Malgré un dénivelé positif sensiblement semblable à ceux de la Classic Grand Besançon Doubs et du Tour du Jura, le Tour du Doubs s’annonçait néanmoins plus ouvert ce dimanche, entre Pontarlier et Morteau. D’une part car ce dénivelé était étalé sur près de 200 kilomètres, mais surtout car l’arrivée n’était pas jugée au sommet en clôture de ce triptyque franc-comtois. De fait, l’approche stratégique était complètement différente pour la Groupama-FDJ. « On savait que ça allait être plus compliqué car le final n’était pas aussi difficile que les deux courses précédentes, exposait Thierry Bricaud. Il y avait une longue partie descendante et de plat pour rejoindre l’arrivée. On avait donc décidé de durcir à une heure de l’arrivée, ce qu’on a fait et bien fait ». Lorsque le peloton a atteint le pied de la longue ascension de la Roche du Prêtre, à cinquante kilomètres du but, Clément Braz Afonso a ainsi mis les gaz, lancé par Tom Donnenwirth, une minute derrière l’échappée matinale. Si le jeune homme s’est isolé, et s’est considérablement rapproché de l’échappée, il n’a toutefois pu faire le trou sur un peloton encore bien organisé. Repris à l’approche du sommet, il a ensuite vu son leader Guillaume Martin-Guyonnet tester une première fois ses adversaires. L’élastique s’est alors tendu, mais n’a pas rompu. « C’était dur sans être trop dur, ce qui fait qu’il y avait encore beaucoup de monde », commentait Thierry.

À quarante bornes du terme, une nouvelle course a démarré après la capture de l’échappée matinale, et une poignée d’hommes s’est alors projetée à l’avant de la course. Leur avantage n’a toutefois jamais excédé la demi-minute sur le peloton, d’ailleurs revenu à vingt secondes à peine au pied de la côte du Barboux (1,6 km à 10,5%), dernière difficulté vraiment coriace de la journée. C’est à cet endroit, à vingt kilomètres du but, que la Groupama-FDJ a joué son va-tout. « J’ai déclenché dans la bosse et on est sortis à sept », glissait Clément. Au sommet, ce groupe a donc fait le break sur le reste de la concurrence, et s’est alors relativement entendu pour conserver un coup d’avance. « Clément et Guillaume ont pris le bon coup, mais ce n’était pas facile de jouer et de manœuvrer, ajoutait Thierry. On voulait rouler jusqu’à deux kilomètres puis essayer de faire exploser l’échappée, mais avec le peloton juste derrière, c’était compliqué, et l’arrivée s’est vite approchée ». Le Normand a d’ailleurs donné de sa personne pour maintenir un rythme élevé. « Je n’en aurais pas fait autant si j’avais été seul, mais il y avait Clément, et je voulais aussi lui rendre la pareille après toute l’aide qu’il a pu m’apporter ces derniers jours, confiait Guillaume. Il aurait aussi été difficile de résister seul jusqu’à l’arrivée, donc il fallait d’abord s’assurer que ce petit groupe aille au bout ».

Un écart de quinze secondes s’est finalement stabilisé dans l’ultime faux-plat, puis dans la descente vers Morteau, où les sept hommes se sont présentés roue dans roue. À 1500 mètres de la ligne, Clément Braz Afonso a tout de même porté une estocade. « Je voulais attaquer car je savais qu’on n’était pas les plus rapides au sprint, disait-il. J’ai attaqué, ils m’ont suivi, puis Guillaume a contré. J’ai cru qu’il allait sortir tout seul mais le coureur d’Euskaltel a fait l’effort ». « S’il y avait eu un moment de tergiversation derrière moi comme ça arrive souvent dans ces cas-là, je serais allé au bout, confessait Guillaume. Ça ne s’est pas joué à grand-chose ». C’est donc au sprint, à l’arrachée, que la victoire s’est jouée, et Mattéo Vercher est parvenu à s’imposer, quelques longueurs devant Clément Braz Afonso, quatrième. « Je ne suis pas loin de finir sur le podium malgré mon attaque, qui m’est restée dans les pattes, confiait-il. Il est vrai qu’on ne réussit pas le triplé, mais je pense qu’on peut être fier de la manière dont on a couru. Ça n’a pas souri aujourd’hui, mais c’est de cette manière qu’il faut courir pour gagner. L’équipe ne se satisfera pas d’une quatrième place mais pour moi c’est déjà une réussite. J’étais incapable de faire ça l’année dernière ».

Guillaume Martin-Guyonnet a lui obtenu la sixième place ce dimanche après ses deux victoires au sommet de La Malate et du Mont Poupet. « Ça aurait été magnifique pour l’équipe de faire le triplé, mais je pense qu’on n’a pas démérité, disait le grimpeur tricolore. On a fait la course qu’on devait faire. Les regrets sont limités. Le bilan du week-end est évidemment positif. On en veut toujours plus, mais ça aurait aussi pu être moins bien. Je vais maintenant essayer de bien récupérer en vue de La Flèche Wallonne et de Liège-Bastogne-Liège ». « On peut être frustré par le résultat aujourd’hui, mais sur l’attitude, il n’y a rien à reprocher, concluait Thierry. On a fait ce qu’on avait prévu. Il manque la victoire, mais dans l’esprit, c’était top. C’est en courant comme ça lors des prochaines courses qu’on ira chercher d’autres succès. On a gagné les deux premiers jours et on a été acteurs le troisième. C’est un magnifique week-end qui va donner des certitudes et des convictions à tout le monde ».