Johan Le Bon est très connu depuis longtemps, depuis son titre mondial chez les juniors mais à 23 ans, il a encore tout l’avenir devant lui même s’il est un sacré talent qui s’ignore.

Présent au sein de l’équipe FDJ.fr depuis deux ans, le Breton est un taiseux, pas du genre à parler à tort et à travers, mais il est absolument lucide et sait où il veut aller. En grande forme dans la Vuelta, il pose en Espagne les bases de son avenir et d’une future saison qui lui fera passer un grand palier. « Il lui faut une victoire et ce sera un déclic’’, assure Marc Madiot, qui croit fermement en son coureur. Nous l’avons rencontré pendant la première semaine de la Vuelta et Johan laisse penser qu’il a énormément gagné en maturité. Il sait où il va !

Johan, tu donnes l’impression d’être heureux sur ton vélo ?
Ça va. J’ai envie de faire mon boulot d’équipier, de faire mon travail. C’est la base du plaisir que je ressens.

Tu as donc digéré ton décevant printemps ?
C’est vrai que je n’ai pas été verni dans les classiques et j’ai plutôt envie d’oublier ça même s’il y a eu de bons moments. J’ai été victime de beaucoup de chutes. J’ai été très déçu après avoir beaucoup misé dessus. Je souhaite que la Vuelta me fasse oublier ça.

On le sait, tu t’es beaucoup investi personnellement pour ces courses que tu adores, qu’est-ce qui n’a pas marché ?
Je ne sais pas trop exactement. Je suis allé deux mois en Belgique pour travailler dur et préparer les classiques et il y a des années comme ça où les choses vont à l’envers. Je ne regrette rien mais vivre là-bas toutes ces semaines pour n’obtenir aucun résultat, abandonner dans toutes les courses les plus importantes, souvent sur chutes, ç’a été difficile à encaisser.

Tes directeurs sportifs, Marc Madiot le premier, disent que tu es un énorme talent qui n’a pas conscience de ce qu’il vaut ?
Après mes résultats chez les jeunes, j’ai eu du mal à passer chez les pros, à le devenir. J’ai eu des histoires privées, c’est tout un ensemble. Ma déception dans les classiques m’a aidé à prendre du recul, j’ai remis les compteurs à zéro, sur le vélo et dans ma vie. Je le sens, depuis quelques mois, c’est reparti comme chez les juniors. Le plaisir est là, l’envie de bien faire, de travailler, d’aller en course. J’espère que la Vuelta va me donner des satisfactions mais j’ai déjà pris beaucoup de plaisir sur le Tour de Pologne. Je dois le dire, cela faisait longtemps que je n’avais pas eu autant de plaisir. C’est lié à ma vision du vélo, à l’ambiance dans l’équipe. en course et en dehors

.Tu avais de bonnes sensations en Pologne ?
Oui et même dans les étapes dures. Je me suis posé les bonnes questions et je pense avoir trouvé les bonnes réponses. Aujourd’hui, je me sens différent.

On peut dire qu’il s’agit d’un nouveau départ, que c’est reparti ?
Je ne sais pas si ça commence, je n’ai pas le résultat pour le dire. Il est vrai que je suis encore tombé en Pologne. C’était ma sixième chute cette année. Depuis 2000, c’est ma onzième. Pour ainsi dire, je ne tombais jamais. C’est une année noire mais pour ce qui est de l’enthousiasme, ça va.

Il est donc urgent de lever les bras ?
La victoire est la seule chose qui me manque. Maintenant je veux faire des résultats. Ici je travaille pour Nacer Bouhanni et pour les grimpeurs mais j’ai aussi la possibilité de jouer ma carte personnelle. Quand je dis que j’ai tout remis à zéro, ça concerne aussi mon attitude en course. Justement, avant j’allais dans les échappées pour y aller et sans conviction. Désormais, je ne veux plus m’échapper pour faire le branquignol devant la télé. Si j’y vais, c’est pour faire la course et pour obtenir un résultat. C’était le cas dans la sixième étape quand je suis sorti avec Peter Sagan mais ça n’a pas marché.

Tu te projettes déjà dans la prochaine saison ?
Non, non, je veux d’abord profiter de la fin de celle-ci. Je dois avouer que les classiques me manquent beaucoup, j’y pense sans arrêt depuis trois semaines. La Vuelta c’est la base pour l’année prochaine. J’ai envie de réussir. Tout simplement.

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