Ignas Konovalovas, l’une des cinq recrues de l’équipe FDJ a disputé dimanche sa première course dans le Grand Prix « La Marseillaise ». Il a déjà impressionné ses équipiers par sa capacité à rouler fort, vite et longtemps. Le coureur lituanien se plait déjà beaucoup dans sa nouvelle équipe et nous dit pourquoi.
Première chose, quelle est ton prénom ?
Sur le passeport c’est Ignatas mais dans la vie de tous les jours c’est Ignas
Comment es-tu arrivé au sein de l’équipe FDJ ?
Après ma victoire aux 4 jours de Dunkerque en mai, j’ai été contacté par Marc. J’étais un peu surpris que ce soit le manager de l’équipe qui m’appelle et me propose de venir à la FDJ. D’ailleurs ça change tout, ce n’est pas moi qui arrive c’est l’équipe qui vient me chercher. C’est mieux. Je n’ai pas trop réfléchi.
Comment s’est déroulée ta carrière jusque là ?
Quand tu vois mon parcours, tu peux penser que je suis difficile, que je vais toujours chercher les problèmes mais pas du tout. Mes deux premières équipes pros se sont arrêtées. Après le Crédit Agricole j’ai été pris chez Cervélo en 2009 comme un spécialiste du contre la montre avec une victoire au Giro et un Top 10 au Mondial mais là, je me suis perdu moi-même. Cervélo était une équipe énorme. La première qui a voulu tout changer, le maillot aérodynamique, le matériel. Au début, tout le monde se moquait un peu de nous mais après on nous a pris au sérieux. C’était une équipe novatrice travaillant pour optimiser les conditions de travail. Et là j’arrive chez Movistar qui est vraiment une équipe à l’ancienne.
Comment ça ?
Tout ce que j’y entendais c’était ‘’Mañana, Mañana’’, ‘’t’inquiète, tranquillo’’. C’était quand même très différent et en un hiver, je n’ai plus marché en chrono et aujourd’hui encore je ne me l’explique pas. Je vais essayer avec FDJ de retrouver mes qualités mais du coup il a été normal, chez Movistar, qu’on me considère seulement comme un équipier. J’étais bon dans ce rôle-là mais je n’ai pas fait le travail pour lequel l’équipe espagnole était venue me chercher.
Du coup tu signes chez MTN ?
J’ai fait deux ans dans cette équipe qui montait. Fin 2014, est arrivé un nouveau manager général, Brian Smith, qui avait d’autres priorités, d’autres vues pour cette équipe. Il a embauché des coureurs de grandes nations, des Australiens, des Belges, des Britanniques et nous avec Sergio Pardilla également en fin de contrat, ils nous ont lâché fin septembre, pendant le Mondial. L’UCI demande aux équipes de prévenir les coureurs avant le 30 septembre, j’ai reçu le mail le 28. Il restait peu de temps pour me retourner.
Retourner à Marseille où tu avais été amateur, c’était repartir de zéro ?
C’était différent mais je ne me suis jamais dit que je repartais de zéro. C’est pas important finalement l’équipe où tu es du moment que tu as des rêves et que tu tu donnes les moyens d’aller les chercher. Nous étions 11 coureurs d’une équipe continentale et familiale, il y avait moins de pression, plus de possibilités pour s’exposer et ça a bien marché.
Quel va être ton travail à la FDJ ?
Dès le début d’année, je vais être avec Arnaud Démare. Je vais être près de lui, dans le train pour le sprint et j’espère bien marcher pour ce métier parce que ça me plait bien. Et puis je dois faire les classiques pavées. Quand j’ai gagné les 4 Jours de Dunkerque, les médias m’ont demandé ‘’c’est quoi tes rêves ?’’. La réponse était facile : ‘’faire Paris-Roubaix, le Tour des Flandres’’. Marc m’a dit qu’il m’embauchait pour ce groupe des classiques avec Arnaud.
Tu découvres une équipe finalement très novatrice aussi ?
Je pensais après avoir couru au Crédit Agricole qui était une équipe de la vieille école, que normalement FDJ ne serait pas trop évoluée. Je dois dire je suis vraiment surpris. Tout le monde travaille beaucoup pour trouver des nouveautés, beaucoup pour le matériel et ça me plait beaucoup. Lapierre fait un job incroyable. Je sais que les vélos changent complètement chaque année. Le groupe de Frédéric Grappe travaille comme une université, les entraîneurs sont toujours auprès de moi, le staff est bien présent. C’est bien organisé.
Qui est ton entraîneur perso ?
Seb Joly m’entraîne et fait beaucoup de tests matériel et vêtements. En permanence, il cherche et c’est rare dans une équipe pro. D’habitude, pour une équipe World Tour c’est le business qui importe… garder le sponsor, en trouver d’autres mais ici le sponsor travaille avec l’équipe. C’est assez proche finalement de Cervélo Test Team. C’est la FDJ Test Team.
Parle-nous du cyclisme en Lituanie ?
Il manque l’argent. Le problème aussi c’est qu’il y a un trou entre deux générations entre moi et Navardauskas (Cannondale) qui est le dernier à être passé pro et la suite. Les juniors et espoirs ne font plus la Coupe des Nations. Cette année, c’est une bonne nouvelle, s’est montée une équipe continentale lituanienne de neuf coureurs. Cela donne des perspectives. Dans mon pays, il y a beaucoup de courses, ‘’des courses pour tout le monde ça s’appelle’’, des ‘’Vélomarathons’’. Un casque, un vélo et tu cours. Parfois ils sont 5.000 au départ. Je crois qu’il y a désormais du potentiel et de plus en plus de jeunes.
Comment as-tu débuté dans ce sport ?
Je viens de Panevezys, la cinquième ville lituanienne et d’une famille de vélo, ma mère était cycliste et mon père entraîneur de vélo. Au début je n’aimais pas, j’ai commencé à 14 ans. J’ai fait du triathlon sans entraînement, je marchais bien sur le vélo. Et puis fin 2005, Luc Leblanc a monté l’équipe MBK-Lotus. J’y ai fait les trois derniers mois et je suis parti à La Pomme-Marseille pendant deux ans avant de passer pro. La France m’a beaucoup aidé.
Tu vis où ?
Je vis en Lituanie et à Oliva en Espagne quand il fait froid. Sinon je suis en Lituanie. J’ai quatre aéroports près de chez moi, je ne perds pas trop de temps dans les transferts. Bon, pour l’entraînement, la Lituanie qui est toute plate, ce n’est pas terrible. C’est pour ça aussi que je suis venu m’installer en Espagne.
Marc Madiot ne t’a pas demandé de t’installer en Mayenne ?
Non pas encore… pourquoi ? Il fait ça ?
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