Le premier acte montagneux du Critérium du Dauphiné, ce vendredi, était aussi le moins redoutable sur le papier, bien qu’il fallait tout de même franchir le Col de Porte avant l’arrivée en bosse au Sappey-en-Chartreuse. Olivier Le Gac a ainsi passé une bonne partie de la journée en tête de course alors que David Gaudu s’est lui signalé par une belle attaque dans les trois derniers kilomètres. La victoire est finalement revenue à Alejandro Valverde dans un sprint en côte. Quatorzième sur la ligne, dans le même temps que le vainqueur, David Gaudu progresse au seizième rang du général.
« Je me suis fait plaisir en essayant d’attaquer », David Gaudu
En guise de mise en bouche avant le plat de résistance du week-end, les coureurs du Critérium du Dauphiné prenaient la direction du massif de la Chartreuse à l’occasion de la sixième étape. Avant toutefois de voir les premiers reliefs se dresser devant eux ce vendredi, la première moitié du parcours était presque toute plate. En raison d’une belle bagarre pour l’échappée, les deux premières heures de course ont alors été effectuées à plus de 50 km/h de moyenne et Olivier Le Gac est parvenu à se faire une place en tête à l’issue des quarante premiers kilomètres. Il y a trouvé la compagnie de douze autres coureurs, dont le meilleur grimpeur de l’épreuve Matthew Holmes (Lotto-Soudal), mais aussi Greg van Avermaet (AG2R-Citroën), le mieux placé du groupe au classement général. En raison de la proximité du Belge vis à vis du maillot jaune, l’échappée n’a jamais pu se développer et a donc été muselée à moins de trois minutes. Après le Col de la Placette, le peloton s’est même rapproché à deux minutes puis s’est dirigé vers la plus grosse ascension de la journée, le Col de Porte (7,7 km à 6,5%). Avant même d’entrer dans le vif du sujet, de nombreux coureurs ont lâché dans les contreforts – exigeants – de cette montée de deuxième catégorie. Olivier Le Gac a lui perdu le contact avec la tête de course après quelques minutes d’ascension et a finalement été récupéré peu avant le sommet par un peloton bien dégarni.
Bien remonté au pied du Col de Porte, notamment par Matthieu Ladagnous et Kevin Geniets, David Gaudu a pu escalader la difficulté aux premières loges. « Ça a encore été une grosse journée de vélo, insistait le Breton à l’arrivée. De toute façon, il n’y a pas de petites journées sur le Dauphiné. L’équipe a bien manoeuvré toute la journée pour me laisser dans les meilleures dispositions au pied du Col de Porte. On avait encore Olivier devant mais il lui a manqué un petit kilomètre pour basculer avec nous ». En raison d’une vive accélération sur les trois derniers kilomètres de montée, le peloton est alors revenu à trente secondes de l’unique rescapé de l’échappée, Lawson Craddock. Les coureurs ont alors plongé vers le pied de la montée finale, effectuée en deux paliers : côte de la Frette (3,7 km à 5,2%) et montée du Sappey-en-Chartreuse (3 km à 6%). L’homme de tête a été repris par un peloton d’une trentaine d’unités juste après le premier des deux sommets, puis David Gaudu a lancé les hostilités parmi les favoris, à 2500 mètres du but. « J’ai essayé d’attaquer un peu pour tester les jambes, et ça avait l’air d’aller, racontait le Breton. J’avais dès lors lâché ma cartouche pour le sprint mais je me suis fait plaisir en essayant d’attaquer et de voir où en était la condition. Je ne me sentais pas trop mal dans cette dernière ascension ».
« Dès qu’il a une ouverture, il y va », Yvon Madiot
Le vainqueur d’étape sur le Tour du Pays Basque a vu le retour de Tao Geoghegan Hart dans sa roue après quelques instants en tête. Le reste des favoris a également recollé peu après et tout s’est finalement résumé à un sprint à vingt, en côte, qu’est allé remporter Alejandro Valverde. David Gaudu s’est lui classé 14e, dans le même temps. « Ce qu’a proposé David aujourd’hui est rassurant, indiquait Yvon Madiot. S’il a attaqué, c’est qu’il se sentait vraiment bien. Il l’a d’ailleurs fait dans les plus gros pourcentages. Il n’avait pas beaucoup d’opportunités dans ce final si ce n’est ce passage difficile à deux kilomètres de la ligne. Il n’a pas pris assez d’avance, et avec le final roulant et les équipiers encore présents, c’était mission impossible d’aller au bout, mais c’est bien de l’avoir vu entreprenant. Il rongeait son frein depuis quelques jours car les étapes n’étaient pas trop à son avantage. Il manquait encore un peu de pourcentages pour les purs grimpeurs comme lui aujourd’hui, mais il a un tempérament d’attaquant. Dès qu’il a une ouverture, il y va ».
Son état d’esprit offensif sera certainement bienvenu lors du copieux week-end qui attend les coureurs à travers le Cormet de Roseland et La Plagne samedi, ou bien Joux-Plane dimanche. « C’est un week-end classique pour le Dauphiné, c’est-à-dire deux étapes très difficiles, avançait Yvon. Demain, nous avons un grand col mythique avec La Plagne. On sait que ça peut créer de vraies différences. C’est peut-être un peu moins dur sur le papier dimanche mais on voit très souvent des renversements de situations sur le Dauphiné le dernier jour ». « J’espère que la condition ira encore crescendo », soufflait David Gaudu en conclusion.
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