« Etre acteur de la course ». Thibaut, comment as-tu abordé le Tour de France ? Je me sentais bien. J’étais vraiment déprimé après la Suisse, je marchais bien, je pensais vraiment faire un bon résultat mais c’est peut-être un mal pour un bien. Je ne vais pas tomber malade tout de suite et j’espère ne pas connaître ça avant la fin de saison. Niveau sensations, elles sont moyennes. Disons que ça va bien par rapport à ce que j’ai vécu la semaine qui a suivi le Tour de Suisse.
Quel état ton état d’esprit ?
J’essaie d’être le plus tranquille, le plus serein possible, de ne pas vivre ce que j’ai vécu l’an dernier. On verra, je vais faire le Tour jour après jour. En 2013, j’étais focalisé sur le classement général et c’était une erreur. Quand tu vois Daniel Navarro qui a perdu plus de temps que moi dans la première étape de montagne et qui finit Top 10, c’est la preuve que dans le Tour, il y a toujours moyen de se replacer grâce à une échappée. Si je prends un éclat un jour, je ne dois pas me décourager. Au contraire.
Comment juges-tu ton équipe ?
Elle est comme il faut, c’est la meilleure qu’on pouvait aligner cette année. Arnaud Démare, je le sens bien même si les sprints dans le Tour, c’est très nerveux. Il y a des arrivées qui lui conviennent bien…
Comment as-tu vécu le Championnat de France ?
C’était bête de ne pas vivre ça. Voir tous les copains qui roulent ensemble, j’avais envie d’y être. Mais j’ai vibré. A la télé c’était tellement simple que je savais à dix kilomètres de l’arrivée que la victoire était pour Arnaud ou pour Nacer. Il n’y avait pas de suspense.
Il semble Thibaut que tu as beaucoup grandi en un an ?
La Vuelta m’a fait du bien. Elle a peut-être sauvé ma carrière. Si je n’avais pas eu la Vuelta derrière mon mauvais Tour, je pense que j’aurais passé un très mauvais hiver et que je n’aurais pas pris cette saison de la même manière. Après j’ai été malade à Oman, puis j’ai eu mal au genou à Tirreno-Adriatico et sans un bon moral, ç’aurait été très dur. S’il m’arrive quelque chose sur le Tour, je sais que j’ai encore la Vuelta pour me refaire.
Tu parles de la Vuelta avec beaucoup d’enthousiasme ?
C’est le moment de l’année que j’attends le plus ! Mon idée est de faire un beau Tour de France, un beau classement général pour aller briguer les victoires d’étapes et le maillot de meilleur grimpeur de la Vuelta, faire du vélo sans me prendre la tête. Sortir un peu de la pression du classement général que je vais connaître de Leeds à Paris.
Dans la même veine, tu sembles mieux assumer ton statut de leader ?
Je me débrouille mieux en tant que leader. Dans les Tours du Pays-Basque et de Romandie, je n’ai pas fait pas un top 5 parce que dans ces courses d’une semaine, ce sont les chronos qui font le classement général. Mais j’ai fait des TOP 10 dans des courses peu montagneuses. J’ai progressé et je n’ai plus honte d’assumer mon statut de leader.
Tu as beaucoup travaillé le chrono ?
Pas plus cette année mais c’est surtout dans la tête. Je prends du plaisir, on a du meilleur matériel, l’équipe a beaucoup progressé de ce point de vue. Je ne me suis pas surpris parce qu’un effort de 30 minutes dans un chrono, c’est le même pour moi qu’un effort de 30 minutes dans un col. Si tu es capable d’être avec les meilleurs en montagne, tu peux faire de bonnes courses sur le plat. J’ai pris du volume, j’ai gagné en puissance…
Tu regrettes qu’il n’y ait pas plus de contre la montre cette année dans le Tour ?
Il y en a un de 55 km et ce sera pour les spécialistes. La légende c’est de croire que la fin de Tour nivelle les valeurs. Si t’es pas bon en chrono, tu ne le seras pas en fin de Tour. Je n’ai plus d’angoisse sur la rampe de départ. Surtout si je suis placé au général. Je regarderai devant, pas derrière moi.
Pour toi, ce sera quoi un bon Tour ?
Un beau Top 10. La victoire d’étape dépendra de ma première semaine. Si le soir des pavés ou le matin des Vosges, je suis à un quart d’heure, je parlerai d’une victoire d’étape. Pour une victoire d’étape, maintenant, il y a Arthur, Arnaud, Jérémy… Pour moi, elle peut venir avec le classement général. Mon envie c’est un beau classement général en étant acteur de la course. Pas en suiveur.
Qui va gagner ?
S’il ne connaît pas de souci, ce sera Froome. Il a eu des pépins cette année mais quand il était à 100% dans le Critérium du Dauphiné, il a fait mal à Contador et il ne faut pas oublier son premier chrono impressionnant à Lyon. Il a mis tout le monde d’accord en 10 km. Et puis il y a le Valverde du Tour du Pays-Basque. Si Froome et Contador se regardent, il peut en profiter. Et les battre.
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