Non loin de son quartier général de Besançon, la Conti avait le week-end dernier rendez-vous dans le Pays de Montbéliard (2.2U) pour y disputer l’épreuve éponyme. Après trois jours de course, elle en est finalement repartie avec trois podiums d’étapes en poche, mais en ayant également placé Lorenzo Germani (2e) et Reuben Thompson (3e) sur le podium final. Elle a ainsi signé un bilan fructueux bien qu’orphelin d’un succès pour couronner le tout.
Quelques jours après son séjour victorieux en Estonie, la « Conti » Groupama-FDJ avait un déplacement bien moins conséquent à effectuer pour se rendre à son prochain point de passage. À compter de vendredi, l’équipe bisontine était en effet prévue au départ du Tour du Pays de Montbéliard, à une petite heure du Centre de Performance où les coureurs sont logés. Quatre de ceux présents au Baltic Chain Tour étaient reconduits pour l’occasion (Laurence Pithie, Reuben Thompson, Hugo Page et Lorenzo Germani), auxquels il fallait ajouter Rait Ärm et Enzo Paleni. C’est alors par un prologue de 3700 mètres que tout a démarré, et la Conti réalisait une entame très correcte en plaçant quatre hommes parmi les douze premiers, dont Laurence Pithie en troisième position. Le Néo-Zélandais n’échouait que pour deux secondes et demie sur le lauréat suisse Alex Vogel. « On peut toujours trouver quelques centièmes de secondes ici ou là, mais tout le monde était à peu près à sa place, soulignait Jérôme Gannat. Le parcours correspondait bien à Laurence et à Hugo, mais on avait aussi senti que Lorenzo (11e) était en condition car il avait réalisé un bon chrono alors que ce n’est pas spécialité. On a compris qu’il serait un coureur important pour la suite du séjour ».
« J’étais très motivé », Lorenzo Germani
Le jeune Italien, entré chez les Espoirs cette saison, l’a démontré dès le jour suivant sur le circuit d’Hérimoncourt, long de 18 kilomètres à boucler huit fois. À trois tours du terme, il s’est ainsi glissé dans une échappée à potentiel. « J’avais déjà de bonnes sensations sur le Baltic Chain Tour la semaine passée, resituait Lorenzo. J’étais aussi content de ma bonne performance sur le prologue car ce n’est pas vraiment un effort qui me correspond. Et samedi, j’avais vraiment de bonnes jambes, puis j’étais surtout très motivé. J’ai tenté ma chance et j’ai pu accrocher une bonne échappée. Dans le dernier passage de la bosse, j’ai attaqué et on s’est retrouvés à deux. Malheureusement, un duo est rentré ensuite, on est arrivés à quatre pour le sprint et j’étais plein de crampes ». Malgré un joli numéro, le Transalpin a donc dû se contenter de la deuxième place du jour. « Lorenzo avait vraiment très bien couru, il savait qu’il devait lâcher son adversaire immédiat van Belle, racontait Jérôme. Il a réussi à le faire, malheureusement la bosse était loin de l’arrivée et il y a donc eu un regroupement. On avait néanmoins senti qu’il y avait la place pour prendre le maillot ». À la veille de la dernière journée de course, Lorenzo Germani se replaçait ainsi au deuxième rang du général, à cinq secondes de Loe Van Belle, auteur du coup double.
Le dernier acte, dimanche, consistant en un circuit autour d’Étupes (18 km x 9), s’est avéré particulièrement débridé. « Ce sont des profils particuliers qu’on n’a pas tant l’habitude de retrouver sur des courses par étapes, indiquait Jérôme. Cela a donné une belle course de mouvements et les deux étapes en ligne ont été indécises jusqu’aux derniers moments. C’était une course décousue, loin des stéréotypes habituels ». « La dernière étape était censée être plus facile, mais elle ne l’a pas été, confirmait Lorenzo. Elle a été vraiment dure. C’était à bloc tout le temps ». Dans un premier temps, la Conti a glissé trois hommes dans une échappée conséquente mais tout s’est regroupé à soixante kilomètres de la ligne. Un nouveau coup est bientôt ressorti avec Reuben Thompson, très en verve. « J’étais là pour travailler pour l’équipe, exposait le Kiwi. J’ai été très actif au départ, j’ai suivi les coups et je pense avoir été dans quasiment chaque échappée. C’était très semblable à une course amateur avec beaucoup d’attaques et aucun réel contrôle. À cinquante kilomètres de l’arrivée, j’ai intégré une échappée avec cinq mecs dont un coureur de Jumbo-Visma et je n’ai donc pas collaboré. À 40 kilomètres, j’ai attaqué dans une bosse et je suis parti seul. J’ai eu jusqu’à 50 secondes d’avance, et je me suis dit que c’était une situation parfaite pour l’équipe car les gars n’avaient pas à rouler derrière ».
« Une régularité exceptionnelle », Jérôme Gannat
À dix bornes de la ligne, le vainqueur du Tour du Val d’Aoste disposait encore de trente secondes d’avance sur le contre, où figurait Lorenzo Germani, mais dont Maurice Ballerstedt (Jumbo-Visma Development) s’extirpait alors. « Le leader du général n’était plus avec nous et j’étais donc leader provisoire, expliquait l’Italien. Dans le final, Reuben était devant et certains ont essayé d’attaquer. J’ai essayé de suivre mais je ne pouvais pas suivre tout le monde, et je n’ai pas suivi Ballerstedt ». « Malheureusement, le coureur de la Jumbo-Visma a fait le jump seul, ajoutait Reuben. Il m’a repris à deux kilomètres et j’étais à bout de forces. Il y avait une montée jusqu’à l’arrivée et je n’avais plus les jambes pour le suivre ». Le coureur allemand s’est alors offert la victoire d’étape en solitaire, vingt secondes devant Thompson, et par la même occasion le gain du général. « À dix kilomètres de l’arrivée, on était dans une situation idéale, puis tout a basculé en l’espace de quelques minutes, regrettait Jérôme Gannat. Il y a malgré tout de la déception, car on avait les moyens de gagner cette course ». Au bout du compte, Lorenzo Germani a ainsi hérité de la deuxième place finale et Reuben Thompson de la troisième. « Ce n’est pas ce qu’on espérait, c’est un peu décevant, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé », disait le Néo-Zélandais. « Je suis tout de même très content, indiquait l’Italien. Deuxième du général, du classement des jeunes et d’une étape, ce n’est pas mal. J’ai passé un moment délicat il y a quelques semaines donc je suis satisfait de retrouver de bonnes sensations ».
Le jeune homme de 19 ans en a profité pour signer son premier résultat probant avec la Conti. « C’est très encourageant pour lui, il était vraiment en bonne forme, appliqué, et il a couru juste tactiquement, jugeait Jérôme. C’est un coureur très collectif, qui se met souvent au service de l’équipe, qui le fait sans rechigner et sans arrière-pensées. Il n’est pas passé loin de la gagne ces deux derniers jours. C’est forcément une petite déception pour lui et pour l’équipe. Quoi qu’il en soit, on reste sur une régularité exceptionnelle. On était ressortis du Baltic Chain Tour avec trois podiums d’étapes et la victoire au général. On signe cette fois cinq podiums en trois jours. Ceci étant, on est des compétiteurs, et on aimerait aussi transformer toutes ces deuxième et troisième places en victoires ».
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