Nul besoin de long discours, regarder le visage des coureurs à l’arrivée d’une étape gagnée par Nibali (Bahrain-Merida) en disait long sur ce qu’ils avaient enduré. Si Thibaut Pinot, dixième, a perdu une place au classement général, il reste néanmoins à un peu plus d’une minute du podium. Il espère retrouver rapidement de bonnes sensations.
Mortirolo et le Stelvio (à plus de 2.500 mètres d’altitude) à deux reprises, tel était le menu effrayant de cette seizième étape au lendemain de la journée de repos. Elle fut animée par une échappée de 22 coureurs qui ont tous été repris, hormis Landa (Team Sky), deuxième.
Elle a été marquée par l’arrêt du maillot rose Tom Dumoulin (Team Sunweb) avant la dernière ascension, soucieux de satisfaire un besoin naturel. Dans l’affaire, le Néerlandais luttant seul à l’arrière, a concédé plus de 2 minutes mais a su conserver le maillot rose.
« Je savais que je n’aurais pas les jambes pour suivre les meilleurs » T.Pinot
Puis il y eut l’attaque de Nibali, à 3 kilomètres du sommet de la dernière ascension, suivi des seuls Quintana (Movistar), Pozzovivo (ag2r-La Mondiale) et Zakarin (Katusha-Alpecin), tandis que Thibaut restait au niveau de Jungels (Quick Step Floors), Adam Yates (Orica-Scott), Formolo (Cannondale-Drapac) et Kruijswijk (LottoNL-Jumbo).
Thibaut Pinot dans la roue de Jungels (Quick Step Floors)
Nibali a fait le forcing dans la descente pour distancer Quintana de quelques secondes tandis que le groupe de Thibaut terminait à 1’35’’.
« Ce fut une dure journée, dit le leader du Trèfle, mais je limite la casse. Depuis la mi-course, je savais que je n’aurais pas les jambes pour suivre les meilleurs et je me suis appliqué à garder le rythme pour ne pas perdre pied, pour gérer la montée qui était dure. Ce n’est pas à cause de la journée de repos. Après 6h30 de course on n’y pense pas mais je peux dire que je ne suis pas au top depuis plusieurs jours.
« Le plus dur est pour jeudi […]. Ça risque d’être sévère » M.Gayant
« On ne peut pas dire qu’il était dans un grand jour, confirme Martial Gayant et avec un tel parcours c’était inquiétant… Thibaut a limité les écarts pour être encore ce soir 4e au général. C’est sûr, il ne pouvait pas accompagner Nibali. Il est déçu, il pensait conforter son podium. Pourtant, dans de telles conditions, ce n’est pas si mal qu’il finisse 4e. Maintenant, le maître mot, c’est la récupération. »
Si cette étape de Bormio était l’épouvantail de ce Giro, la montagne est loin d’être finie. Martial sait que l’enchainement des deux prochaines journées est capital.
« Demain, poursuit-il, ce sera dur pour ceux qui n’ont pas récupéré. Dès le départ, on monte vers Aprica et celui qui n’a pas de bonnes sensations, pendant 15 kilomètres va dérouiller. Il y a une descente et puis le Passo del Tonale qui monte à 1.900 mètres. Le menu des 60 premiers kilomètres de cette étape est copieux. Après c’est moins compliqué mais c’est encore 220 kilomètres, ça va être long. Le plus dur, selon moi, est pour jeudi puisque qu’après deux étapes marathon il s’agira d’une étape très courte (137 km) avec 3 cols à plus de 2.200 mètres. Ça risque d’être sévère. En retrouvant un bon Thibaut, je suis certain qu’il n’y a rien de perdu. Cette étape de jeudi est terrible ! »
Ce matin, au départ de Rovetta, l’équipe FDJ s’était élancée sans William Bonnet qui a jugé, avec le staff de l’équipe, qu’il était inutile d’insister.
« Sur le plat c’était douloureux, confie son directeur sportif, alors en haute montagne… Il va respecter 8–10 jours de repos avant de passer un scanner. William vient quand même de faire 12 étapes en ayant mal. C’est une sage décision. Sinon, Tobias Ludvigsson a passé une mauvaise journée. Il a pris des coups de chaud récemment et ça l’a affaibli mais je note qu’aucun de nos coureurs n’a fini dans le gruppetto. »
Par Gilles Le Roc’h
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