Coureur ou directeur sportif, pour Frédéric Guesdon l’excitation reste la même. L’ancien vainqueur de Paris-Roubaix aborde cette saison demain dans le Tour d’Algarve et en ayant en ligne de mire tous les grands rendez-vous du printemps, depuis Milan-San Remo le 17 mars jusqu’à Paris-Roubaix le 8 avril. Il lui tarde de voir ses coureurs en compétition mais juge son groupe sain et solide. Avec un top résultat à venir !

Fred, tu commences cette saison cycliste par un long périple ?

Oui, c’est un long voyage, l’un des plus longs de l‘année. Je suis parti de chez moi en Bretagne dimanche à 14 heures. J’ai passé la nuit à Burgos. J’ai roulé jusqu’à Lisbonne pour récupérer les coureurs dont l’avion en provenance de Paris atterrissait lundi à 19h30. Puis il a encore fallu rouler 300 kilomètres pour atteindre le sud du Portugal. En tout, 1.900 kilomètres !

« J’ai vu que les gars ont envie de courir »

  

C’est la première fois que tu dois attendre aussi longtemps, en début de saison, pour retrouver ta place derrière le peloton ?

C’est vrai et pour les coureurs comme pour le staff, il est temps de commencer. Avec le Tour d’Algarve c’est le lancement des classiques. C’est la fin de la préparation hivernale, le début des compétitions qui vont nous amener jusqu’à Paris-Roubaix. Oui, il est temps de commencer. Au stage que nous avons fait à Roubaix la semaine dernière, j’ai vu que les gars ont envie de courir. La météo n’est pas bonne chez nous, elle sera bonne en Algarve.

Comment s’est déroulé ce mini-stage à Roubaix ?

Il m’a semblé nécessaire de le faire parce qu’entre la fin de celui de Calpe et la première course, il y avait un mois et c’est long. Nous ne voulions pas repartir à Calpe pour des raisons logistiques et Roubaix s’est imposé logiquement. On avait programmé de faire les reconnaissances des classiques en ayant le vélodrome en réserve s’il faisait moche. On a eu froid mais il n’y a pas eu de neige. Quatre coureurs ont travaillé le contre la montre lundi dernier, le stage a commencé lundi soir. Nous avons fait un mélange de reconnaissances qui n’étaient pas faciles et nous avons travaillé foncier et intensité.

Comment sens-tu le groupe Arnaud Démare avant cette première compétition ?

C’est un très bon groupe. Ils se connaissent tous hormis Ramon Sinkeldam qui nous a rejoint et s’adapte vite. Tous travaillent ensemble depuis longtemps et ça permet de gagner du temps. Il y a une bonne ambiance. Physiquement ils ne sont pas mal mais il faut attendre la course pour en avoir le cœur net. Je me dis que s’ils ont envie de courir, c’est qu’ils ont de bonnes sensations.

 

Quelle est l’ambition dans le Tour d’Algarve ?

« Ce serait bien de lever les bras »

Pour commencer, il y a deux étapes pour le sprint, ça va nous permettre d’effectuer des réglages pour le train et ce n’est pas évident parce qu’il y a beaucoup d’équipes. Ce serait bien de lever les bras mais si nous ne gagnons pas l’une de ces deux étapes, ce n’est pas grave. Il y a ensuite deux étapes vallonnées pour le travail. Cette année, nous n’avons pas engagé un grimpeur ici, il n’y a plus que sept coureurs par équipes et il fallait que tout le monde court.

C’est une donnée importante que ce passage de huit à sept coureurs ?

Ca change surtout pour contrôler les échappées et effectuer le boulot en amont du sprint. Dans Paris-Nice, la sélection n’est pas faite mais je sais que mettre un grimpeur enlèvera une place pour le train mais permettra d’exister sur tous les terrains.

Justement, il y a des changements dans le train ?

Ici, Marc Sarreau est remplacé par Ramon Sinkeldam et ça tombe bien parce que nous voulions lui laisser sa chance dans certaines courses. Sinon, Mika Delage est le capitaine. Il est le précurseur du travail de Ramon Sinkeldam, Jacopo Guarnieri et Arnaud Demare. Auparavant, Olivier Le Gac et Ignatas Konovalovas auront roulé en cas de besoin mais pourront se situer devant Mickaël Delage. Si Kono roule, Olivier  peut prendre sa place dans le train. Ils sont interchangeables et peuvent se permettre de faire une erreur. Davide Cimolaï se rajoute dans certaines courses comme dans le Tour d’Algarve.

 « Arnaud progresse tous les ans et sera plus fort que l’an dernier »

Vous l’avez beaucoup travaillé durant l’hiver ?

Nous avons moins travaillé le sprint qu’en 2017 mais je constate que ça va déjà très vite. De toute façon Arnaud progresse tous les ans et sera plus fort que l’an dernier. En sprint il a progressé l’an dernier mais dans les classiques ça devrait se voir cette saison. A son contact, le groupe avance bien et ne doit rien relâcher. Depuis quelques semaines, on a travaillé les classiques. Les reconnaissances ont été aussi faites dans ce sens. J’attends des coureurs qu’ils répondent présents  dans ces grands rendez-vous. Ramon Sinkeldam aime les classiques. Jacopo Guarnieri a eu un problème de santé en avril 2017, cette année normalement il sera bien présent. Notamment dans Milan-San Remo, Gand-Wevelgem et Roubaix qu’il adore. Olivier Le Gac progresse. La première année il roulait en début de course et avait du mal à finir. L’an dernier il entrait en action plus tard et finissait bien. Il n’a pas eu un seul abandon dans les classiques ! S’il passe un cap encore cette année, il sera capable d’accompagner Arnaud plus loin. Il y a aussi Kono et Mika qui sont toujours solides au poste.

Il y a un mois, Arnaud nous disait vouloir sauter un cran dans les classiques, passer du deuxième groupe finissant à vingt secondes au premier. Que lui manque-t-il ?

Physiquement, un peu d’ancienneté et un peu plus de caisse mais il n’est pas loin. Il lui faut être entouré aussi, avoir un équipier pour le ramener devant en cas de besoin. En fait, il ne lui manque pas grand chose mais devant il faut quand même se souvenir que ce sont des phénomènes. Les Van Avermaet, et Sagan, d’autres plus récents comme Naesen. Arnaud va se rapprocher d’eux. En terme de confiance, il a déjà gagné Milan-San Remo mais ça ne fait pas tout. C’est bien qu’il ait fini la précédente campagne des classiques sur une sixième place à Roubaix. Ces places d’honneur vont lui servir. La première échéance pour lui est le Het Nieuwsblad dont nous avons reconnu la fin de parcours avec le Mur de Grammont et le Bosberg pour finir. C’est la première course flandrienne de l’année, c’est très dur. L’an dernier, le dernier mont se situait assez loin de l’arrivée et il y en avait partout. Cette année, la course sera peut-être un peu plus bloquée.

Il semble qu’Arnaud assume de mieux en mieux son statut de leader ?

Il s’affirme et tout le monde le comprend et le considère comme le leader unique. Dans l’équipe FDJ, rejointe par Groupama dans quelques jours, les rôles sont bien définis.

Quel est le programme des coureurs des classiques ?

Le Tour d’Algarve (14–18 février), le Circuit Het Nieuwsblad (24 février), Kuurne-Bruxelles-Kuurne (25 février), Paris-Nice (4–11 mars), Milan-San Remo (17 mars), le Grand Prix E3 (23 mars), Gand-Wevelgem (25 mars), le Tour des Flandres (1er avril) et Paris-Roubaix (8 avril). Ils tournent à neuf coureurs pour ce programme.

N’est-ce pas important de gagner rapidement une course ?

Gagner vite c’est mieux bien sûr mais il faut voir les circonstances de course. Si nous sortons d’Algarve sans victoire mais en étant dans l’allure, si on rate une victoire dans un Rond-Point ce n’est pas si grave. On fera le bilan le soir de la dernière étape dimanche.

Et toi Fred tu as passé un bon hiver ?

Je n’ai pas eu le temps d’aller pêcher. Le vélo est sorti un peu plus que la canne à pêche.

Par Gilles Le Roc’h    

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