À peine 138 kilomètres étaient à couvrir ce mercredi pour venir à bout du Tour d’Oman, mais au départ d’Imty, rien n’était fait en ce qui concernait le classement général. Car après 133 kilomètres relativement plats, un gros morceau attendait les coureurs ; en l’occurrence, la Green Mountain et ses six kilomètres d’ascension à près de 10% de moyenne. Rejoindre le juge de paix de l’épreuve n’a qui plus est pas été de tout repos, puisqu’une échappée de dix-huit coureurs est parvenue à s’extirper après une dizaine de bornes, contraignant le peloton à une chasse effrénée durant toute la journée. Enzo Paleni s’est alors mis à la planche pendant près de cent kilomètres, en compagnie de deux autres formations, pour s’assurer que les fuyards ne bénéficient pas d’une trop large avance. « Enzo a fait un gros boulot aujourd’hui, mais chacun a apporté sa contribution tous les jours, en fonction des événements de la course », soulignait Thierry Bricaud. L’échappée a finalement disposé d’un capital temps maximal de deux minutes trente, qui s’est progressivement réduit dans les trente derniers kilomètres, avec la Green Mountain en vue. La tension grandissante a aussi malheureusement entraîné la chute de Rudy Molard et Clément Braz Afonso à dix bornes de la ligne.

Au pied de la montée finale, soit à six kilomètres de l’arrivée, une poignée de fuyards comptait encore une minute d’avance, mais le rythme extrêmement soutenu imposé par les coéquipiers d’Adam Yates a non seulement réduit le peloton drastiquement, mais aussi mis fin à l’aventure des attaquants du jour. À mi-pente, il ne restait plus qu’une dizaine d’hommes dans le groupe des favoris, dont David Gaudu, bien calé dans la roue de son dauphin. « Je n’avais pas des sensations extraordinaires, mais ça allait encore bien au pied, racontait David. Ensuite, le relais de Jay Vine m’a quand même fait très mal aux jambes, en particulier sur le replat ». Alors, quand la route s’est inclinée de nouveau à près de 15%, à deux bornes du sommet, le Breton a pour la première fois cédé quelques mètres. « J’ai géré quand Yates a accéléré une première fois, commentait-il. Je suis revenu, et à un kilomètre, j’ai essayé d’y aller à l’intox. Je me suis mis à leur hauteur, j’ai fermé la bouche, retenu douleur en espérant leur mal à la tête. Je me suis dit « peut-être que ça peut passer ». Mais ça n’est pas passé (sourires) ». À environ 600 mètres de la ligne, une nouvelle accélération d’Adam Yates a eu raison du Breton, et le Britannique s’est envolé avec Valentin Paret-Peintre qui l’a devancé au sprint.

David Gaudu a rallié le sommet en troisième position, quarante-cinq secondes plus tard, soit bien trop pour espérer conserver le maillot de leader sur ses épaules. « Quand on a le maillot le matin et qu’on n’arrive pas à le conserver dans une dernière étape, il y a forcément de la déception, confiait-il plus tard. Mais j’ai tout donné. Je me suis battu avec mes armes aujourd’hui, je les ai rendues à un kilomètre de l’arrivée et j’ai complètement explosé. Si ça s’était joué à une seconde, il y aurait eu bien plus de frustration. Là, il n’y a rien à dire. Ils ont été plus forts que moi sur cette dernière montée, je peux simplement m’incliner et leur dire bravo ». « La frustration d’avoir perdu le maillot s’est vite estompée car on sait que David a tout donné, ajoutait Thierry. La hiérarchie sur le final est claire et nette, et il lui en manquait un peu ». Le grimpeur de 28 ans a néanmoins assuré sa place sur le podium final, en troisième position, pour venir conclure cette belle semaine de course à Oman. « On aurait signé tout de suite pour faire podium au général et victoire d’étape, rappelait Thierry. Au-delà de ça, l’esprit et l’engagement collectifs de l’équipe sont très intéressants pour la suite de la saison. Tout le monde a été à la hauteur et ça valide la préparation hivernale. On sait qu’on est prêts, il faut maintenant enchaîner ».

Et David Gaudu de ponctuer : « On aurait aimé mettre la cerise sur le gâteau mais ça fait partie du vélo. Il y aura toujours davantage de moments où on sera déçu que de moments où on sera content. On va rapidement passer outre cette petite déception pour être d’attaque le week-end prochain dans le Var ! »

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