Il serait trompeur de parler de statu quo au soir de la quatrième étape du Critérium du Dauphiné, après les retraits d’Egan Bernal et d’Emanuel Buchmann. Néanmoins, les favoris encore en course sur l’épreuve n’ont pu se départager en direction de l’altiport de Megève. Il y a bien eu de l’action dans la montée de Bisanne, mais l’ascension finale n’a pas permis de l’entretenir. Quasi-indemne après une chute en début d’étape, Thibaut Pinot a alors réglé un petit peloton pour la neuvième place, trois minutes derrière le lauréat du jour Lennard Kämna. À la veille de l’ultime étape, le Franc-Comtois compte toujours 14 secondes de retard sur le leader Primoz Roglic.
« J’ai fait un beau soleil », Thibaut Pinot
Comme attendu, avec trois montées répertoriées (dont deux de 1ère catégorie) dans les cinquante premiers kilomètres, le départ de la quatrième étape du Critérium du Dauphiné a été des plus intenses. L’échappée du jour a d’ailleurs eu bien du mal à se constituer. Elle n’a pris le large qu’après une bonne vingtaine de kilomètres et avec des noms bien connus en son sein, tels que Julian Alaphilippe, Michal Kwiatkowski, Marc Soler ou bien Thomas De Gendt. Au sommet du col de Plain Bois, les fuyards cumulaient plus de deux minutes sur le peloton, au sein duquel est alors survenue une chute quelques minutes plus tard, dans la descente. Parmi les coureurs impliqués, Steven Kruijswijk et Emanuel Buchmann, contraints à l’abandon, mais aussi Thibaut Pinot, qui a lui pu reprendre la route.
Le leader de la Groupama-FDJ relatait l’événement : « On était placé dans les dix premiers et dans le premier virage, Kruijswijk glisse dans les graviers et nous emmène avec lui. J’ai fait un beau soleil, mais j’ai de la chance. Je n’ai pas grand chose compte tenu de la chute que j’ai faite. J’ai eu peur. J’ai quelques égratignures mais c’est surtout psychologiquement que ça laisse des traces. C’est ma deuxième chute en deux courses. Ce n’est pas l’idéal. On avait reconnu cette route à l’entraînement au mois de juillet. On pensait vraiment qu’ils allaient la refaire, qu’il était impossible qu’une course de vélo y passe. C’est limite praticable en VTT, alors en vélo de route… C’est dommage qu’une chute comme celle-là se produise ». L’accident a donc été fatal au troisième du général tandis que le septième au matin de l’étape, Egan Bernal, n’avait lui pas pris le départ.
« Il n’y avait pas d’ouverture aujourd’hui », Thibaut Pinot
À la suite de cet épisode, l’équipe du leader Primoz Roglic a naturellement levé le pied et l’échappée a pu se construire un avantage de quatre minutes après le Col des Aravis, terme du gros enchaînement de début de course. Mais après quelques hectomètres dans la descente de ce même col, c’est cette fois-ci le maillot jaune en personne qui est allé à terre, tout seul. Ecorché, il s’est malgré tout relevé et a repris sa place dans un peloton. Au pied de la montée de Bisanne, difficulté la plus ardue de la journée (12,7 km à 7,7%), la Jumbo-Visma a repris le contrôle avant qu’une formation ne tente de jouer les trouble-fêtes. « Bahrain-McLaren a fait un gros rythme dans l’avant-dernier col et ça a bien explosé, relevait Sébastien Reichenbach. Ils voulaient esseuler Roglic mais n’y sont pas parvenus. Jumbo-Visma n’a plus roulé, ils ont attendu des équipiers derrière pour qu’ils puissent rouler à Megève. C’est rentré dans l’ordre mais c’était quand même une étape très intense ». Décroché à l’approche du sommet de Bisanne, le champion de Suisse est parvenu à rentrer dans la descente, tout comme Valentin Madouas un peu plus tard.
Thibaut Pinot n’a lui jamais cédé un mètre à ses principaux concurrents lorsque le rythme s’est intensifié et que le groupe des favoris s’est réduit à une poignée d’unités. « C’est monté très fort dans Bisanne, expliquait le coureur de Melisey. Il n’y avait pas grand-chose à faire. Jumb-Visma a aussi couru intelligemment. Il n’y avait pas d’ouverture aujourd’hui, on verra demain. J’espère qu’il n’y aura pas trop de séquelles et que les jambes seront bonnes ». Philippe Mauduit livrait aussi sa conclusion au terme de cette quatrième étape. « Les 7-8 meilleurs se sont retrouvés ensemble en haut de la montée de Bisanne, mais il était tellement difficile d’arriver jusque là qu’à un certain moment, il n’y avait plus d’essence dans les moteurs, exposait-il. Thibaut confirme en tout cas qu’il est au niveau des meilleurs. Le final convenait bien à Roglic, il était compliqué d’envisager quelque chose, surtout quand on voit la force de Jumbo-Visma. Tu sais que si tu dégaines, tu as toutes les chances de te faire reprendre… Demain matin, on partira bien sûr avec un plan de bataille, mais pour déverrouiller Jumbo-Visma, il ne faut pas qu’un coureur. Il faut être en capacité collective de le faire, et il y a aussi plus de chances de réussite si plusieurs équipes s’y mettent ».
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