Pour la première fois depuis 2019, les coureurs de la catégorie Espoirs ont pu regoûter, ce dimanche, aux pavés de Paris-Roubaix. Le tout dans des conditions extrêmement capricieuses. Pour autant, « La Conti » a fait belle figure dans ce « mini-Enfer du Nord », puisque trois de ses hommes ont longtemps occupé la tête de la course, avant qu’Eddy Le Huitouze (7e) et Ben Askey (10e) ne parviennent à intégrer le top-10 dans le vélodrome de Roubaix. Une expérience tout aussi éprouvante qu’enrichissante.

La pandémie de Covid-19 ainsi que des problèmes logistiques n’avaient pas permis la tenue de Paris-Roubaix Espoirs depuis 2019. À l’époque, c’est Tom Pidcock qui s’était imposé, alors que Jake Stewart et Clément Davy avaient accédé au top-15 de l’épreuve sous les couleurs de « La Conti ». Depuis, les coureurs se sont succédé au sein de l’équipe bisontine, qui présentait donc un groupe novice ce dimanche pour le retour de la Classique du Nord au calendrier. « C’était pour tous le premier Paris-Roubaix chez les Espoirs, introduisait Jérôme Gannat. Quelques-uns l’avaient fait en Juniors, mais pour une grande majorité, il s’agissait d’un premier contact avec les pavés. On a eu une approche progressive. Les coureurs étaient sur place depuis mardi ou mercredi, puis il y a eu l’ensemble des reconnaissances des secteurs. Il était important qu’ils soient en contact avec les pavés, même si la météo n’était finalement en rien similaire à celle que nous avons eue aujourd’hui ». Dimanche, c’est une pluie abondante qui a accueilli les coureurs au Cateau-Cambrésis, au départ d’une course que l’on pouvait déjà imaginer épique. « Ce sont des conditions qui s’assimilaient à l’édition pro 2021, assurait Jérôme. C’était extrêmement glissant, boueux. Du fait de la boue, l’utilisation des bas-côtés était impossible, ou presque. Beaucoup de coureurs roulaient sur le haut du pavé, mais ça a aussi entraîné des chutes, des glissades. C’était chaotique pour les coureurs comme pour les suiveurs. On patinait même en voiture. C’est certes ce qui fait la beauté de cette course, mais ce sont des conditions tout de même très particulières ».

« Les chutes ont grandement influencé la course », Jérôme Gannat

Les faits de course n’ont de fait pas manqué dès le départ, et la course a été rythmée par les incidents en tout genre. « On a rencontré les quatre premiers secteurs après trente-deux kilomètres, et il y a déjà eu de nombreuses chutes et crevaisons à ce moment-là, relatait Jérôme. À la sortie de ces quatre secteurs, ils n’étaient déjà plus qu’une vingtaine devant avec Ben, Eddy et Jens pour notre compte. On était en bonne position à cet instant, même si on avait perdu Thibaud sur crevaison et Lewis sur chute. C’était bien d’en avoir trois car on savait que la course allait être extrêmement difficile et qu’il fallait être dans le match d’entrée ». Après une portion de transition d’une quarantaine de kilomètres, le groupe de tête a atteint la deuxième séquence de secteurs pavés. « L’échappée n’a jamais pris énormément d’avance non plus car ils ont entamé la seconde moitié de course avec une petite minute, expliquait Jérôme. À Mons-en-Pévèle, Thibaud a été pris dans une chute au sein du peloton et perdu toute chance car il s’est alors retrouvé très loin. Jens a chuté quasiment au même endroit en tête. Il a chassé pour rentrer, mais au moment de revenir, il est tombé de nouveau. Il a perdu toute chance de retrouver l’avant à ce moment-là. Les chutes ont grandement influencé la course, car les quelques cassures qui se sont produites dans le groupe de tête sont à chaque fois survenues à la suite de chutes. Seul Ben est un peu passé à travers ».

« Cette course restera dans leur esprit », Jérôme Gannat

À l’entrée dans les quarante derniers kilomètres, et suite à cette course par élimination, neuf hommes demeuraient en tête dont Ben Askey et Eddy Le Huitouze. Néanmoins, leur avantage a progressivement décru. « Le groupe de tête s’est fait rattraper dans le secteur précédent Camphin-en-Pévèle et ils étaient alors une vingtaine à pouvoir encore espérer la gagne », confiait Jérôme. Tijl De Decker (Lotto Dstny Development Team) a toutefois rapidement douché les ambitions de ses concurrents. Le Belge s’est envolé dans Camphin-en-Pévèle et le Carrefour de l’Arbre, s’est construit un avantage d’une minute et a fini en solitaire. « Ben a essayé de suivre, mais il lui a manqué de la force et il avait aussi un début de crampes, complétait Jérôme. Gelders a anticipé le sprint pour la deuxième place, puis sur le vélodrome, ça a été un peu dur pour Ben et Eddy qui arrivaient quand même en bout de course et bien fatigués après leur journée devant ». Le Français a finalement coupé la ligne en septième position et l’Anglais en dixième, signant de fait un double top-10 prometteur pour « La Conti ». « Ils ont été acteurs, soulignait Jérôme. On a retrouvé Eddy, Jens et Ben à leur avantage. C’est bien pour eux, et bien pour l’équipe car ça prouve qu’on peut compter sur eux dans des courses difficiles. C’était en tout cas une première expérience à Roubaix très particulière. Ils ont vécu un moment important, et il y avait quelques sourires après les douches. Je pense que cette course restera dans leur esprit. Ils ont aussi tous terminé, ce qui est une performance ! Malgré tous les ennuis, ils ont mis un point d’honneur à finir et c’est une très bonne chose ».

1 commentaire

CORLAY

CORLAY

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Le 8 avril 2024 à 21:26

Félicitations à tous pour cette course hors du commun. Très content pour Eddy nôtre breton préféré 👍👏💪