Devant un public acquis à sa cause en direction de Mûr-de-Bretagne, David Gaudu a assuré l’essentiel ce dimanche lors de la deuxième étape du Tour de France. Comme la veille à la Fosse-aux-Loups, le jeune grimpeur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a été en mesure d’accompagner les favoris jusqu’au sommet, récompensant ainsi un travail collectif remarquable tout au long de la journée. Le Breton pointe désormais à la dixième place du classement général alors que son coéquipier Arnaud Démare entrera en scène lundi pour le premier emballage prévu de cette Grande Boucle, à Pontivy.
« Arnaud est toujours prêt à donner un coup de main », Yvon Madiot
Au lendemain d’une étape chaotique, une bonne partie du peloton s’est présentée pansée, ce dimanche, dans le splendide décor de Perros-Guirec qui faisait office de départ pour la deuxième étape du Tour de France. Beaucoup des hommes blessés ont d’ailleurs pu se réjouir d’une bataille plus courte que la veille pour l’échappée. Il n’aura en effet fallu qu’une petite dizaine de kilomètres à Edward Theuns (Trek-Segafredo), Anthony Perez (Cofidis), Simon Clarke (Qhubeka-NextHash) et Jonas Koch (Intermarché-Wanty Gobert) pour créer la bonne échappée, étoffée par le maillot à pois Ide Schelling (Bora-hansgrohe) et Jérémy Cabot (Team TotalEnergies) quelques minutes plus tard. Néanmoins, le peloton s’est montré tout aussi prudent que la veille. À défaut de nourrir des espoirs pour la victoire du jour, l’échappée s’est donc disputée les points de la montagne et le sprint intermédiaire. Au deuxième échelon de la course, Arnaud Démare s’est d’ailleurs de nouveau mêlé à ce mini-emballage pour grappiller cinq points supplémentaires dans la course au maillot vert. Aux environs de la mi-course, la bataille de placement s’est initiée au sein du peloton et Jacopo Guarnieri s’est notamment mué en gardien du corps pour David Gaudu.
La tension s’est encore davantage accentuée dans la dernière heure de course, et Miles Scotson, Bruno Armirail, Stefan Küng mais aussi Arnaud Démare ont activement contribué au bon positionnement de leur leader. « Il y avait de l’enjeu aujourd’hui, car c’était un grand rendez-vous avec cette double ascension du Mûr-de-Bretagne, assurait Yvon. Il y a, encore une fois, eu un bon travail collectif. Tout le monde a travaillé, y compris Arnaud, qui ne rechigne jamais à la tâche. Au contraire, il est toujours prêt à donner un coup de main ». Grâce notamment au travail de l’ancien champion de France, David Gaudu a ainsi pu démarrer la première ascension de Mûr-de-Bretagne dans le premier quart du peloton. Mathieu van der Poel a alors dynamité une première fois la course, mais un regroupement d’environ quatre-vingt coureurs s’est opéré par la suite. « Dans le final, on avait encore trois coureurs pour travailler et se placer », précisait Yvon Madiot. Après un ultime relais de l’inépuisable Stefan Küng, Valentin Madouas s’est chargé de remonter son compère breton à l’approche de la dernière difficulté. « L’objectif était de bien placer David au pied, confirmait Valentin. Une fois que c’était fait, il n’avait plus qu’à tenir le plus longtemps possible avec les meilleurs et faire la meilleure place possible ».
« C’était indescriptible », David Gaudu
A.S.O./Pauline Ballet
Dans l’ascension finale de Mûr-de-Bretagne, personne n’a été en mesure de rivaliser avec Mathieu van der Poel, victorieux en solitaire et nouveau maillot jaune. À un second échelon, David Gaudu a maintenu sa place parmi les principaux favoris de l’épreuve, franchissant la ligne à huit secondes du Néerlandais. « Sur une montée comme ça, ça ne pardonne pas, confiait le jeune homme. On a les jambes, ou on ne les a pas. De ce point de vue, c’est donc rassurant de finir avec les meilleurs en haut. Le petit plus aurait été de jouer la gagne, mais on est tombés sur plus fort et le Tour est encore long. Je ne suis peut-être pas à 100% sur des étapes punchy comme celle-ci, mais ça me laisse de la marge pour la 3e semaine ». Après deux étapes dans cette Grande Boucle 2021, David Gaudu occupe quoiqu’il en soit la dixième place du classement général, à vingt-six secondes de Van der Poel, mais seulement treize de Tadej Pogacar, troisième. « Les choses vont dans le bon sens, ajoutait Yvon. On est dans le bon groupe, avec les meilleurs, donc mission accomplie jusque là ».
Si David Gaudu était évidemment satisfait d’un point de vue sportif ce dimanche, il ne cachait pas non plus son émotion d’un point de vue personnel. « J’ai énormément profité, surtout sur le chemin du retour, pour redescendre au bus, glissait-il devant quelques supporters exaltés. Ce n’était que du plaisir, de l’euphorie. C’était indescriptible. J’ai pu voir mes potes dans la descente et c’était énormément d’émotions. J’étais à la maison, je connaissais les routes. C’était incroyable ». Mais pas question de perdre de vue l’objectif majeur pour le jeune homme, qui enchaînait : « Se profilent maintenant deux sprints pour Arnaud. Ce seront peut-être des étapes un peu plus tranquilles sur le départ, mais il ne faudra pas prendre de cassures ». « Demain, on va basculer sur une autre stratégie, orientée sur Arnaud, reprenait Yvon. On va travailler pour lui dans le final, mais je pense aussi que David peut profiter du train d’Arnaud pour rester bien placé ». Sur la même tonalité, Valentin Madouas concluait : « On a un groupe soudé, et non pas deux groupes dissociés. Chacun fait son boulot pour le bien de l’équipe. On l’a vu aujourd’hui, et demain, ce sera à nous d’aider Arnaud à lever les bras ».
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