L’Équipe cycliste Groupama-FDJ a connu deux sentiments différents ce jeudi, lors de la troisième journée de course du Tour Poitou-Charentes en Nouvelle Aquitaine. La frustration, d’abord, avec la quatrième place de Paul Penhoët dans l’étape matinale, devancé de justesse par les trois rescapés de l’échappée. Puis le bonheur, en fin d’après-midi, avec la victoire de Bruno Armirail sur le contre-la-montre de 22 kilomètres à La Roche-Posay. Le rouleur occitan s’est de fait offert son deuxième succès chez les professionnels, et ne pointe qu’à six secondes du maillot de leader désormais porté par Søren Wærenskjold. Le dernier acte à Poitiers promet d’être animé.
« Ça ne se joue pas à grand-chose », Paul Penhoët
Ce jeudi, c’était donc double ration de course sur le Tour Poitou-Charentes en Nouvelle Aquitaine. Tout commençait avec une étape en ligne matinale, sur le papier promise aux sprinteurs compte tenu de l’absence de réelles difficultés sur le tracé de 94 kilomètres menant à La Roche-Posay. James Fouché (Bolton Equities-Black Spoke), Samuele Rivi (Eolo-Kometa), Davide Gabburo (Green Project-Bardiani CSF-Faizane’) et Jean-Louis Le Ny (Nice Métropole Côte d’Azur) ont rapidement pris les devants mais n’ont jamais compté plus de 2’30 d’avance. « On pensait que ça allait être facile à gérer, mais personne ne nous a aidés en poursuite et Lada a roulé seul, expliquait Paul Penhoët. Quand il s’est écarté, le peloton s’est un peu désorganisé ». À l’entrée dans les vingt derniers kilomètres, le peloton accusait encore un débours supérieur à la minute alors que les conditions météorologiques devenaient exécrables. « J’ai su que ça allait être compliqué car il y avait encore plus d’une minute à dix kilomètres, surtout avec la pluie qui favorise généralement les échappés », ajoutait Paul Penhoët. Le peloton s’est d’ailleurs scindé dans les derniers kilomètres, tout en se rapprochant des échappés à l’abord de La Roche-Posay. Bien maintenu en tête de peloton, le sprinteur de la Groupama-FDJ est passé au travers des incidents. « On a de nouveau réussi à bien se trouver avec Bram dans le final, et j’ai pu prendre le dernier virage en tête comme on l’envisageait, ajoutait Paul. Malheureusement, je viens mourir sur les talons des trois échappés. C’est dommage car ça ne joue pas à grand-chose, mais c’est comme ça, et bravo aux échappés qui ont tout de même fait un sacré numéro ».
« Bruno ne devait pas viser autre chose que la gagne », David Han
Au lendemain de sa victoire, le jeune homme de 21 ans s’est donc contenté de la quatrième place, conservant malgré tout le leadership de l’épreuve avant le contre-la-montre de l’après-midi. Tracé autour de La Roche-Posay sur 22,1 kilomètres, l’exercice solitaire devait rebattre les cartes au général. « C’était un vrai chrono de spécialistes, sur de belles routes, exposait David Han, entraîneur de l’équipe et de Bruno Armirail en particulier. Grosso modo, il s’agissait de trois lignes droites de sept kilomètres. C’était un peu plus dur sur la deuxième partie en raison d’une bosse, puis il y avait un long faux-plat descendant sur la dernière portion ». Parti relativement tôt, Enzo Paleni a signé le troisième temps provisoire à son arrivée puis a longtemps conservé sa place dans le top-10. À 16h27, Bruno Armirail s’est quant à lui présenté sur la rampe de lancement avec un statut de favori. « Depuis une semaine, je lui disais qu’il ne devait pas viser autre chose que la gagne, compte tenu de son niveau et de ce que l’équipe investit avec lui dans la discipline depuis des années, confiait David. Concernant le plan d’attaque, on a été un peu gênés par le vent. Il y a eu de gros orages en fin de matinée, de la pluie en début d’après-midi et il n’y avait pas deux prévisions similaires. On avait deux scénarios selon le sens du vent, mais on a vu assez vite que le classement à l’intermédiaire était plus ou moins le classement à l’arrivée ».
Après environ douze minutes d’efforts, l’ancien champion de France est justement passé à l’intermédiaire. Officiellement avec une petite seconde d’avance sur l’ancien meilleur temps, mais bien plus selon le chrono de son entraîneur. « Étant dans le doute, je lui ai simplement dit qu’il était premier à l’intermédiaire, mais que c’était normal vu ceux qui étaient partis avant, et que l’adversaire était Wærenskjold, expliquait David. Le vrai indicateur était qu’il creusait sur Enzo ». « Les sensations étaient assez correctes et je suis bien parti, relatait Bruno. J’ai un peu coincé sur le sommet de la bosse car il fallait relancer et remettre du braquet, mais je pense que c’était dur pour tout le monde. Mon entraîneur et mon directeur sportif m’ont poussé, et dans ces moments-là, ça se fait aussi au mental ». Après un moment délicat, le rouleur occitan s’est joliment ressaisi et est allé établir le meilleur temps avec quarante-sept secondes d’avance sur la ligne. Il lui a dès lors fallu attendre l’arrivée du champion de Norvège, deuxième du général et attendu comme son principal concurrent. Annoncé – probablement à tort – à plus d’une minute à l’intermédiaire, le coureur d’Uno-X a finalement coupé la ligne à tout juste dix secondes du coureur de la Groupama-FDJ.
« J’aimerais gagner le général », Bruno Armirail
Le Haut-Pyrénéen a dès lors pu faire redescendre la pression et entériner son deuxième succès au plus haut-niveau. « Je gagne, c’est bien, mais je voulais aussi prendre la tête du général, confiait-il. Je suis donc à moitié satisfait ». « Il a battu Wærenskjold qui a fait treizième du Mondial, deuxième du chrono du Tour du Danemark, qui est un très bon coureur de contre-la-montre, puis il y a de gros écarts derrière, ajoutait David Han. Au-delà de la victoire, c’est une réelle performance en soi ». Une performance qui n’a donc pas suffi à prendre les commandes du général, désormais occupées par le Norvégien pour six secondes devant le Français. « On verra quelle sera notre tactique demain, expliquait Bruno. Il reste une belle étape à faire et ce n’est pas un secret qu’on va tenter. On sait que c’est souvent un sprint à Poitiers, mais on va essayer. J’ai déjà fait deuxième du général il y a deux ans, donc j’aimerais le gagner cette fois ». Paul Penhoët, pour sa part, a glissé en vingt-cinquième place du général ce jeudi après avoir réalisé le 47e temps du chrono. Il représentera lui aussi une possibilité à l’occasion de la dernière passe d’armes vendredi.
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