Comme depuis plusieurs jours, les candidats à l’échappée ne manquaient pas ce jeudi lors de la dix-huitième étape de la Vuelta, sur un tracé sinueux et accidenté dans le Pays basque espagnol. Depuis Vitoria-Gasteix, il aura ainsi fallu près de cinquante kilomètres pour qu’un groupe parvienne à se dessiner en tête. Parmi les plus actifs au départ, Stefan Küng a logiquement réussi à accrocher le bon wagon, tout comme une quarantaine d’autres coureurs. C’est donc une échappée fleuve qui a pu se détacher, bien que le peloton n’ait pas immédiatement levé le pied. Au pied de la première difficulté du jour, Quentin Pacher s’est alors inséré dans un groupe de poursuite, alors que son coéquipier suisse profitait de la descente suivante pour lâcher les chevaux à l’avant. « J’étais le seul représentant de l’équipe dans l’échappée et certaines avaient 3-4 coureurs, donc il fallait évidemment anticiper pour ne pas se faire piéger par la suite, racontait Stefan. J’ai fait la descente du premier col à bloc et on est sortis à trois. J’espérais que ça ne s’entende plus trop derrière. Malheureusement ils ont quand même bien roulé derrière car on n’a jamais pris trop de champ ».

« Je n’ai pas de regrets », Stefan Küng

Le spécialiste du contre-la-montre s’est bel et bien extirpé en compagnie de Mauro Schmid et Mathias Vacek, mais leur avantage, d’une minute au maximum, était tout juste de trente seconde au pied de la principale difficulté du jour, le Puerto de Herrera (5,6 km à 8,3%), situé à quarante-cinq kilomètres de la ligne. « Le but pour Stefan était d’avoir un petit coup d’avance avant le col, indiquait Thierry Bricaud. Ça n’a pas vraiment fonctionné, car il n’a pas eu assez de marge et c’est monté fort. Ce sont aussi des pourcentages un peu difficiles pour lui et il l’a payé un peu sur la fin ». Rejoint par une dizaine d’hommes issus de l’échappée, le Suisse a cédé un peu de terrain à l’approche du sommet, mais a pu recoller à l’issue de la descente. Treize hommes se sont ainsi regroupés pour se jouer la victoire d’étape, tandis que la bataille entre les favoris était lancée à l’arrière, sous l’impulsion de Richard Carapaz. « Ce n’était pas l’étape la plus dure sur le papier, mais au final, il y a quand même eu des dégâts dans la montée », commentait David, toujours au plus près de ses principaux rivaux.

En revanche, Mikel Landa a perdu pied, et le Breton de la Groupama-FDJ s’est rapidement hissé dans le top-5 provisoire du général. « C’est typiquement une journée où on pense qu’il ne se passera pas grand-chose, mais la fatigue de fin de Grand Tour est bien là, confiait Thierry. La preuve est que David a fait une belle opération aujourd’hui, grâce aussi au soutien de Quentin qui fait une super fin d’étape ». Aux côtés d’autres formations souhaitant éliminer Landa, le puncheur occitan a donc emmené son leader jusqu’à l’arrivée, où l’écart enregistré était supérieur à trois minutes sur l’Espagnol. Dans cette même arrivée, Stefan Küng n’a lui pas été en mesure de jouer les premiers rôles car lâché dans la dernière bosse du parcours à cinq kilomètres de la ligne. « J’ai encore essayé de prendre le large avant la dernière montée, malheureusement ça n’a pas fonctionné, mais je n’ai pas de regrets, confiait-il. Compte tenu de la composition de l’échappée, c’était compliqué. Maintenant, on va tenter de récupérer pour bien passer les deux prochains jours avant le chrono ». Le Suisse a obtenu la douzième place du jour, tandis qu’Urko Berrada s’est imposé en solitaire. « On est frustrés pour Stefan car il avait une belle occasion aujourd’hui, ajoutait Thierry. On sait qu’on a les capacités d’aller chercher cette étape, mais il faut que tout soit aligné, et ça ne l’était pas aujourd’hui pour Stefan ».

« Il ne faut pas s’enflammer », David Gaudu

Au terme de la dix-huitième étape, David Gaudu s’est officiellement emparé de la cinquième place du général, à 3’48 du maillot rouge Ben O’Connor. « C’est une bonne chose, mais il y a très peu d’écarts derrière avec des coureurs comme Skjelmose ou Rodriguez, nuançait David. C’est demain et après-demain que ça compte et qu’il faudra être fort. Il ne faut pas s’enflammer. Ce qui est arrivé à Landa aujourd’hui peut arriver à tout le monde. On reste concentrés, on fait notre course, et on verra bien où on en sera le matin du chrono à Madrid ». « Demain, ce sera une explication entre leaders dans la montée finale avant une grosse journée samedi, ponctuait Thierry. La Vuelta est loin d’être terminée ».  

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