Sur les routes vosgiennes, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a ce jeudi 17 juin connu l’une des plus grandes journées de sa longue histoire. À l’occasion du championnat de France du contre-la-montre 2021, du côté d’Épinal, les hommes de Marc Madiot ont archi-dominé la concurrence et ont tout simplement trusté les trois places du podium final ! Deux ans après son premier titre dans la discipline, Benjamin Thomas a récupéré le maillot bleu-blanc-rouge tandis que Bruno Armirail et Alexys Brunel se sont respectivement octroyé les médailles d’argent et de bronze. Une journée tout simplement parfaite.
« Je ne réalise pas encore », Benjamin Thomas
Un an après l’avoir cédé, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ repartait à la conquête du maillot tricolore ce jeudi. Pour ce faire, elle disposait de plusieurs cartes sur le parcours assez exigeant d’Épinal, tracé sur un peu plus de quarante-cinq kilomètres. « Il y avait un peu plus de dénivelé que l’an passé, mais quand on a mis les roues sur le parcours, on s’est rendu compte qu’on ne le sentait pas tant que ça, indiquait Anthony Bouillod, l’un des entraîneurs de l’équipe. Les montées étaient relativement roulantes, davantage que l’an passé, ce qui était plutôt à notre avantage ». Le premier coureur de la structure à s’élancer n’était autre qu’Enzo Paleni, membre de la Conti, peu avant 16 heures. Clément Davy, passé de cette même Conti à la WorldTeam durant l’hiver, lui a emboité le pas et a montré la voie à ses aînés. L’ancien champion de France Juniors a progressivement accéléré au cours du chrono et s’est même adjugé le meilleur temps provisoire à son arrivée. « Il a réalisé une très belle performance, saluait Anthony. C’est aussi son travail dans le groupe d’Arnaud qui lui permet aussi de rouler vite comme il l’a fait aujourd’hui. Il a passé un cap ». Par la suite, Alexys Brunel, Bruno Armirail et Benjamin Thomas, tous candidats au podium, se sont élancés. Et tous trois sont effectivement repartis avec une médaille ce jeudi, le tenant du titre Rémi Cavagna n’ayant pas vécu sa meilleure journée.
En tête à tous les pointages intermédiaires, Benjamin Thomas a dominé l’exercice du début à la fin pour retrouver son paletot bleu-blanc-rouge déjà glané en 2019. « C’est forcément une énorme satisfaction, se réjouissait l’Occitan. Je ne réalise pas encore. Même si je suis peut-être arrivé avec un peu moins de préparation cette année, je suis sorti d’un Tour de Suisse très relevé et j’avais confiance en mes possibilités. Je ne me fixais pas nécessairement sur Rémi. Je voulais d’abord me concentrer sur mon effort. Je suis parti un peu fort, je me suis légèrement écrasé ensuite mais j’avais les écarts vis à vis de Bruno et je pense que c’était un petit avantage. Dans la tête, ça permet de mieux gérer et de ne pas exploser. Cela étant dit, les derniers kilomètres étaient interminables. Aujourd’hui, j’ai vraiment livré le meilleur de moi-même. Il faisait certes chaud mais j’ai su en tirer un avantage. Je l’ai supporté plutôt convenablement, même si j’ai souffert comme tout le monde ». « Je ne suis pas tellement surpris par Benjamin, bien que sa préparation ne se soit pas articulée autour du championnat de France, ajoutait Anthony, son entraîneur. C’était plutôt un point de passage en vue de l’échéance olympique, pas un objectif à part entière comme en 2019. Pour autant, les deux dernières semaines nous ont bien confortées. Il était en bonne condition. Mais surtout, son approche de l’événement et les conditions de chaleur étaient similaires à celles d’il y a deux ans, et ça l’a également mis en confiance ».
« C’est vraiment incroyable », Alexys Brunel
Son dauphin du jour, Bruno Armirail, a lui aussi été extrêmement régulier tout au long des quarante-cinq kilomètres de course. Troisième au premier intermédiaire, deuxième au second, le Haut-Pyrénéen s’est logiquement adjugé son deuxième podium consécutif sur le championnat de France de la discipline. « Troisième l’an passé, deuxième cette année, récapitulait Bruno. Je suis passé à côté du titre mais Benjamin a été le plus fort aujourd’hui. J’espère que je pourrai aller chercher le maillot dans les prochaines années, mais c’est tout de même une satisfaction d’être sur le podium. Je n’ai pas fait d’erreurs. Le but était de ne pas partir trop fort car on sait que ça peut se payer sous la chaleur. Ensuite, je n’avais rien à perdre. Quand j’ai su que je jouais contre Benjamin, j’ai tenté d’aller chercher toutes les ressources au fond de moi-même. Avec ce nouveau podium, je confirme, mais le but ultime reste de gagner. C’est bien d’enchaîner des podiums, des top-5, mais il me manque la victoire. J’espère encore avoir une petite marge de progression. J’avais moins préparé l’exercice cette année que d’habitude car j’ai davantage priorisé la montagne. J’espère encore m’améliorer sur ma position et sur beaucoup d’autres points pour essayer de décrocher la victoire l’an prochain ».
À terme, Alexys Brunel compte lui se rapprocher du maillot tricolore. En attendant, le jeune Nordiste de 22 ans, spécialiste de longue date du chrono, a signé une superbe performance avec une troisième place à moins d’une minute de Benjamin Thomas. « D’un point de vue personnel, c’est vraiment incroyable, commentait-il. C’est mon premier podium sur un championnat de France chez les pros et je l’attendais avec impatience. C’est une petite surprise si l’on considère que je suis tombé malade sur le Tour de Suisse, que je n’ai pas pu le finir et que je n’avais pas les meilleures sensations à l’entraînement. En revanche, ça ne l’est pas dans la mesure où je connais aussi mes qualités. Quand j’ai vu le parcours, je me suis dit c’est plutôt pas mal pour moi, car assez dur et tout le temps en prise. Quand j’ai repris Stéphane Rossetto, j’ai compris que je faisais un bon chrono et que j’étais dans un bon jour. Ensuite, j’ai terminé au feeling et je ne me suis pas écrasé. C’est plaisant. D’année en année, je gagne des places et c’est bien mon objectif : faire de mieux en mieux. Je suis encore loin du maillot, il y a encore énormément de travail à effectuer et j’en suis conscient. Mais je fais tout pour que ça marche. J’espère que je pourrai le porter un jour, c’est l’un des objectifs de ma carrière ».
« Une juste récompense », Marc Madiot
Pour l’heure, Alexys Brunel a d’ores et déjà pris part à un triplé historique en accompagnant Benjamin Thomas et Bruno Armirail sur la boite à Épinal. « En dehors des performances individuelles, le fait d’en avoir trois sur le podium symbolise tout le travail de fond effectué par les entraîneurs, les mécanos, les assistants et l’ensemble du staff, soulevait Anthony. Aujourd’hui, il s’agit d’une vraie performance collective, et celle-ci ne peut s’expliquer que par un travail de l’ombre ». Les principaux intéressés ne pouvaient qu’appuyer ces propos. « La performance collective est énorme, disait le nouveau champion de France. C’est une immense satisfaction pour nous. C’est la cerise sur le gâteau pour l’équipe qui investit énormément sur le matériel et sur tout le reste. On est vraiment mis dans les meilleures conditions ». « L’équipe met tout en œuvre dans ce domaine, insistait Alexys. On a un matos au top, on ne peut pas faire mieux ! C’est un bonheur d’être dans une équipe comme celle-ci, qui se dédie tant au chrono. Pour des coureurs comme nous, c’est vraiment intéressant. Faire 1-2-3, c’est historique. Je pense que l’équipe ne pouvait pas rêver mieux aujourd’hui ».
Évidemment aux anges, le manager général Marc Madiot y allait également de son commentaire à l’issue de cette journée mémorable: « Le triplé est inattendu. On espérait être dans le match pour la gagne, et ça s’est transformé en un triplé. Il faut aussi noter la sixième place pour Clément Davy et le bon niveau de performance d’Enzo Paleni. Nos gars étaient prêts, ils étaient dans une bonne journée et profitent aussi d’une bonne dynamique. C’est aussi très bien vis à vis de l’investissement en recherche et développement que nous réalisons avec Lapierre et Fred [Grappe]. Les entraîneurs sont aussi vraiment au millimètre pour la préparation, c’est donc une juste récompense ». Une juste récompense, et déjà un titre en poche sur ces championnats de France 2021. « Ça met en confiance et ça enlève aussi peut-être un peu de pression pour dimanche, concluait Benjamin Thomas. On va approcher cette échéance avec plus de tranquillité, mais néanmoins avec beaucoup d’ambitions. On est présents et omniprésents depuis plusieurs années sur cette course, et on espère encore l’être dimanche avec une équipe forte et ambitieuse ».
Aucun commentaire