Du haut de ses 4500 mètres de dénivelé positif, et de la double montée de l’Alto de Hazallanas (7km à 9,5%) dans les soixante derniers kilomètres, la neuvième étape du Tour d’Espagne s’annonçait cruciale en vue du classement général. Au départ de Motril, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ l’abordait elle avec une idée bien précise en tête. « On voulait vraiment prendre un coup d’avance, exposait Thierry. David était partant pour ça, et toute l’équipe avec lui. On l’avait imaginé dès hier soir. Il y avait la possibilité qu’une échappée assez conséquente se dégage, et qu’elle permette à quelques coureurs de revenir au général. On savait aussi qu’on ne prenait pas de gros risques car ce coup d’avance allait inévitablement servir ». Il n’aura fallu qu’une poignée de kilomètres à David Gaudu et Stefan Küng ce dimanche pour passer de la théorie à la pratique. Au contraire des précédents jours, l’échappée s’est formée après tout juste huit kilomètres, et le duo franco-suisse s’est retrouvé en tête dans un groupe d’une vingtaine d’unités. « C’était la bonne chose à faire, confirmait David. On s’était dit que ça valait le coup de tenter un coup de poker ».

Le groupe de tête, qui comprenait quelques pointures à l’instar d’Adam Yates, Marc Soler ou encore Wout Van Aert, a pu se forger une avance de cinq minutes durant la première moitié de course. Puis, le Puerto de El Purche s’est présenté après 90 kilomètres, et l’échappée a volé en éclats. « Les UAE ont fait un gros travail pour Yates, mais Stefan a également fait une étape magnifique, soulignait Thierry. On ne se rend bien pas compte à la télévision, mais ce n’étaient pas des pentes faites pour sa carcasse. Pour autant, il marche tellement bien qu’il a réussi à aller très loin. C’est une belle satisfaction ». Le spécialiste du chrono a ainsi pu franchir le premier col du jour aux côtés de son leader, puis contribuer à l’avancée du groupe jusqu’aux premières pentes impitoyables de l’Alto de Hazallanas. Dès lors, l’échappée s’est réduite à trois hommes, dont David Gaudu, et le coureur de la Groupama-FDJ a pu suivre le tempo de ses deux rivaux d’UAE Team Emirates pendant un temps seulement. Adam Yates a attaqué à quatre kilomètres du sommet, et le grimpeur tricolore a basculé dans la descente avec une minute trente de retard.

Il a peu après retrouvé la compagnie de Richard Carapaz, avec qui il s’est allié dans la portion de transition menant à la seconde ascension de l’Alto de Hazallanas. Les deux hommes l’ont entamée avec 2’30 de retard sur Yates, mais avec trois minutes d’avance sur le groupe maillot rouge. « Yates était au-dessus du lot, il n’y avait pas photo, disait Thierry. David s’est accroché mais s’est retrouvé un peu esseulé dans la montée finale, entre Carapaz et les coureurs du général ». Le Breton a limité ses pertes, passant au sommet avec deux minutes d’avance sur Ben O’Connor, Primoz Roglic & co, mais le final ne l’a pas avantagé. « La longue descente vers l’arrivée explique que les groupes derrière lui ont repris beaucoup de temps sur cette partie-là », confiait Thierry. À trois bornes du but, le Breton a donc vu une demi-douzaine de prétendants au général le rejoindre, à un troisième échelon. C’est donc dans ce groupe qu’il a terminé, à 3’45 d’Adam Yates, en neuvième position. « Je sens que je ne suis pas à 100% et qu’il m’en manque un peu, mais j’ai malgré tout des jambes qui peuvent me permettre de me faire plaisir sur ce genre d’étape, commentait David. C’est la journée qu’il fallait faire, et ça s’est très bien passé. Si j’étais resté avec les favoris, je ne pense pas que j’aurais pu terminer avec eux. Au bout du compte, on n’a pas perdu de temps au classement général et on en a même repris à certains qui ont explosé ».

Un temps replacé sur le podium virtuel de la Vuelta, David Gaudu est finalement remonté au dixième rang, à 6’32 de Ben O’Connor, et à deux minutes de Carapaz, troisième. « Il ne faut pas perdre de vue que le but était initialement d’avoir ce coup d’avance pour ne pas subir les efforts violents des favoris, rappelait Thierry. C’est ce qu’il s’est passé, même si le scénario peut nous laisser penser qu’on aurait pu faire une opération encore meilleure. Il rentre quand même dans le top-10, ça reste une bonne journée pour l’équipe, et pour lui surtout. C’est bon signe pour la suite et on n’est qu’en fin de première semaine ». Place désormais à une première journée de repos bien méritée. « Ce sera une journée de repos pour les coureurs car ils ont l’avion ce soir, concluait Thierry. Ce sera moins le cas pour le staff, qui doit faire 400 kilomètres ce soir et 600 demain ».

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