David Gaudu entre en action jeudi dans le Tour de Provence. Le grand espoir breton détoure les grandes lignes de sa saison 2018 et précise ses objectifs. Sans afficher le moindre doute, comme d’habitude.

David, comment te sens-tu à la veille de ton retour à la compétition dans le Tour de Provence ?

Nous étions un peu sous la neige en début de semaine en Bretagne mais j’ai réussi à rouler. Je sors d’une gastro-entérite, c’est un peu embêtant et on verra bien dans le Tour de Provence ce que donnent mes jambes.

« Il me tarde de courir »

Tu as passé un bon hiver ?

Avant cette gastro, je n’avais pas eu un seul pépin. J’étais descendu une semaine dans la région de Nice avant la semaine de stage à Calpe. J’avais coupé après le Tour de Lombardie début octobre et je me suis arrêté pendant six semaines jusqu’au stage d’intégration en novembre. Tous les ans, j’ai besoin d’une grande coupure pour bien débrancher, pour souffler mais pas plus à la fin de cette première saison professionnelle qu’avant. A l’entraînement, je suis reparti sur les mêmes bases que l’an dernier sans travailler le contre la montre en particulier. Maintenant, il me tarde de courir. Les courses à la télé, ça donne envie.

Quel bilan as-tu fait de cette première année avec l’équipe FDJ ?

Il y avait beaucoup d’attentes autour de moi pour une première année mais ce fut une année exceptionnelle. J’ai réussi à performer en World Tour, ce n’est pas si fréquent pour des coureurs de mon âge. J’ai aussi décroché ma première victoire chez les pros dans une étape du Tour de l’Ain.

« Être encore plus performant en World Tour »

Quelle est ton ambition pour 2018 ?

J’ai envie de faire mieux bien sûr mais le plus important se situe en termes de progression. Je veux continuer de bien faire ce que je sais faire, en premier lieu grimper, être offensif, être encore plus performant en World Tour. Marc me l’a dit, il me considère comme un coureur protégé, un peu plus qu’en 2017. Sans me mettre de pression non plus puisque Thibaut Pinot et Arnaud Démare sont là pour tenir la baraque. Je suis juste derrière eux mais j’aurai un statut important dans certaines courses, notamment la Flèche Wallonne et le Tour de Romandie. Plus que dans le Tour de Catalogne où je vais travailler pour Thibaut Pinot.

Le Tour de Catalogne où tu as d’excellents souvenirs ?

C’était mon premier grand moment de l’année 2017. Il y a eu l’échappée avec Froome mais le grand souvenir est ma septième place au sommet de Lo Port en ayant accompagné les Valverde, Froome, Contador ou Yates.

 

« Je pars du principe que le cyclisme est un jeu »

Hormis l’exercice du contre la montre qui est particulier et nécessaire, dans quel domaine te sens-tu perfectible ?

Cela peut vous surprendre mais dans les ascensions, j’ai beaucoup à apprendre et notamment de Thibaut Pinot. Je dois apprendre à lisser mon effort, j’ai trop de fougue. J’y vais sans trop réfléchir. Dans Milan-Turin, j’ai tout fait pour rester avec Uran. Si j’ai la sagesse de rester avec Aru, je peux faire podium. Après, techniquement, j’ai beaucoup à apprendre. Frotter, ce n’est pas simple, il ne faut pas avoir peur et ça se travaille aussi. En équipe notamment et quand l’équipe est forte, c’est plus facile. Il y a aussi le travail dans les bordures mais en 2017 je n’en ai pas connu sinon au Grand Prix de Wallonie mais ça s’est passé tellement vite que je n’ai pas eu le temps d’y être. Tout est parti en vrac tout de suite. Sinon, point positif, j’arrive à masquer la pression que je me mets. Je pars du principe que le cyclisme est un jeu et ça m’aide…

 

« J’ai vu les efforts de Marc (Sarreau), Valentin (Madouas), Léo (Vincent), Benjamin (Thomas) ou Bruno (Armirail). Ça me donne envie de faire comme eux »

Comment te sens-tu au sein de ton équipe FDJ ?

Je me sens super bien dans cette équipe, elle me laisse le temps de grandir auprès de coureurs d’expérience. Cela dit, j’ai regardé à la télévision les étapes de l’Etoile de Bessèges, j’ai vu les efforts de Marc (Sarreau), Valentin (Madouas), Léo (Vincent), Benjamin (Thomas) ou Bruno (Armirail). Ça me donne envie de faire comme eux, de remettre un dossard très vite. Ils ont vraiment fait un super boulot.

Elle n’est pas gênante cette gastro avant le Tour de Provence ?

Je crois que j’ai eu le bon réflexe d’aller aux urgences quand elle s’est déclarée, dans la nuit. Ça m’a fait gagner du temps. C’est étonnant, l’an dernier en début de saison, j’ai été grippé le soir du Grand Prix ‘’La Marseillaise’’. Là, je chope la gastro. Je ne sais pas où je vais me situer dans cette première course mais avant l’arrivée au sommet du col de l’Espigoulier que nous gravirons deux fois, il y a un prologue au Castellet puis une étape.

Quel est ton programme de courses ensuite ?

A la fin du mois les Boucles de l’Ardèche et de la Drôme, le Tour de Catalogne. Des manches de Coupe de France telles que le Tour du Finistère et Paris-Camembert, la Flèche Wallonne, le Tour de Romandie et le Critérium du Dauphiné pour prendre une revanche. L’an dernier j’y étais tombé malade, j’avais dû abandonner. C’était un de mes objectifs de la saison.

 

« Disputer la Vuelta est une possibilité mais ce sera en fonction du déroulement de la saison »

Tu as demandé de faire un Grand Tour ?

Je ne l’ai pas demandé mais j’en ai parlé avec le staff. Disputer la Vuelta est une possibilité mais ce sera en fonction du déroulement de la saison et de mon état physique. On verra.

 

« On est bien ici en Bretagne »

S’il ne fait pas toujours beau en Bretagne, tu n’envisages pas de partir vivre dans le sud pour y trouver de bonnes conditions de travail ?

Ce n’est pas d’actualité. On est bien ici en Bretagne, c’est notre petite patrie. A l’entraînement pendant la saison je roule le plus souvent tout seul, je fais mon truc à moi avec les exercices fixés par l’entraîneur. C’est très rare que je parte en en groupe. Des fois, l’hiver je vais rouler avec des collègues, Mathieu Gauthier qui est un bon amateur, Julien Simon (Cofidis) et Cyrille Gautier (ag2r-La Mondiale), avec mon père quand je rentre à la maison ou avec mon beau-frère qui vient de passer espoir au VC Quintinais. J’ai mes repères ici.

Par Gilles Le Roc’h

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