Un an après, Stefan Küng est remonté sur la troisième marche d’un championnat du monde de cyclisme sur route. Mais ce vendredi à Imola, c’est dans sa discipline de prédilection et non sur la course en ligne qu’il a conquis la médaille de bronze. Dans la droite lignée de son titre de champion d’Europe du chrono, mi-août, le Suisse de 26 ans continue ainsi de s’affirmer, et de grimper, dans la hiérarchie des meilleurs rouleurs du peloton international. En terres transalpines, seuls le local Filippo Ganna et le tout-terrain Wout van Aert l’ont devancé.
« L’équipe lui a témoigné une belle marque de confiance », Julien Pinot
Jusqu’à l’an passé, Stefan Küng n’était jamais entré, malgré des qualités indéniables pour l’exercice, dans le top 10 d’un championnat du monde du contre-la-montre. Dans le Yorkshire, il accrochait ainsi de justesse la dixième place, et si ses Mondiaux s’étaient magnifiquement soldés par une médaille de bronze dans la course en ligne, le jeune Helvète aspirait à beaucoup plus dans sa discipline de cœur. « Depuis l’an passé, on a encore plus accentué le travail sur le chrono, rappelait son entraîneur Julien Pinot vendredi soir. Tout au long de l’année, pendant le confinement et la période sans courses, on a bien travaillé sur les intensités contre-la-montre ». Dès la reprise de la saison fin juillet, Julien constatait d’ailleurs qu’un cap avait été franchi par son protégé. De la parole aux actes, celui-ci s’adjugeait d’abord son championnat national, mais surtout, le championnat d’Europe de la discipline. Tous les voyants étaient donc au vert au moment de prendre la direction du Tour de France. Un Tour qui ne s’est pas déroulé comme escompté pour l’Équipe cycliste Groupama-FDJ, mais lors duquel Stefan Küng a malgré tout pu mettre en exergue sa belle condition. N’ayant plus grand-chose à espérer sur les derniers jours de l’épreuve, le Suisse décidait alors, en accord avec l’équipe, de quitter la course à quatre jours du terme pour préparer un rendez-vous plus à sa mesure. « On a pris cette décision avec la confiance de l’équipe, assurait Julien. Cela lui a permis de pouvoir récupérer et de retravailler un peu en début de semaine pour être parfaitement prêt pour cette épreuve. On est contents de la préparation qu’on a pu mettre en place et que l’équipe nous ait suivi. C’est une belle marque de confiance qui lui a été témoignée et je pense qu’il est content de répondre de cette manière ».
« Une récompense de tout le travail effectué », Stefan Küng
Bien entendu, Stefan Küng aurait préféré disputer ces Mondiaux 2020 à la maison, comme cela était initialement prévu. Pour autant, le Suisse était tout aussi emballé par le circuit d’Imola, long de 31,7 kilomètres. « C’était relativement plat sur les 3/4 quarts du parcours, avec simplement 2-3 petites montées sur la fin, exposait Julien. Mais ce qui faisait la grosse difficulté du parcours, c’était le vent. Il y avait vraiment de grosses rafales. Toute la première moitié était vent de face, et toute la seconde vent favorable. De fait, la transition n’était vraiment pas simple et il fallait adapter sa gestion au mieux pour faire une grosse partie vent de face mais tout de même être en capacité de rouler très vite sur le retour. Car sur les quinze derniers kms, ça roulait vraiment très fort ! ». Figurant parmi les ultimes concurrents sur la rampe de lancement, Stefan Küng signait le deuxième temps au moment de franchir le premier intermédiaire, six secondes derrière un Geraint Thomas parti très fort. Derrière lui, Filippo Ganna et Rohan Dennis faisaient respectivement 41 et 20 secondes de mieux. S’est alors présentée alors la section vent de dos, où le Suisse a pu faire parler toute sa puissance. S’il n’a pu combler tout son retard sur Ganna (30 secondes à l’arrivée) et que Wout van Aert lui a grignoté quelques secondes pour arracher la médaille d’argent, le rouleur helvète s’en allait reléguer Thomas et Dennis au-delà du podium pour rafler le bronze. « J’aurais bien aimé rentrer avec le maillot de champion du monde, mais lorsque tu es battu par plus fort le Jour J, il ne faut pas avoir de regrets, commentait l’intéressé quelques heures après la course. Je suis quand même content de ramener une médaille de ce championnat du monde contre-la-montre. Je pense que j’ai eu la meilleure préparation possible. Il y avait deux grands rendez-vous pour moi cette année avec les championnats d’Europe et du monde. J’ai pu répondre présent et m’exprimer comme je le souhaitais à chaque fois ».
Justement paré d’un Lapierre Aerostorm aux couleurs de champion d’Europe ce vendredi, Stefan Küng empoche ainsi une deuxième médaille mondiale chez les Élites, et ce dans deux exercices différents. Un fait relativement rare. « C’est une récompense de tout le travail que l’on a fait, pas seulement cette année, mais depuis la dernière édition des Mondiaux, commentait-il. On avait bien debriefé après le chrono, et on s’est beaucoup investi depuis dans ce domaine. Le nouveau vélo contre-la-montre de Lapierre a notamment été développé et j’ai pu apporter mes idées dans ce processus. Je veux grandement remercier l’équipe de m’avoir soutenu pendant toute cette période. Cette médaille prouve que l’on a bien travaillé et que ça valait la peine d’investir toutes ces heures. Je souhaite aussi remercier Jurgen, mon mécano de confiance, ainsi que Julien Pinot, mon entraîneur. Une partie de la médaille leur appartient également. Cela donne en tous cas beaucoup de confiance. Nous sommes dans la bonne direction nous allons continuer de travailler, en nous appuyant sur ces bases qui ont fait leurs preuves ».
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