Là-même où son ancien coéquipier Thibaut Pinot avait triomphé en 2018, David Gaudu s’est sublimé ce mardi aux Lacs de Covadonga, en ouverture de l’ultime semaine du Tour d’Espagne. Dans le final de la seizième étape, le Breton a longtemps tenu la dragée haute aux trois principaux favoris. Il n’a finalement concédé que six secondes au sommet à Primoz Roglic & co, glanant ainsi une nouvelle place au général pour désormais en occuper le sixième rang. La dernière ligne droite est bien entamée.
La troisième semaine de la Vuelta s’initiait ce mardi comme s’était conclue la deuxième dimanche : par une arrivée au sommet. Deux jours après l’ascension de l’effrayant Cuitu Negru, les coureurs devaient ainsi se coltiner la célèbre ascension des Lacs de Covadonga en guise de remise en route. L’ascension de douze kilomètres à 7% de moyenne intervenait après 170 kilomètres de course et deux autres bosses répertoriées, et plutôt exigeantes : le Mirador del Fito (7km à 8%) et la Collada Llomena (7,5 km à 9,5%). À l’instar de ces derniers jours, l’échappée a par ailleurs eu le loisir d’aller se jouer la victoire d’étape, puisqu’aucun de ses seize membres, parmi lesquels Wout van Aert, Marc Soler, Max Poole ou Filippo Zana ne représentait un danger au classement général. L’Équipe cycliste Groupama-FDJ a pour sa part centré son attention autour de David Gaudu. « On a vite compris qu’on aurait des difficultés à jouer l’étape aujourd’hui, notamment parce qu’on a perdu Rémy, expliquait Thierry. On espérait que la journée de repos lui ferait du bien, mais il n’y a pas eu de miracle. Pour sa santé, on a décidé de ne pas insister ». Les deux courses en une se sont rapidement dessinées, mais c’est dans le peloton que l’action a d’abord eu lieu.
« Il ne s’est pas posé de question », Thierry Bricaud
Dans la Collada Llomena, à soixante bornes du terme, la Movistar a tenté de mettre le feu aux poudres. « On savait que la course allait sans doute se durcir dans ce col, disait Thierry. David était bien vigilant, il a bien répondu, et ça l’a mis en confiance pour la suite ». « C’était une journée vraiment difficile, l’avant-dernière bosse s’est montée très vite mais je me sentais vraiment bien donc j’ai pu gérer », confiait l’intéressé. Parmi les tout meilleurs quand le groupe de favoris a explosé, David Gaudu n’a pas été mis en difficulté, et le peloton s’est ensuite partiellement recomposé en direction de la montée finale. L’échappée l’a abordé avec plus de cinq minutes d’avance, permettant à Marc Soler de filer vers la victoire, alors que le peloton s’est progressivement aminci. Les premières attaques sont survenues à huit bornes du sommet, et le groupe maillot rouge a explosé 1500 mètres plus loin. « Dans la dernière montée, j’ai lâché les chevaux, racontait David. J’ai vu qu’on était de moins en moins dans le groupe des favoris, et je sentais que j’avais encore les jambes pour suivre les trois plus forts de la journée. Aujourd’hui, je n’ai pas hésité ». Très vite, le grimpeur de la Groupama-FDJ s’est donc détaché avec Primoz Roglic, Enric Mas et Richard Carapaz. « Il connait les forces en présence et il se connaît, soulignait Thierry. Il était aussi dans une bonne journée, donc il ne s’est pas posé de question ».
« C’est pour ces moments-là que je fais du vélo », David Gaudu
Pendant une dizaine de minutes, David Gaudu a donc fait jeu égal avec les trois prétendants au podium, se flanquant même de quelques relances, avant de concéder quelques mètres à deux bornes de la ligne. Mais sans craquer. Au sommet, il a finalement obtenu la treizième place du jour, six secondes seulement derrière Roglic, Mas et Carapaz. « C’était un poil plus dur sur le haut, mais au regard de sa montée finale, c’est une belle journée pour lui, avançait Thierry. Ça continue à le rassurer et à le maintenir dans le match pour le général. C’est bien sûr positif sur le plan comptable car il a gagné une place (il est désormais 6e, ndlr), mais au-delà de ça, on ne l’avait pas vu à ce niveau depuis près de deux ans. Il est en train de reprendre confiance. Il y avait encore une petite barrière et une petite appréhension. Finalement, il n’est plus très loin de gratter la petite marge restante ». « Ça faisait très longtemps que j’étais à la recherche de telles sensations dans une montée, confirmait David. C’était vraiment du plaisir de me retrouver avec les trois autres leaders. C’est pour ces moments-là que je fais du vélo, c’est ce qui m’anime et ce qui m’avait énormément manqué. Je suis vraiment super content d’avoir pu réaliser ça aujourd’hui. Maintenant, il reste deux grosses étapes et il ne faudra pas s’endormir car les écarts sont très resserrés ».
Désormais sixième à 3’48 de Ben O’Connor, encore maillot rouge pour cinq secondes, le Breton pointe à 1’30 de la cinquième place, mais ses trois plus proches poursuivants se situent à moins de quarante secondes. En attendant que le général ne s’éclaircisse davantage vendredi, le peloton prendra la direction de Santander demain. « On avait un petit doute sur un éventuel sprint, mais avec l’abandon de Wout van Aert aujourd’hui, on sait que les Visma-Lease a Bike n’iront pas rouler, concluait Thierry. Demain, il y a de grandes chances que l’échappée aille au bout. À nous d’être bien vigilants pour essayer d’être dans le coup car il y a une victoire d’étape à aller chercher ».
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