Comme ça, sur le papier, il sera dit que Thibaut Pinot a perdu 18 secondes sur le maillot rose Simon Yates (Mitchelton-Scott) vainqueur en puncheur de la onzième étape du Tour d’Italie et onze secondes sur Tom Dumoulin (Team Sunweb) mais s’agissant d’une journée piégeuse, le leader de l’équipe Groupama-FDJ peut être satisfait, sa troisième place au classement général est confortée et le terrain sur lequel il excelle approche !
Forcément, dans l’âpreté de l’effort nécessaire dans la côte pavée d’Osimo, Thibaut a établi un bilan rapide de sa journée : « Je n’étais pas dans une grande journée et j’ai limité la casse. Avec mes équipiers, nous avons dépensé beaucoup d’énergie pour rester placé parce que c’était dangereux. Le maillot rose a gagné l’étape mais on s’en doutait, Yates a un punch assez terrible en ce moment. J’ai fait ce que j’ai pu, en plus sur des pavés, ce n’est pas ce que je préfère… »
« Thibaut sait aborder ce type de final parce qu’il met beaucoup d’application dans son placement. » M. Gayant
Dans l’urgence d’une journée stressante, les quelques secondes abandonnées par Thibaut étaient détaillées par un miroir grossissant. Pour autant, elles ne remettent rien en cause. En revanche, le temps perdu par des adversaires directs, notamment Froome (Team Sky) comptant désormais plus de deux minutes de retard sur le leader de l’équipe Groupama-FDJ, laisse penser qu’il a fait une nouvelle belle opération !
« C’était une journée dangereuse, dit Martial Gayant. C’était une étape courte, sur un terrain qu’on connaît et qui nous rappelait que Thibaut sait aborder ce type de final parce qu’il met beaucoup d’application dans son placement. Pour autant, c’était dangereux parce que c’était tendu. Il y avait beaucoup de nervosité. Elle est ressentie. Elle est palpable. Les prochaines étapes seront plates et en montagne et pas mal d’équipes se disent qu’elles ne vont pas se mettre grand chose sous la dent. Tout le monde essaie de s’en sortir. Jérémy en venant chercher des bidons à 60 kilomètres de l’arrivée m’a dit que ça frottait, que c’était dingue… »
« Nous-mêmes, nous recherchons une victoire et ce n’est pas évident. L’an dernier, Thibaut avait pris la deuxième place derrière Sagan d’une étape similaire dans Tirreno-Adriatico mais là, en voyant Yates attaquer, on savait qu’il n’y aurait rien à faire. Thibaut s’est battu et a fini à 8 secondes du vainqueur qui engrange dix secondes de bonification, à cinq secondes de Dumoulin qui prend six secondes de bonification mais il a encore repris du temps sur Froome, Carapaz (Movistar), Aru (UAE-Team Emirates) et Bennett (LottoNL-Jumbo). »
« Physiquement, il est dans le coup, il va bien. »
« Intrinsèquement, le week-end est très important pour nous avant le contre la montre de mardi. Samedi le Monte Zoncolan sera le révélateur de l’homme fort de ce Giro, c’est une ascension mythique et terrible pour ceux qui y sont en souffrance. Le lendemain fera mal et s’ensuivra le chrono de 34 kilomètres. Ce seront trois journées cruciales.
« Thibaut, poursuit Martial, je le sens bien. Dans l’approche des étapes au cours du briefing, il demande à ses équipiers d’aborder certains points clé auprès de lui. Il a toujours une idée du scénario. Physiquement, il est dans le coup, il va bien. Il y a Simon Yates qui est au dessus du lot, ce n’est pas la peine de le rappeler mais ça se fait à la pédale et à la pédale, il est à 6 secondes de Dumoulin aujourd’hui. L’an dernier il était à 30 secondes. »
La douzième étape jeudi, jugée sur le circuit automobile d’Imola, est promise à un sprinteur. Les coureurs vont longer longuement la mer adriatique mais il n’y a pas de crainte d’un vent contrariant.
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