Après s’être accordé une grande coupure depuis l’été, Thibaut Pinot a retrouvé ses équipiers depuis une semaine en Espagne pour le premier stage de préparation à la saison 2017. Détendu et souriant, le leader de l’équipe FDJ est déjà bien concentré sur ses objectifs, surtout le Tour d’Italie qu’il va enfin découvrir et, espérons-le, confirmer la phrase tatouée sur son bras ‘’Solo la vittoria e bella’’.
Thibaut, c’est une évidence, tout le monde se demande comment tu vas ?
Je suis très tranquille mais très content d’être en stage en Espagne. J’avais hâte de revoir tout le monde et de rouler au soleil et sous le beau temps. Chez moi, en Haute-Saône, il a fait très moche. Il a beaucoup plu début novembre et puis il a fait très froid. C’était compliqué de m’entraîner. Ici, je prends du plaisir, tout le monde est de bonne humeur.
« Sincèrement, je pense que j’avais besoin de cette grosse coupure à la moitié de ma carrière »
Pour revenir à ce qu’il s’est passé au cours du dernier été, il semble que tu étais arrivé à saturation après avoir enchaîné deux années très intenses ?
C’est vrai, j’ai tiré sur la corde depuis ma troisième place dans le Tour de France 2014 et je n’ai pas arrêté. J’ai beaucoup donné, enchaînant les objectifs et je l’ai payé dans le Tour de France 2016. Cela ne signifie pas que j’ai des regrets parce que dans cette période de deux ans, j’ai obtenu de très beaux résultats.
Comment as-tu négocié cette longue période depuis le 14 juillet ?
J’ai repris après avoir été soigné, je me suis arrêté pendant une semaine seulement. J’ai fait du vélo loisir sans me prendre la tête, un coup une sortie de deux heures, un autre une sortie d’une heure. En fonction de mes envies. J’ai fait comme ça jusqu’à la mi-septembre puis je suis resté un mois et demi sans vélo. Sincèrement, je pense que j’avais besoin de cette grosse coupure à la moitié de ma carrière. Je me suis occupé de mes étangs, j’ai fait des matches de foot avec mes copains. J’ai pris le temps de vivre comme je ne l’avais jamais fait au cours des 15 dernières années. Quand j’ai fait des barbecues fin juillet ça m’a fait drôle mais ça m’a fait du bien surtout. Je suis allé dans le sud de la France aussi sans avoir en tête l’idée de travailler comme je l’ai toujours fait. Aujourd’hui, je me sens bien. J’ai de l’envie.
Quand as-tu repris l’entraînement ?
Le 1er novembre.
« C’est la première fois de ma carrière que je tente ce doublé. C’est un défi à relever »
En changeant, avec ton frère, ta façon de faire ?
Je n’ai pas changé ma manière de travailler, seul mon programme de courses va changer. Depuis le 15 juillet, je n’ai pas fait de gros efforts. Ici, depuis le début du stage avec l’équipe FDJ, on fait des sorties de quatre à cinq heures, ça roule bien. En endurance, c’est logique, j’ai perdu mais il me manque seulement deux semaines à entraînement égal pour être au niveau.
Thibaut Pinot s’entrainant au contre la montre lors du premier stage à Calpe (Espagne)
Puisque tu as annoncé ta participation au Tour d’Italie avant de doubler avec le Tour de France, quel sera ton programme ?
Ce sont les deux grands axes, oui, et le Giro c’est la première grosse ligne. Je vais changer complètement de programme. A vrai dire, je suis content de casser la routine, de ne plus faire les mêmes grosses courses qui étaient à mon calendrier depuis cinq ans. Comme chaque année, je vais reprendre dans La Marseillaise puis enchaîner le Tour de la Communauté de Valence et le Tour Algarve en février. En mars, Tirreno-Adriatico sera un objectif puis je vais activer ma préparation au Giro, partir en stage et disputer le Tour du Trentin, qui me tente depuis longtemps, avant le Giro. Il n’y a plus de Tour du Pays-Basque, plus de Tour de Romandie. Je suis heureux de changer.
Comment sens-tu ton équipe au cours de ce stage ?
Les recrues (Jacopo Guarnieri, Tobias Ludvigsson, Davide Cimolaï, Rudy Molard, les jeunes David Gaudu et Leo Vincent) sont super bien intégrées. Les étrangers parlent français ou l’apprennent. Un mec comme Guarnieri est exceptionnel, toujours de bonne humeur. J’imagine bien qu’il y aura un des deux Italiens avec moi dans le Giro.
Ce sera ta première participation au Giro, tu as déjà le parcours en tête ?
J’ai regardé quand il a été dévoilé. Je sais ce que seront les arrivées au sommet. Comme toujours ce sera un Giro très difficile. J’en parle avec mes équipiers, ceux de ma garde rapprochée, et ça les motive. Ils sont même aussi motivés que moi. Ils sont importants pour moi parce qu’ils m’ont toujours poussé. La composition n’est pas faite mais certains de ceux qui ont fait le Tour avec moi seront au départ du Giro.
Il y a aura le Tour de France ensuite, tu as lu les commentaires de ceux qui pensent que tu ne supportes pas la pression ?
Avant, ça m’aurait énervé. Là, franchement, je n’y accorde aucune importance. Et puis cette histoire de pression du Tour c’est une ânerie. Ou alors le podium et le maillot blanc en 2014 n’auraient pas existé et ma victoire dans l’Alpe d’Huez l’année suivante non plus. De toute façon, jusqu’au 28 mai, je vais focaliser sur le Giro sans penser au Tour. On verra ensuite comment ça se passe, c’est la première fois de ma carrière que je tente ce doublé. C’est un défi à relever.
Victoire de Thibaut Pinot à l’Alpe d’Huez pendant le Tour de France 2015
Que vas-tu faire après ce stage qui s’achève demain ?
Je vais partir une semaine à Tignes avec ma famille avant Noël et puis je vais aller dans le Sud pour bien travailler jusqu’au stage de janvier à Calpe. Je vais essayer de faire le mois de février sans pression. Si ça marche, c’est bien mais je sais aussi que c’est mieux de ne pas courir après la condition physique. Je n’ai pas envie de perdre mon temps. Je vais toujours sur une course pour bien la faire, les kilomètres je les fais à l’entraînement et pendant les stages. J’aimerais bien changer, envisager ces compétitions différemment mais je me connais, je ne vais pas aimer me faire lyncher non plus !
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