Kevin Reza, l’une des quatre recrues de l’équipe FDJ cette année, est sans aucun doute l’un des meilleurs coureurs français, celui dont la marge de progression l’autorise à rêver de grandes victoires. A 26 ans et quatre saisons professionnelles derrière lui, en respectant une phase d’adaptation nécessaire, le puncheur originaire des Yvelines, trouve ses marques dans une équipe où il se sent bien. Et où les avis sont unanimes, Kevin est vraiment sympa. Nous avons discuté avec lui entre deux avions sur sa route du Haut-Var.
Kevin, comment vas-tu ?
Je suis un peu surpris par ma condition compte tenu de l’hiver qui fut le mien. Je me sens bien. J’ai travaillé sans en rajouter mais les sensations sont bonnes.
Que t’est-il arrivé cet hiver ?
J’ai eu des soucis avec mon genou et je n’ai pas pu effectuer les charges de travail escomptées par mon entraîneur Sébastien Joly. J’ai souffert d’un kyste qui m’a handicapé pendant le stage de décembre et m’a contraint à écourter mes séances d’entraînement. Puis entre ce stage et celui de janvier, je n’ai pas roulé parce que j’avais peur d’aggraver le mal. Finalement, ce kyste est parti tout seul. Les médecins pensent qu’il est la conséquence d’un choc pendant un match de football, sans que je m’en rende compte d’ailleurs, et d’un petit épanchement de synovie.
Seras-tu le leader de ton équipe dans le Tour du Haut-Var ce week-end ?
Si on me le dit, pourquoi pas… Je ne le revendique pas, pas encore. Je ne me sens pas encore apte à l’assumer. J’ai besoin de quelques semaines de travail supplémentaire. Mon premier objectif est le Tour de Catalogne que je vais préparer avec plusieurs de mes équipiers au cours d’un stage dans la région niçoise début mars. Le Tour du Pays Basque est important aussi. Evidemment, tout ce qui peut arriver avant, si ça sourit, c’est bien.
Comment te sens-tu dans ta nouvelle équipe ?
Après avoir signé mon contrat, j’avais une certaine appréhension quant à mon intégration. Et j’ai découvert un groupe qui vit bien, qui m’a réservé un super accueil. Ça s’est confirmé dans les courses, il y a vraiment une bonne ambiance. Depuis le début de saison, nous avons un manque de réussite, des chutes aussi comme mercredi dans la Ruta del Sol mais le premier gros objectif de l’équipe est Paris-Nice et je pense que la FDJ sera prête. Arnaud Démare dispute les sprints, Arthur Vichot termine quatrième de l’étape du jour dans la Ruta del Sol. Je suis confiant. Thibaut a eu un coup de chaud à Oman mais j’imagine le choc thermique entre la Franche-Comté et Oman…
Il a semblé que dès l’instant où ton entraîneur Sébastien Joly t’a dit qu’il allait rejoindre la FDJ, ta voie était toute tracée ?
Quand il me l’a dit, ça m’a fait cogiter. Je me suis demandé comment j’allais pouvoir travailler sans lui qui me suis depuis deux ans. Sans avoir de contact avec la FDJ j’ai beaucoup réfléchi. Dès l’instant où Marc Madiot m’a proposé de venir, je n’ai pas hésité. J’avais eu le temps de trouver beaucoup de points positifs: cette équipe est jeune et il y a tous les à-côtés avec des entraîneurs qui avancent toujours, qui ne cessent de vouloir améliorer notre équipement. C’est tout bête mais c’est la première fois que je travaille avec un capteur de puissance même si Seb Joly m’avait fait évoluer sur ce sujet l’an dernier. Cela représente beaucoup de données et un apprentissage parce que je suis vraiment novice mais je me donne le temps d’apprendre. La FDJ est une équipe très pro.
Tu connaissais déjà les coureurs du Trèfle ?
Je suis sociable et je parle avec les coureurs dans le peloton. J’ai vraiment fait connaissance avec Arthur Vichot et Thibaut Pinot pendant le Tour de France, je ne les connaissais pas du tout mais le courant est bien passé.
Marc Madiot dit qu’il te voit gagner des courses comme travailler pour un leader ?
Oui il m’a proposé de jouer ma carte dans certaines courses comme le Tour de Catalogne et de travailler pour Arthur dans les classiques ardennaises et ça me plait ! J’espère vraiment franchir un palier cette année, lever les bras et apporter ma première victoire à mon équipe.
Dans ton programme ne figure ni Paris-Nice, ni Tirreno-Adriatico ?
Je reproduis le plan de 2014. L’an dernier, je n’avais pas disputé Paris-Nice prévu initialement à mon programme, et j’étais parti en stage chez Sébastien Joly avant de reprendre dans la Classic Loire-Atlantique et d’enchaîner sur la Catalogne. Ça m’avait bien réussi…
Tu peux nous rappeler comment tu as débuté dans le cyclisme ?
Mon père est passionné de vélo, c’est le sport numéro un en Guadeloupe, il m’a transmis sa passion. Mon frère aîné a pris une licence au CSM Puteaux et j’ai voulu faire comme lui. J’ai donc eu ma première licence à 4 ans, en pré licencié. Je suis resté à Puteaux 10 ans avant de rejoindre Argenteuil pour suivre mon entraîneur…
Décidément, c’est une manie ?
(Rires). Oui ! Je ne suis pas fidèle aux équipes mais aux personnes qui m’aident à réussir. Puis après deux ans à Argenteuil, j’ai rejoint le sport-études de Château d’Olonne et tout naturellement le Vendée U. J’y ai tissé des liens d’amitié plus que professionnels parce que j’ai vécu huit ans avec les mêmes personnes. Ça aussi, ça m’a fait cogiter avant de signer pour la FDJ et je me suis dit que mes amis le resteront. J’ai vraiment pesé le pour et le contre et j’ai tenu compte des avis de mes proches.
Marc Madiot a semble-t-il eu un discours déterminant ?
C’est un personnage quand même… Il ne m’impressionne pas comme si j’étais néo-pro mais ses discours, c’est quelque chose. C’est un meneur d’homme. J’ai en mémoire son briefing au premier stage, il pousse au cul ! Il motive vraiment ses coureurs et moi, justement, j’avais besoin de ça.
Le programme de Kevin Reza: Tour du Haut-Var (21–22 février), Classic Sud-Ardèche (28 février), Drôme Classic (1er mars), Stage à Nice, Classic Loire-Atlantique (21 mars), Tour de Catalogne (23–29 mars), Tour du Pays Basque (6–11 avril), Amstel Gold Race (19 avril), Flèche Wallonne (22 avril), Liège-Bastogne-Liège (26 avril)
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