Il y eut des Tours de France où un profil tel que celui de la treizième étape aurait accouché d’une petite échappée inoffensive. Mais ce vendredi, sur la Grande Boucle, le peloton avait décidé de batailler toute la journée. Si Kevin Geniets et Romain Grégoire sont parvenus à intégrer un solide groupe de tête au départ, la course ne s’est jamais posée. Le Franc-Comtois a relancé au sein d’un quatuor à cent bornes du but, mais la lutte a fait rage jusqu’au terme des 165 kilomètres. Dans un sprint en peloton réduit à Pau, Clément Russo est parvenu à sa faire se place pour terminer septième. Jasper Philipsen l’a emporté. Place aux Pyrénées.
Avant de retrouver la montagne ce week-end, les sprinteurs espéraient bien pouvoir se jouer la victoire à Pau ce vendredi, dans une courte étape de 165 kilomètres sans difficulté insurmontable au programme. Rien n’était moins sûr, néanmoins, puisque de nombreuses équipes avaient d’autres projets sur un terrain malgré tout casse-patte au départ, puis dans le final. « On savait que ça pouvait être difficile aujourd’hui, commentait Clément Russo. Tout le monde est un peu fatigué, certaines équipes de sprinteurs ont perdu des coureurs, donc ça pouvait faire la guerre ». Celle-ci a débuté dès le kilomètre 0 et ne s’est en réalité achevée que 165 kilomètres plus loin. L’Équipe cycliste Groupama-FDJ y a encore activement pris part, en plaçant d’abord Kevin Geniets et Romain Grégoire dans un mouvement d’une vingtaine d’hommes après une poignée de kilomètres. « On ne s’attendait pas à ce que l’étape soit aussi rapide, mais on les a bien mis dedans, et il fallait être vigilant au départ, exposait Benoît Vaugrenard. Il ne fallait pas se faire avoir sur ce coup de vingt-deux coureurs. L’important était là. On en avait deux, et c’était déjà une bonne option pour nous ». « C’était une journée assez folle, avec un départ ultra rapide, témoignait Romain. C’était très important pour nous d’être dans le match tout de suite, et on l’a été. On était dans une belle échappée, où il y avait vraiment de beaux noms. On a cru que ça pouvait aller loin et se jouer la victoire. Malheureusement, quelques coureurs dérangeaient dans cette échappée, et le peloton n’a pas laissé filer ».
« On a roulé à fond toute la journée », Clément Russo
En l’occurrence, c’est la présence d’Adam Yates, huitième du général, qui n’a pas permis aux hommes de tête de se faire la malle. Le peloton a constamment maintenu la pression, et un réel bras de fer entre les deux échelons s’est installé pendant quasiment deux heures de course. L’écart a un temps passé la barre de la minute, mais guère plus. « On a essayé de relancer en repartant avec trois autres coureurs (Cort, Bernard, Kwiatkowski) à 95 kilomètres de l’arrivée, reprenait Romain. Mais derrière, il y a eu du vent, des bordures, et la physionomie de la course ne nous a pas permis d’aller plus loin que ça ». « Romain était très fort, saluait Benoît. Il fallait déjà l’être pour faire partie des vingt-deux, puis de nouveau pour être capable de ressortir ensuite. Ça n’a pas tourné en sa faveur, mais il faut continuer d’insister. Il y a bien un moment où ça va tourner, pour lui ou pour nous ». Le peloton s’est donc désagrégé à soixante bornes de la ligne, et c’est dix kilomètres plus loin que le quatuor auquel appartenait Romain Grégoire a été avalé. En délicatesse en début de journée suite à sa chute de la veille, Stefan Küng faisait partie de la première bordure à opérer la jonction. Dès lors, le paquet, quasiment réduit de moitié, a tenté de demeurer compact bien que quelques offensives aient fait irruption dans la dernière heure. « Au final, on a roulé toute la journée à fond, indiquait Clément Russo. Les montées dans le final étaient plutôt courtes, mais elles faisaient tout de même mal. Je me suis bien accroché et les gars m’ont motivé aussi. Jusque-là, je n’avais pas réussi à rentrer dans les dix au sprint. Ils m’ont dit que c’était pour aujourd’hui ».
« On va continuer de s’acharner », Romain Grégoire
Malgré les attaques, le peloton est donc arrivé groupé dans les cinq derniers kilomètres, et Clément Russo a comme à son habitude manœuvré seul. « J’ai essayé de bien me placer, relatait-il. Il y a eu une chute à 700 mètres de l’arrivée, mais j’étais heureusement du bon côté. J’étais vraiment bien placé à 500 mètres, et à 300, je me suis dit : au lieu de rester dans les roues, essaie de passer pour prendre un peu d’avance. Ensuite, j’ai forcément coincé face aux gros sprinteurs… » Sur la ligne, le Lyonnais s’est finalement doté d’une solide septième place tandis que Jasper Philipsen a raflé la mise. « C’est une petite satisfaction même si ce n’est pas ce qu’on recherche, confiait Clément. On va maintenant se concentrer sur ce week-end et essayer d’aller chercher une victoire ». « C’était une journée quand même assez positive, concluait Romain Grégoire. On était à l’avant, on essaie, encore et encore. Il nous reste encore plus d’une semaine pour le faire. La mentalité est bonne, on va continuer de s’acharner comme ça et ça va finir par payer ». Changement de décor dès ce samedi puisque le Tour de France entrera dans les Pyrénées, avec un quatorzième acte qui empruntera le Col du Tourmalet, la Hourquette d’Ancizan avant une arrivée au sommet du Pla d’Adet.
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