Steve Morabito est un cycling globe trotter ! Pour la quatrième année de suite, il profite de sa participation au Tour Down Under pour rester en Australie près d’un mois avec sa famille et pour suivre un gros bloc d’entraînement. Le coureur suisse de l’équipe Groupama-FDJ a le sourire, il goûte au plaisir de rouler au soleil. Il nous livre dans cet entretien, sa connaissance de ce pays du bout du monde et envisage la suite. Avant de réussir une reconversion qu’il a bien préparée.
Steve, comme souvent dans ta carrière, tu commences ta saison en Australie et dans le Tour Down Under ?
C’est en effet une course que j’aime bien, j’aime être ici. Depuis le départ, mardi, je suis concentré, je vois que l’équipe Groupama-FDJ est concentrée. Et je profite d’être ici.
« pour faire la course seulement c’est très court »
Il est vrai que ce voyage au bout du monde n’est pas seulement sportif ?
Cela fait quatre ans que je profite du Tour Down Under pour venir suivre un bloc d’entraînement de trois semaines en compagnie de ma famille. Quatre ans que j’y suis accompagné par ma femme Virginie qui est enceinte et deux ans que nous sommes ici avec notre petite fille. Elle a deux ans. C’est un grand bonheur pour nous.
Comment est née cette envie d’Australie en famille ?
Je suis venu plusieurs fois seul mais chez BMC, mon ancienne équipe, nous avons eu l’opportunité de faire profiter de ce voyage à des membres de nos familles. Pour venir avec moi, ma femme avait pris six semaines de vacances. Cette solution a répondu à la conjonction de beaucoup de choses. Venir pour faire la course seulement c’est très court et tout passait trop vite. Là, je cumule trois semaines de travail. Cette fois nous sommes partis après le stage de l’équipe à Calpe en décembre. Nous avons voyagé le 24 décembre et vécu la fête de la Nativité dans l’avion. Nous avions célébré Noël avec la famille auparavant. C’est une nouvelle démonstration qu’un coureur pro sait s’adapter.
Vous suivez toujours le même plan de vol ?
La première année, nous avions atterri à Brisbane avant de louer un camping-car pour rejoindre Sydney et Melbourne. Puis nous avions fêté Noël chez Cadel Evans, mon ancien équipier. L’année suivante nous étions arrivés à Perth. L’an passé, comme cette année directement à Adelaïde. Pendant trois semaines, nous avons loué une maison non loin de l’hôtel où je suis hébergé avec l’équipe Groupama-FDJ depuis quelques jours.
« Cette occasion australienne il fallait la saisir »
Qu’apprécies-tu de ton séjour ici ?
C’est les vacances d’été, je connais tout le monde, les gens sont cool, ils aiment le vélo. C’est dépaysant, dès que tu sors d’Adélaïde, tu as la mer, les plages, les fraises et de magnifiques marchés. Si ça ne tenait qu’à moi, je resterai jusqu’à la fin février mais la saison commence tôt en Europe. Ça me plairait de continuer avec les courses australiennes, la Cadel Evans Road Race ou le Herald Sun Tour mais ce n’est pas le programme de l’équipe et je le comprends. Concrètement, je suis heureux de faire mon deuxième grand bloc d’entraînement de trois semaines dans l’été australien. Quatre jours après l’arrivée du Tour Down Under, nous rentrerons en Suisse. Je vivrai une semaine tranquille et sortirai les skis de fond.
Avant cette découverte de l’Australie, ta femme et toi profitiez des séances d’entraînement hivernal pour voyager ?
Oui, c’est une opportunité de vie. Auparavant on allait en Sicile, en Espagne, en Toscane, on aime voyager. Quand j’avais un salaire de néo pro, nous louions une petite maison à Alicante et c’était bien quand la météo n’était pas top à la maison. Cette occasion australienne il fallait la saisir. Je note que cette année 15 à 25 coureurs disputant le Tour Down Under ont fait ça. Cosnefroy a fait un road trip, De Kort est avec sa femme australienne. Il y a Valgren aussi.
Ce n’est pas difficile de t’adapter au frimas hivernal ensuite ?
Je m’adapte vite mais en faisant des intensités dans le froid, je note que le corps a plus de peine. Je n’ai jamais été un coureur de début de saison non plus mais ici, dès qu’il fait chaud, je suis bien. Même à plus de 40 degrés, je ne souffre pas. En 2018, j’ai été champion de Suisse dans la canicule. De ce point de vue là, je suis l’anti Thibaut Pinot. Lui crève de chaud quand moi, à côté de lui, suis en manches longues.
« J’en profite aussi pour observer et conseiller les jeunes. »
Ton programme européen a été dessiné ?
Je dois disputer le Trophée Laigueglia, le Tour du Haut-Var, Tirreno-Adriatico et le Tour de Catalogne. Je veille à la bonne adaptation dans l’équipe des anciens coureurs de BMC, Stefan Küng, Kilian Frankiny et Miles Scotson. Je vais préparer Tirreno-Adriatico avec eux. Je suis en fin de carrière, on verra après le Tour de Romandie la suite de mon programme.Je suis en fin de carrière et pour ma reconversion, j’ai pas mal de projets qui avancent et dont je dois m’occuper. Il est vrai que j’ai toujours eu besoin de ne pas me consacrer à 100% au vélo. J’ai appris les langues en étant pro, l’Allemand, l’Italien, l’Anglais et l’Espagnol. Je considère qu’une carrière pro n’est pas la vraie vie mais c’est un grand privilège de vivre de son sport. Avec l’équipe Groupama-FDJ, c’est clair, tout se passe bien mais j’ai besoin de cette stimulation hors course. C’est aussi un message pour les jeunes. Il doivent comprendre qu’il faut préparer l’après.
Comment te sens-tu cette année dans cette course après y avoir été très malchanceux en 2018 ?
L’an dernier, j’ai été victime d’une chute le deuxième jour et avais dû abandonner le lendemain mais j’étais resté pour l’entraînement. En 2017, j’avais fait Top 10. J’aime cette course. Cette année, j’ai simplement envie de me faire plaisir. C’est pour cette raison que dans le critérium disputé dimanche dans Adelaïde, je me suis échappé. Dans le Tour Down Under, depuis le départ, il fait très chaud. Je fais jouer l’expérience, soucieux de ne pas brûler le moteur. J’en profite aussi pour observer et conseiller les jeunes.
Tu portes le maillot de champion de Suisse, rien de mieux pour accomplir ta dernière saison professionnelle ?
C’est un grand honneur. En fin de carrière, j’ai réussi à démontrer qu’un grimpeur peut-être champion national. J’ai juste envie de montrer fièrement le maillot, pas de rester à l’arrière du peloton. J’ai également conscience de ne pas être Cancellara, je ne suis pas capable de gagner des classiques.
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