Le Critérium du Dauphiné commençait réellement ce mardi pour les prétendants au classement général, et David Gaudu n’a pas manqué son rendez-vous. Au terme d’une journée relativement limpide, une vingtaine de coureurs se sont présentés à Chastreix-Sancy au sommet de l’ascension finale, et le grimpeur breton a su parfaitement naviguer et faire valoir sa pointe de vitesse dans les 100 derniers mètres pour venir régler Wout van Aert, rien que ça, sur la ligne. Le leader de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’octroie ainsi son deuxième succès de la saison et signe bel et bien son retour après un printemps délicat. À l’issue de cette troisième étape, il occupe aussi le deuxième rang du général à six secondes du même Van Aert, tandis que Kevin Geniets a parachevé la belle journée de l’équipe avec une solide cinquième place à l’arrivée.

« Je me disais : je vais aller le bouffer », David Gaudu

Au sortir de deux étapes réservées aux puncheurs-sprinteurs, le troisième acte offrait ce mardi un terrain propice aux puncheurs-grimpeurs avec une ascension finale de six kilomètres à Chastreix-Sancy. Aussi fallait-il vouloir en tirer parti à la veille d’un contre-la-montre prépondérant pour le classement général. Dans un grand sourire, David Gaudu ne se posait pas de telles questions au départ. « J’espère que je pourrai me tester et que j’aurai de bonnes jambes, glissait-il aux journalistes. Il faut courir au jour le jour. On n’a rien à perdre, et tout à gagner ». C’est donc avec la ferme intention de jouer les premiers rôles dans le final que l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est élancée de Saint-Paulien, laissant cette fois-ci l’échappée à d’autres. Sebastian Schönberger (B&B Hôtels-KTM), Jonas Gregaard (Uno-X) et Thomas Champion (Cofidis) ont alors pris les devants relativement vite, avant d’être rejoints une heure plus tard par une triplette B&B Hôtels-KTM : Miguel Heidemann, Alexis Gougeard et Pierre Rolland. Ce groupe n’a toutefois jamais obtenu une avance considérable en raison du tempo soutenu imprimé par l’équipe du maillot jaune Alexis Vuillermoz. Ainsi, dans la longue portion montante menant jusqu’à la côte de Besse-en-Chandesse, le peloton a maintenu la cadence, puis même accéléré dans une transition accidentée vers le pied de l’ascension finale de Chastreix-Sancy (6,2 km à 5,6%). « Il y a toujours eu un bon rythme, notait Frédéric Guesdon. Les 40-50 derniers kilomètres n’étaient pas simples, ça s’est fait un peu à l’usure, et on est toujours resté au chaud ».

En tête, les rescapés de l’échappée ont abordé l’ascension finale avec à peine une quinzaine de secondes d’avance, et le tempo imprimé par la Jumbo-Visma a définitivement condamné leur aventure à quatre kilomètres seulement de l’arrivée. Bien replacé par ses coéquipiers au pied de la montée, David Gaudu est resté vigilant aux côtés des autres grands favoris de l’épreuve. « On avait bien repéré la fin de parcours, assurait Frédéric. On avait vu que toute la montée se faisait vent de dos, à l’exception des deux derniers kilomètres. On voulait être bien placé dans la première partie, sans être vraiment devant, mais il fallait ensuite que David puisse être replacé aux deux bornes. C’est ce qui a été fait ». À cet instant, le peloton n’était plus composé que d’une quarantaine de coureurs, et une dizaine d’hommes supplémentaires se voyait éjecter du groupe avant le sommet à la suite d’offensives que David Gaudu parvenait à contenir. Un emballage en petit comité s’est donc présenté, et Kevin Geniets réussissait à raccrocher les roues puis à se replacer en tête dans un dernier kilomètre plutôt plat. « David s’est d’abord fait un peu déborder, ça allait assez vite, relatait Frédéric. Il n’était pas super bien placé, mais il s’est bien servi de Kevin en poisson-pilote ». À 300 mètres du terme, le Breton a retrouvé la roue du Luxembourgeois, et le sprint s’est lancé une petite centaine de mètres plus loin. David Gaudu reprenait alors le fil du récit : « Quand ils ont lancé, j’étais un peu enfermé et un peu loin, et je me suis dit que ça n’allait pas le faire. Mais je sentais que j’avais de la force, alors j’ai tout mis. Wout était encore là, en tête, mais je l’avais vu un peu reculer dans la montée. Quand j’ai vu que je pouvais revenir sur lui, j’ai pensé à ça. Je me suis dit qu’il était peut-être entamé, que je pouvais peut-être aller le chercher… Je suis revenu à l’aspiration, et je me disais « je vais aller le bouffer ! ». Et c’est ce que j’ai fait ! »

« Presque le plus heureux des hommes », David Gaudu

Après s’être faufilé entre plusieurs coureurs, c’est avec une vitesse largement supérieure que David Gaudu est remonté au niveau de Van Aert. Il l’a alors passé sur la ligne, alors que le coureur belge commençait tout juste à célébrer son, croyait-il, succès. « David arrivait très vite, et surtout, il a lui lancé le vélo », pointait Frédéric. « Je l’avais passé avant même qu’il ne lève les bras », certifiait David. Sans même attendre la photo-finish, sûr de son coup, le natif de Landivisiau a donc laissé éclater sa joie, criante d’honnêteté. « Quand je passe la ligne, j’explose, je suis presque le plus heureux des hommes, lâchait-il dans un grand sourire. Après toutes les galères que j’ai connues au printemps, ça fait tellement du bien… Je n’ai pas trop les mots, je suis ému car j’étais à la recherche d’une victoire comme celle-ci depuis le début d’année. Je me suis dit que si je pouvais en gagner une sur le Dauphiné, ça me libérerait. L’équipe a été grandiose aujourd’hui, donc un grand merci à eux. Je suis très heureux. Les doutes sont derrière : après la pluie vient le beau temps ». Le jeune grimpeur s’est par la même occasion offert son neuvième succès en carrière, et celui-ci avait une saveur particulière. « Quand on est Français, gagner sur l’une des trois courses WorldTour en France, c’est quelque chose, soulignait-il. Ce sont des courses que je regardais gamin. M’imposer ici, c’est vraiment important pour moi, surtout devant une telle concurrence ». « Toutes les victoires font plaisir, mais il est vrai que David attendait celle-ci depuis un moment, complétait Frédéric. Renouer avec la victoire, ça lui fait plaisir, et ça fait plaisir à tout le monde. Ce groupe a énormément bossé ces derniers temps. Ils étaient en stage tous ensemble. Ce n’est jamais évident de gagner des courses, alors quand c’est le cas, on l’apprécie encore davantage ».

Le coureur breton a par ailleurs apporté à l’Équipe cycliste Groupama-FDJ son sixième succès de la saison, se replaçant également au deuxième rang du classement général, alors que Kevin Geniets a lui aussi signé une vraie performance en prenant la cinquième place du jour. « Kevin a bien bossé et il passe bien ce genre de bosses, indiquait Frédéric, pas surpris. Il était un peu en difficulté à 1500 mètres mais il a profité de la descente pour se replacer. Il arrive à faire cinquième, et je suis content pour lui, car c’est aussi quelqu’un qui bosse beaucoup pour l’équipe ». Le travail ne manquera sans doute pas sur le reste de la semaine, mais mercredi, chaque coureur sera face à lui-même lors du contre-la-montre de 32 kilomètres entre Montbrison et La Bâtie d’Urfé. « C’est un gros morceau, prévient Frédéric. Ce sera important pour le général et pour la suite. David va le faire à bloc, et on sait qu’il a bien progressé ». « On a bossé le contre-la-montre, et j’ai hâte de voir ce que ça va donner, concluait l’intéressé. Wout part deux minutes derrière moi. Logiquement, s’il ne me rattrape pas, ça devrait être un bon temps (sourires). On va d’abord savourer un peu ce soir, et on se plongera ensuite progressivement dans le chrono ».

2 commentaires

Jac34

Jac34

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Le 7 juin 2022 à 23:45

Jamais déçu avec David. Quant à Kevin toujours lui aussi aux avant postes. Ça commence bien. Bravo à l’équipe

Serge Miquel

Serge Miquel

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Le 7 juin 2022 à 21:44

Bravo à David Gaudu