La Basilique de Superga, sur les hauteurs de Turin, faisait ce mercredi office de – joli – décor pour le départ à la retraite d’un autre membre historique de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ, en la personne de William Bonnet. Après plus de 4h30 de course, le Chérien de 39 ans a ainsi mis un point d’honneur à ponctuer la toute dernière course d’une longue et remarquable carrière. Une vingtaine de minutes plus tôt, son jeune coéquipier David Gaudu a pour sa part bataillé avec les principaux favoris dans l’ascension de Superga, et s’est flanqué d’une très solide sixième place. Cap désormais vers le dernier Monument de la saison.
La 102ème édition de Milan-Turin revêtait une importance particulière, et double, pour l’Équipe cycliste Groupama-FDJ ce mercredi. Il s’agissait non seulement d’un objectif affiché par les deux leaders du groupe, David Gaudu et Thibaut Pinot, mais elle constituait également la course « d’adieux » de William Bonnet, après pas moins de dix-sept ans de carrière. Un haut fait qui méritait d’être salué, et qui le fût même aux yeux de tous à l’occasion de la présentation des équipes, lors de laquelle ses coéquipiers du jour ont ainsi arboré une large pancarte au slogan équivoque : « Merci Wiwi ». Le tout, qui plus est, sous un soleil radieux qui venait compenser quelque peu la météo des deux jours précédents. Ceci a notamment permis le développement d’un scénario traditionnel, dans lequel Juri Zanotti (Bardiani-CSF), Oier Lazkano (Caja Rural), Mattia Frapporti (Eolo-Kometa), Joan Bou (Euskaltel-Euskadi), Kevin Vermaerke (Team DSM) et Davide Orrico (Vini-Zabu) ont rapidement formé l’échappée du jour. Celle-ci a été maintenue à distance raisonnable toute la journée, mais a été avalée bien plus tôt qu’escompté après un mouvement de course à près de soixante-kilomètres de l’arrivée. « Il n’y avait pas spécialement beaucoup de vent, mais l’équipe Deceuninck-Quick Step a mis un gros coup d’accélérateur avec d’autres équipes dont Jumbo-Visma et Israel Start-Up Nation, indiquait Sébastien Joly. Comme d’autres, on s’est fait un peu piéger sur le coup ». « Ça s’est fait un peu sur un coup anodin, ajoutait David Gaudu. Personne ne s’y attendait, ils se sont mis au sprint avec un petit vent de travers et ça a tout de suite cassé ».
« Je ne me suis jamais mis dans le rouge », David Gaudu
Un groupe d’une vingtaine d’unités s’est ainsi dégagé avec quelques noms, et pas des moindres : Primoz Roglic, Tadej Pogacar, Marc Hirschi, Rafal Majka, Julian Alaphilippe, Joao Almeida, Michael Woods ou bien encore Alejandro Valverde. S’est de fait initié un bras de fer entre l’échappée et le peloton, qui est malgré tout parvenu à maintenir l’écart sous la minute. À vingt-cinq kilomètres de la ligne, il n’était plus que d’une vingtaine de secondes, au moment d’entamer la première des deux ascensions de Superga (4,3 km à 9%). « Yates et Quintana ont fait le jump, puis David les a imités dans un deuxième temps », glissait Sébastien Joly. Au sommet de la première bosse, le groupe de tête se garnissait finalement d’une petite dizaine de coureurs revenue de l’arrière, mais guère plus. La Deceuninck-Quick Step a dès lors tenté de faire valoir son surnombre en envoyant Mauri Vansevenant en tête, mais le Belge ne cumulait que quinze secondes de marge avant la deuxième fournée, légèrement plus longue, de Superga (4,9 km à 9%). Dès les premières rampes, Adam Yates a alors imprimé un rythme que seul Primoz Roglic fut en mesure de tenir jusqu’au sommet. C’est d’ailleurs le Slovène, dans le sprint final, qui s’est octroyé la victoire. À un troisième échelon, David Gaudu a profité d’une montée progressive pour arracher la sixième place. « Je n’étais pas dans une grande journée, confessait le jeune Breton. Je pense que les deux jours sous la pluie m’ont bien usé. Je n’avais pas les meilleures sensations. Dans la deuxième montée, j’ai géré au mieux pour ne pas exploser et essayer de terminer le plus devant possible. Je ne me suis jamais mis dans le rouge, car lorsque je l’ai fait par le passé sur cette montée, je l’ai payé sur la fin. Ça allait un peu mieux dans les deux derniers kilomètres et j’ai tenté. C’est une sixième place au final, et ce n’est pas si mal. Il n’y avait pas grand-chose à faire face à ceux qui terminent devant. Ils étaient juste plus forts ».
« Forcément de l’émotion », William Bonnet
Après ses cinquièmes places sur cette même ligne d’arrivée en 2017 et 2019, celui qui fêtera ses 25 ans dimanche a confirmé sa belle forme à l’approche du dernier objectif de sa saison, samedi. « C’est encourageant, notait-il. Le Tour de Lombardie est le chapitre qui viendra clôturer cette saison. Il faudra récupérer de ces trois jours de course, qui ont été usants, et tout lâcher samedi. J’espère finir au top là-bas ». Il devrait pouvoir former une belle paire aux côtés de Thibaut Pinot, « dans une journée moins bonne » ce mercredi. En revanche, il ne fera plus jamais équipe avec William Bonnet, qui a bel et bien tiré sa révérence sur les hauteurs de Turin, après onze ans de bons et loyaux services au sein de l’équipe cycliste Groupama-FDJ. « Il y avait forcément de l’émotion, et j’ai essayé de profiter au maximum tout en m’efforçant de tenir mon rôle d’équipier, confiait le principal intéressé le soir venu. Ça me tenait aussi à coeur de finir ma dernière course, donc j’ai terminé à mon rythme, tranquillement, en savourant les derniers instants. C’était une journée particulière, avec la petite surprise du départ, à la signature. C’était aussi la dernière course avec Thibaut… Je ne suis pas insensible à tout cela. Dans le dernier tour, je voyais les kilomètres qui défilaient. Je me rendais compte que la fin était de plus en plus proche, mais j’étais content d’arriver en haut. Je n’ai pas de regrets, j’ai donné ce que j’avais. C’est une page qui se tourne pour moi, mais c’est la vie de sportif. Il faut, à un moment, savoir s’arrêter et passer à autre chose ». « William est un très bel exemple pour nous tous, concluait Sébastien Joly. On l’a salué ce matin à la fin du briefing. Il sera encore parmi nous ce soir à l’hôtel, afin de passer une belle dernière soirée ensemble, et il repartira demain pour Paris et sa nouvelle vie. Il nous laissera à tous un très bon souvenir ».
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