La première semaine du Tour de France s’est ce dimanche achevée de manière délicate pour l’Équipe cycliste Groupama-FDJ. Au terme d’une grande étape de montagne marquée par une pluie incessante, David Gaudu s’est certes arraché pour limiter la casse sur ses rivaux au sommet de Tignes, et a d’ailleurs conservé sa place dans le top-10 du général avant la première journée de repos. En revanche, Arnaud Démare et Jacopo Guarnieri n’ont malheureusement pu rallier l’arrivée dans les délais et doivent ainsi quitter les routes du Tour prématurément.
« David est toujours dans les clous », Frédéric Guesdon
D’une distance à peu près égale au premier acte alpin de samedi, le second s’annonçait sur le papier bien plus coriace ce dimanche, puisque cumulant près de 1000 mètres supplémentaires de dénivelé positif. Entre Cluses et Tignes, il y en avait ainsi plus de 4600 à avaler avant de voir la journée de repos enfin se profiler. Si les tous premiers kilomètres, sur le plat, ont été relativement calmes et contrôlés, la course s’est bel et bien enflammée dès le pied de la côte de Domancy. « Ça a encore été une grande étape, qui s’est déroulée à vitesse grand v, résumait Frédéric Guesdon. On s’attendait à ce genre de scénario en raison du parcours et compte tenu de la configuration de la course. C’est très ouvert derrière Pogacar qui domine ce Tour, et beaucoup de coureurs veulent tenter leur chance de loin. Il y a également beaucoup de leaders qui se sont loupés depuis le départ et qui chassent les victoires d’étapes. Pour ce faire, ils attaquent de loin et cela rend la course très animée et très rapide. La météo n’était pas non plus très bonne aujourd’hui. Il y avait de la pluie, il faisait froid au passage des sommets et dans les descentes, ce qui a rendu la course d’autant plus dure. Heureusement, elle ne faisait « que » 145 kilomètres ».
L’échappée du jour, sortie peu avant le sprint intermédiaire, a d’abord rassemblé plus de quarante coureurs, dont Stefan Küng. Les meilleurs grimpeurs du groupe se sont ensuite extirpés dans l’enchaînement Col du Pré-Cormet de Roselend et l’équipe UAE Team Emirates du maillot jaune leur a accordé jusqu’à huit minutes d’avance. Largement suffisant pour se jouer la victoire d’étape dans la longue montée vers Tignes, où Ben O’Connor a eu raison de ses adversaires. Au sein du peloton, David Gaudu a longtemps pu compter sur un très bon Valentin Madouas à ses côtés, et s’est agrippé à la roue des meilleurs pendant la majeure partie de l’ascension finale. « David réalise selon moi une très belle étape, jugeait Frédéric. Il coince à 3-4 kilomètres de l’arrivée lorsque Carapaz attaque, mais il restait à seulement le top du top à cet instant-là. Il ne termine pas loin. Il s’attendait peut-être à mieux, mais le Tour n’est pas fini. Le bilan ne se fait pas à Tignes, il se fera dans deux semaines. Pour l’instant il est toujours dans les clous et il ne faut pas s’affoler ». Quatorzième de cette neuvième étape, à environ une minute de ses plus sérieux adversaires, le jeune Breton conserve ainsi sa place dans le top 10 du général (10e) et ne pointe encore qu’à deux minutes du podium.
« Je ne suis pas triste », Arnaud Démare
Malheureusement, la journée s’est conclue par un vrai point noir avec l’arrivée hors-délai d’Arnaud Démare et de son fidèle poisson-pilote Jacopo Guarnieri, décrochés dès la première ascension du jour. « Le plus dur quand on est distancé est de se retrouver tout seul, expliquait Frédéric. Or, ils ont réussi à accrocher le groupe Cavendish et on s’est dit que ça allait passer ». « Ils ont rencontré des difficultés à plusieurs moments dans les cols, notamment dans l’enchaînement Pré-Roselend qui a été extrêmement difficile pour eux, reprenait Yvon Madiot. On a perdu les roues du gruppetto et ils se sont retrouvés à deux derrière. Dans ces cas-là, il est quasiment impossible de maintenir la cadence ». « Jacopo a encore davantage souffert dans la dernière ascension, Arnaud ne l’a pas attendu et ils ont dû faire leur course chacun de leur côté, complétait Frédéric. Ils ont tout donné mais ce n’est pas passé. Il faut dire que les délais n’étaient pas énormes : 37’30 sur une telle étape, ce n’est pas évident pour des non-grimpeurs. C’est évidemment une déception mais ils n’ont aucun regret car ils se sont donnés à 100%. Ils sont énormément déçus, bien sûr, comme nous tous, d’autant qu’on attendait des sprints mardi et jeudi. Arnaud n’avait pas pu s’exprimer depuis le début du Tour et il espérait beaucoup de ces étapes. Au final, il quitte ce Tour sans avoir pu montrer sa valeur, ce qui est d’autant plus décevant ».
« Je n’ai pas de regret et je ne suis pas triste car j’ai donné le maximum sur la journée, et je ne pouvais rien faire de plus, assurait l’ancien champion de France plus tard à l’hôtel. Depuis la chute, je suis là mais pas à 100%. Sur le Tour, ça se paie cash. On a vécu une journée vraiment incroyable et la météo a vraiment puisé dans nos réserves. Je suis quand même à 97% de mon record sur cinq heures, mais il fallait être à 100% pour combler ces quatre minutes qui me manquent aujourd’hui. Rien ne s’est goupillé comme on le voulait sur ce Tour. C’est le sport et on sait que le Tour ne pardonne rien ». « C’est une journée très difficile avec la perte d’Arnaud et Jacopo, concluait enfin Yvon. Il faut néanmoins regarder le positif avec le bon comportement de David, qui est toujours dixième au général, prêt à allumer s’il y a des ouvertures. C’est ce qui va nous permettre de repartir du bon pied. On s’aperçoit que la course est vraiment débridée, ce sera donc à nous d’en profiter dans les deux semaines qui viennent ».
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