Place était faite, ce dimanche, à l’étape la plus singulière du 111ème Tour de France. Autour de Troyes, sur quasiment 200 kilomètres, les coureurs faisaient face aux fameux « chemins blancs » pour une journée assimilée par certains à une course « gravel ». Quatorze secteurs, dont quelques-uns en bosse, étaient au menu du jour, pour un kilométrage total de routes gravillonneuses de trente-deux kilomètres. Il s’agissait aussi là d’une opportunité en or pour les baroudeurs, et la bataille attendue pour l’échappée a bel et bien pris place. Après une dizaine de kilomètres, un premier groupe est parvenu à s’extirper, et Romain Grégoire en faisait partie. Une dure lutte s’est alors installée sur près de trente kilomètres avec le peloton, l’écart n’a jamais franchi les vingt secondes, et tout s’est alors regroupé quelques encablures avant le premier « chemin blanc ». Quentin Pacher et David Gaudu ont suivi les quelques relances, mais pour une poignée de secondes, l’Occitan a raté le mouvement décisif initié par dix coureurs. Le peloton a alors calmé le jeu et a quelque peu bloqué la route sur le premier secteur. Lorsqu’ils ont enfin pu se dégager, après la première côte du jour, Clément Russo et Stefan Küng avaient alors une minute d’écart à combler.

Avec une poignée d’autres coureurs, ils ont bien tenté de mener la poursuite pendant près d’une heure de course, mais le peloton s’est finalement rapproché d’eux plus vite qu’ils ne se sont rapprochés de l’échappée. Leur tentative a ainsi pris fin à 110 kilomètres du terme. « Romain avait fait un gros effort au départ, puis on a loupé le bon coup, et on a couru à contre-temps à partir de là, regrettait Benoît. C’est vraiment dommage ». « Le but était vraiment de jouer l’étape, d’être acteurs et d’aller de l’avant, confirmait Clément Russo. Malheureusement, on est sortis à contre-temps avec Stefan et on n’a pas réussi à rentrer sur les coureurs de tête. Et derrière, ça a également bataillé dans le groupe maillot jaune… C’est un peu frustrant ». Après une certaine temporisation dans le peloton, les grandes manœuvres ont débuté aux alentours de la mi-course, et les favoris ont tour à tour attaqué, et essayé et de mettre en difficulté leurs adversaires directs. « C’était la guerre toute la journée, expliquait Quentin, présent une bonne partie de l’étape au sein du groupe maillot jaune. C’était une guerre de placement avant chaque secteur, et c’était full gas jusqu’au bout. En milieu de course, il y a eu des secteurs vraiment raides, qui ont fait une vraie sélection ».

Au sein d’un peloton d’une quarantaine d’hommes, Kevin Geniets, David Gaudu et Quentin Pacher étaient toujours présents à l’entame de la dernière heure de course, Stefan Küng ayant lui été écarté sur crevaison. De retour sur un profil assez plat dans les quarante derniers kilomètres, des contres ont émané du peloton, une minute trente derrière l’échappée, et David Gaudu s’est mis en valeur. « Ma journée était mal embarquée après le deuxième secteur mais je n’ai pas paniqué, disait-il. C’est rentré, j’ai pu me remettre dans la course, et plus les secteurs passaient, mieux je me sentais. Dans le final, j’ai vu Matthews et Tiller sortir, et j’y suis allé. Je me suis retourné, j’ai vu Van der Poel, le maillot vert Girmay, et Quentin m’a dit dans l’oreillette qu’on avait fait le trou. Je me suis demandé dans quoi je m’étais embarqué avec ces cocos ! » Au sein d’un groupe de costauds, le Breton est revenu à une trentaine de secondes des hommes de tête, mais la jonction n’a jamais pu s’effectuer, et ce malgré les chemins et des relais consistants. « On n’était pas si loin de rentrer, mais deux coureurs ne passaient pas car ils avaient quelqu’un devant et on n’a pas réussi, disait-il. J’ai quoi qu’il en soit pris beaucoup de plaisir sur ces chemins blancs. C’est ma meilleure journée depuis le début du Tour ».Le grimpeur tricolore s’est finalement adjugé un accessit dans cette étape intense et parfois folle. Sur la ligne, il a en effet obtenu la quinzième place au sein du groupe de poursuite, une grosse minute après le vainqueur Anthony Turgis. « Les sensations reviennent bien, ajoutait-il. On va récupérer demain, après-demain également, et on essayera de s’échapper de nouveau mercredi vers Le Lioran ». « C’est une occasion manquée, mais on retentera », confirmait Clément. Et Benoît Vaugrenard de conclure : « On est forcément très déçus car je pense qu’on méritait mieux. Le groupe était bon, mais on n’a pas couru juste et on l’a payé ».

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