David Gaudu offensif et combatif, jusqu’au bout

La dix-huitième étape du Tour de France, qui empruntait le Col du Tourmalet avant une arrivée au sommet de Luz Ardiden, constituait l’ultime opportunité de victoire pour David Gaudu. Alors le Breton s’est pleinement lancé dans la bagarre. Avec la complicité de Valentin Madouas, le leader de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a tenté d’anticiper dès le Tourmalet, et s’il a bien débuté l’ascension finale avec un petit avantage sur les favoris, cela n’a toutefois pas suffi ce jeudi. Élu combatif de l’étape et toujours onzième du général, le jeune grimpeur aura quoiqu’il en soit crânement tenté sa chance. Jusqu’au bout.

« J’avais ce plan dans la tête depuis le soir du Ventoux », David Gaudu

Pour les « poids légers » du Tour de France, il n’y avait qu’un mot d’ordre au départ de Pau ce jeudi : lâcher les chevaux. Du moins ceux qui demeuraient encore sous le capot. À travers le mythique col du Tourmalet et la non moins iconique montée de Luz Ardiden, la dernière étape pyrénéenne de la Grande Boucle faisait aussi figure de dernière journée pour les grimpeurs. La bagarre n’allait certes durer « que » 130 kilomètres, mais elle s’annonçait intense. Cela s’est vérifié dès les premières minutes de course, lors desquelles de nombreuses attaques ont fait irruption sur une portion de tracé relativement plate. Une échappée s’est bel et bien constituée après une vingtaine de kilomètres, mais elle ne comprenait que cinq coureurs et restait maintenue à portée de fusil par le peloton. « On avait d’abord pensé à mettre Valentin et Bruno dans l’échappée, confiait David Gaudu. Malheureusement, il n’y a pas vraiment eu d’échappée ». Après soixante premiers kilomètres très rapides, Bruno Armirail est passé chez lui, à Bagnères-de-Bigorre, et le peloton s’est vite présenté au pied de la très attendue ascension du Tourmalet. Une minute derrière un duo Alaphilippe-Mohoric, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ n’a pas tardé à entrer en action en envoyant Valentin Madouas en éclaireur.

« J’avais ce plan dans la tête depuis le soir du Ventoux, expliquait David Gaudu. L’objectif était clairement de faire un coup dans le Tourmalet. Je savais qu’il fallait attaquer de loin pour essayer de contrer les gros favoris. Valentin a réussi à partir au pied et a fait un super numéro ». « L’objectif était de durcir dès le Tourmalet pour essayer quelque chose, puis voir comment ça allait réagir derrière, enchaînait le puncheur brestois. J’ai tenté au pied, j’ai fait un gros effort pour revenir sur les coureurs intercalés et il m’a manqué 2-3 kilomètres sur le sommet pour pousser David un peu plus loin ». Revenu dans le sillage de son compère breton, après s’être lui-même aisément détaché du peloton, David Gaudu a profité du travail de Valentin Madouas pour d’abord revenir sur le duo échappé, puis pour creuser un petit écart sur le groupe maillot jaune déjà bien en rythme derrière la formation Ineos. Le onzième du classement général a ensuite lui-même pris les choses en main à cinq kilomètres du sommet et ne comptait finalement que Pierre Latour à ses côtés à la bascule. Son avantage flirtait alors avec la minute, et il se débarrassait quasi-immédiatement de son ultime rival à l’entame de la descente. « On a fait ce qu’il fallait avec Valentin, assurait David. Malheureusement, il y avait un peu de vent de face sur la fin de la descente, ce qui m’a porté préjudice avec Ineos qui roulait derrière pour la victoire d’étape ».

« Je préférais tenter le tout pour le tout que finir cinquième », David Gaudu

Malgré une belle plongée vers Luz-Saint-Sauveur, David Gaudu n’a donc entamé la montée finale de Luz Ardiden qu’avec une vingtaine de secondes d’avance sur le groupe maillot jaune. La formation Ineos disposait encore d’une réelle main-d’œuvre à ce stade de la course, et le Breton a dû rentrer dans le rang à dix kilomètres du but. Il s’est ensuite accroché dans les roues pendant cinq kilomètres avant de logiquement payer ses efforts précédents. Le jeune grimpeur est alors arrivé en dix-neuvième position au sommet, à plus de deux minutes du vainqueur Tadej Pogacar. « Au vu des écarts, je savais que le top 10 n’était pas vraiment jouable alors j’ai fini tranquille, expliquait l’intéressé. Malheureusement notre tentative n’a pas fonctionné, mais j’ai été acteur. Je voulais essayer de gagner, et j’avais constaté hier que j’étais un peu moins fort que certains à la pédale. Il fallait donc jouer différemment. On n’a rien à se reprocher. J’aurais peut-être fait cinquième en restant avec les favoris, mais aujourd’hui, je préférais tenter le tout pour le tout que finir cinquième ». « Il y a un peu de déception, mais pas tant que ça, acquiesçait Valentin. Ça n’a pas marché mais on a donné le maximum avec David. On s’est fait plaisir et c’est le principal. On aurait voulu cette victoire d’étape, mais ce n’était pas pour aujourd’hui ».

Désigné combatif du jour, David Gaudu a tout de même pu grimper sur le podium protocolaire et conserve par ailleurs son onzième rang au général à trois jours de Paris. « Je suis content de ma dernière semaine et j’ai maintenant la tête tournée aux Jeux Olympiques », concluait-il. « David termine ce Tour très fort, tant physiquement que mentalement, ponctuait Marc Madiot. On a forcément quelques regrets car ça ne s’est pas bien goupillé pour nous depuis le départ de la course. Néanmoins, même à quatre, les gars se sont ressaisis, ont resserré les rangs et n’ont pas sombré. Au contraire. Et j’ai bien aimé ça ». Se profile désormais une étape plutôt plate ce vendredi, avant un contre-la-montre très attendu par Stefan Küng samedi, dans les vignobles de Saint-Emilion.