Yoann Offredo a déjà des fourmis dans les jambes. Une coupure de dix jours après Paris-Tours lui a paru suffisante et c’est avec détermination et motivations grandissantes qu’il abordera la saison 2014, fort des enseignements de l’année passée.
Yoann, tu es déjà sur le vélo ?
Oui, j’ai coupé dix jours après Paris-Tours. D’ordinaire, je respecte un temps de repos plus long mais là, après mon année d’arrêt en 2012, je pense qu’il n’est pas nécessaire de rester longtemps inactif. Même si Frédéric Grappe me conseille d’y aller mollo. Au départ, je ne devais pas partir en vacances parce que ma fille est encore toute petite mais finalement j’ai remplacé Marc Madiot comme parrain de « la Belle Martinique ». Je suis donc allé aux Antilles du 2 au 12 novembre. Avec mon vélo. J’y ai rencontré d’anciens pros comme Maurice Le Guilloux. Désormais, je sais tout de Marc…
A quel type de travail te livres-tu ?
Je ne fais que du pignon fixe et du cyclo-cross, en compagnie de Kenny Elissonde. Je reprends avec beaucoup de motivation, voulant faire en 2014 ce que j’avais imaginé pour 2013 avant d’être suspendu un an. Je suis dans une logique de progression.
Sportivement, comment juges-tu cette dernière saison ?
C’était une année de remise en route et je me suis rendu compte très rapidement que ce ne serait pas évident. En un an, j’avais perdu des muscles, j’avais perdu mes repères dans le peloton. J’ai beaucoup travaillé et je pense avoir retrouvé mon niveau, la puissance notamment. Quand je suis revenu, je ne me suis jamais dit ‘’je vais faire telle course pour moi’’. En un an, mon équipe avait beaucoup changé, au niveau de son potentiel et de son état d’esprit. Il était donc naturel que je mette au service des autres, d’Arnaud Démare et Matthieu Ladagnous notamment. A leur service, je me suis impliqué pour l’équipe et j’ai fait un boulot permanent qui a porté ses fruits.
Sans que cela se traduise par un résultat personnel ?
Ça ne s’est pas vu mais j’ai fini quasiment toutes les classiques dans les 20 premiers, Milan-San Remo, le Grand Prix E3, Gand-Wevelgem et le Tour des Flandres. Je n’avais pas les jambes pour faire mieux mais c’était déjà très bien de finir dans le premier groupe. C‘est un acquis pour 2014.
En quoi ton équipe a-t-elle tellement changé ?
Le niveau est très haut et l’état d’esprit incite chacun d’entre nous à s’impliquer totalement. Personnellement, travailler pour les autres m’a permis de vivre une grande expérience sportive, humaine aussi avec les coureurs et le staff. Il y a de l’adrénaline en permanence dans cette équipe à travailler pour les autres et pas seulement pour soi. On m’a donné un rôle et j’y ai pris du plaisir.
Tu as des souvenirs particuliers ?
J’en ai beaucoup. Les Quatre Jours de Dunkerque avec des coureurs qui s’entendent bien, Mika (Delage), Nono (Démare) et Boubouche (Boucher). Mais aussi les Grand Prix de Montreal et de Québec où j’ai adoré travailler en faveur d’Arthur Vichot.
Comment imagines-tu 2014 ?
Je sais où je vais. Si Dubaï est à notre programme, je suis volontaire pour enchainer Dubaï, Qatar et Oman pour faire un gros bloc de travail en février. Puis le Het Nieuwsblad, Paris-Nice (en fonction du parcours), Milan-San Remo et les classiques habituelles. Je pense être un coureur atypique, un peu un romantique. Toutes les courses me plaisent mais quelques-unes seulement me conviennent et me correspondent. Ce sont celles allant de Milan-San Remo à l’Amstel Gold Race. Je m’en imprègne. Dimanche, il y avait une braderie à Baillet en France et j’y suis allé acheter des ‘’Miroir du Cyclisme’’, ceux où il y avait Roger De Vlaeminck par exemple. Concernant Milan-San Remo et Paris-Roubaix, je sais qu’un jour ça va le faire !
Il y a un truc étonnant te concernant : tu as tout pour faire un bon spécialiste du chrono mais tu ne t’y consacres pas ?
C’est vrai que j’en ai gagné 12 chez les amateurs, j’ai fait deuxième du Chrono des Nations espoirs… Je le travaillais spécifiquement parce que je devais composer avec mes études et ça me permettait de compenser. Chez les pros non, mais je le disais, je suis très motivé et même par ça. J’ai un vélo de chrono chez moi désormais et la semaine prochaine, sur le vélodrome de Roubaix, je vais travailler ma position avec mes équipiers.
La grande nouveauté est symbolisée par ce stage : auparavant l’équipe FDJ faisait des stages parce qu’il le fallait, cette fois la volonté est différente…
Oui, c’est la volonté des coureurs. Il y a un vrai souci de performance qui nous tire tous vers le haut, qui nous installe dans un cercle vertueux. Il y a 5 ans tout le monde aurait traîné les pieds pour aller faire ce stage en novembre. Là, c’est une demande collective. Et nous sommes très heureux de participer à la vie de l’équipe, d’aller par exemple tester les boyaux pour la prochaine saison.
Evidemment, cette implication est source de résultats sur le terrain ?
L’équipe a changé, son statut a changé. On se rapproche du Top 5 Mondial en regardant bien ce que font les autres, les meilleurs. On prend exemple quand il le faut. Avant, nous étions des parias dans le peloton, maintenant nous sommes acceptés. Je n’entends que très rarement fuser les ‘’Français des Merde’’ qui étaient habituels il y a quelques années. Il est vrai que Klöden et certains autres ont pris leur retraite… Tout simplement je pense que l’équipe FDJ.fr a gagné le respect en prenant la course en main.
Après les classiques, tu sais aussi où tu vas ?
J’aimerais finir un Grand Tour, j’ai entendu quelques remarques qui m’en donnent l’envie maintenant. Peu importe lequel des trois, Giro, Tour ou Vuelta pourvu qu’on me donne un rôle pendant trois semaines. J’en ai très envie.
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