Vers SuperDévoluy, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est ultra dévouée. Mais ce mercredi, dans la dix-septième étape du Tour de France, cela n’a pas suffi au terme d’une course menée tambours battants. Si Romain Grégoire est parvenu à prendre « la bonne échappée », il lui aura pour cela dû batailler cinquante kilomètres, puis soixante supplémentaires avant que le peloton ne se décide à lâcher prise. Les efforts consentis ont été fatals dans le final, alors que des grimpeurs de haut-niveau se sont extirpés du groupe de poursuite pour finalement se jouer la victoire. Revenu un temps l’avant, Valentin Madouas (16e) n’a pas pu lutter face à Richard Carapaz, victorieux de l’étape. Romain Grégoire a hérité du prix de la combativité.
Une journée pour l’échappée, enfin. Ce mercredi, il ne faisait cette fois aucun doute que les baroudeurs auraient le dernier mot en direction de SuperDévoluy, où un final accidenté les attendait. Mais au départ de Saint-Paul-Trois-Châteaux, la quasi-totalité des vingt-deux équipes du plateau aspirait de fait à prendre les devants, et les 130 premiers kilomètres en faux-plat montant mais sans vraie difficulté s’annonçaient donc d’une intensité redoutable. Cela s’est immédiatement vérifié, mais c’est d’abord le vent qui a agité le peloton dans les premières minutes, donnant lieu à quelques cassures avant que la bataille pour l’échappée ne s’engage réellement. Les attaques et contre-attaques n’ont dès lors cessé d’affluer, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a toujours répondu présente, et s’est vu récompenser après cinquante kilomètres de course lorsque Romain Grégoire a ouvert une brèche en compagnie de Magnus Cort, Bob Jungels et Tiesj Benoot. « On se doutait qu’il y aurait une grosse bagarre, insistait Benoît Vaugrenard. Beaucoup d’équipes ont accumulé beaucoup de frustration depuis le départ du Tour et on savait que ça allait aller au bout aujourd’hui. On était préparés à cela. Ce n’était pas évident de trouver la bonne ouverture, car il y a eu tellement d’attaques, mais l’équipe a été valeureuse et ils ont donné. Beaucoup ».
« Romain a fait une étape extraordinaire », Quentin Pacher
Bien que le quatuor ait opéré une petite différence, le rythme n’a pas pour autant faibli. L’avantage du groupe de tête a fluctué entre trente secondes et une minute vingt pendant soixante-dix kilomètres. « Romain a fait une étape extraordinaire devant, témoignait Quentin Pacher. Ils ont roulé à un rythme d’enfer alors que c’était toujours soutenu derrière. On essayait de suivre les contres pour être dans le coup qui allait repartir, car c’était sûr qu’il y en aurait un. On a lâché beaucoup d’énergie, et on a donné tout ce qu’on avait à donner ». Le peloton n’a donc pas abdiqué, et à la suite d’un rapproché lors du sprint intermédiaire, c’est un groupe d’une quarantaine d’unités qui s’est finalement extirpé en contre avec Quentin Pacher, Stefan Küng, Valentin Madouas, Clément Russo et David Gaudu. « Ils n’avaient pas à rouler, c’était bien joué », commentait Benoît. Après plus de 110 kilomètres de lutte, une accalmie s’est enfin dessinée à l’arrière. En tête, en revanche, Romain Grégoire a continué d’insister avec ses trois compères pour garder une longueur d’avance. « C’était hyper difficile, confiait Romain. Les relais revenaient très vite à quatre, et j’avais du mal à passer sur le plat avec les bêtes à rouler qui m’accompagnaient. Dans les bosses, le changement de braquet a été compliqué, mais on avait un coup d’avance, ce qui était positif pour l’équipe qui pouvait gérer la situation derrière ».
À l’entame de la première des trois difficulté du final, le Col Bayard (7km à 7%), situé à quarante bornes du terme, le groupe de tête comptait plus d’une minute trente d’avance. L’écart était toutefois ramené sous la minute au sommet tandis que Valentin Madouas suivait un contre initié par Guillaume Martin. « Avoir Valentin en contre nous permettait de le protéger derrière, expliquait Quentin. Romain ayant beaucoup donné, on s’est dit qu’il pouvait servir de point d’appui ». Le Breton a finalement rejoint le Franc-Comtois après plus de dix bornes de poursuite, mais le reste du groupe de chasse s’est aussi dangereusement rapproché. Au pied du Col du Noyer (7,6km à 8%), Simon Yates a d’ailleurs immédiatement lancé les grandes manœuvres. L’Anglais a bientôt été imité par Richard Carapaz, les deux hommes ont rapidement repris les hommes de tête, et n’ont pas non plus tardé à les laisser sur place. « Je pense qu’on a plutôt bien joué le coup collectivement, mais on est tombés sur plus forts que nous, confessait Romain. Sur ce genre de pentes, il est forcément difficile de suivre des grimpeurs comme Carapaz ou Yates, qui sont des top grimpeurs mondiaux. Ce qui n’est pas mon cas ». « Dans le final, le Col du Noyer a été de trop pour nous », tranchait Benoît.
« Il n’y a aucun regret […] L’état d’esprit y est, la mentalité y est », Romain Grégoire
Valentin Madouas a un temps essayé de s’accrocher en contre, mais la victoire s’est finalement jouée entre l’Équatorien et le Britannique bien devant, et le premier cité est ressorti vainqueur de ce duel. Valentin Madouas a rejoint la ligne en 16e position, Quentin Pacher en 20e, Romain Grégoire en 25e. « On se doit d’essayer de prendre des coups d’avance, comme je l’ai fait aujourd’hui, et il peut y avoir une ouverture un jour ou l’autre, disait le Franc-Comtois. J’ai tout donné, je suis exténué, j’ai même un peu du mal à m’en remettre. Il n’y a aucun regret ce soir ». « Au niveau de l’engagement et de la tactique, on n’a pas grand-chose à se reprocher », confirmait Quentin Pacher. Romain Grégoire a hérité d’une maigre récompense, à savoir le prix de la combativité. « Ça fait plus de deux semaines qu’on est devant, disait-il encore. L’état d’esprit y est, la mentalité y est, mais on n’a toujours pas la victoire qu’on attend. Il manque un petit cran physique ou de réussite pour aller la chercher. Je me fais plaisir, je profite, mais c’est quand même mieux quand il y a la victoire au bout ». « On peut avoir des regrets si on loupe notre course ou l’échappée, mais ça n’a pas été le cas, ponctuait Benoît. On est battus par plus fort, il n’y a rien d’autre à dire. Il ne nous reste plus qu’à nous reposer et à retenter demain. Le profil est différent mais le départ sera dur et on s’attend encore à une belle bagarre ».
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