la même chose. Là-aussi il y a concurrence… »
Et depuis des années, Marc fait entièrement confiance à son frère Yvon qui a carte blanche dans le processus de détection. « Lui et moi sortons de la même école, nous sommes issus du même moule, rappelle Marc, et en général c’est coordonné. Et nous savons que le temps est long entre le premier regard d’Yvon sur un coureur et le moment où il va passer pro. Pour X raisons, on peut le perdre. A cause de la concurrence, à cause de l’échec du coureur que nous suivons souvent depuis les cadets. Ces dernières années, je lui disais avoir besoin de routiers-sprinteurs parce que j’en ai toujours eus. Là, j’aimerais bien avoir des rouleurs mais ça ne court pas les rues ! »
« De toute façon, chaque pays a son profil type, poursuit Marc. En Belgique, il y aura surtout des routiers-sprinteurs. Chez les Anglo-Saxons, il y aura des rouleurs. En France, et ce n’est pas l’idéal, on forme des baroudeurs. Dans 80% des courses du calendrier des jeunes, il y a au moins une côte. Pour un organisateur une course qui n’est pas dure n’est pas une course. Ce n’est pas bien pour les sprinteurs, ce n’est pas assez dur pour les grimpeurs et ça devient une anomalie. Pour compenser, je pourrais inciter des jeunes à aller sur piste mais avec la féderation française, c’est la garantie qu’ils soient bloqués pendant quatre ans, de ne pas pouvoir les utiliser quand je le voudrais et de les voir employer un matériel autre que le mien. Ce n’est pas intéressant mais nous pouvons néanmoins les inciter à travailler sur la piste. Comme nous les avons souvent encouragés à faire du cyclo-cross. »
Ce que dit Marc Madiot sur la détection des jeunes, il le dit pour le recrutement de fin saison. Quand il s’agit d’épaule ses leaders. Les sprinteurs ou les grimpeurs.
« Aujourd’hui, il me faudrait un ou deux bons bestiaux, capables de rouler en plaine et longtemps. Et il me faudrait deux rouleurs-grimpeurs pour avaler des cols devant leur leader mais cette option peut être remplacée par une autre l’année prochaine… »
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