Il n’en restait plus qu’une ; une étape de montagne avant de rejoindre Milan pour le contre-la-montre de clôture du Giro 2021. Ce samedi, un sacré morceau était donc proposé aux coureurs en guise de dernière explication au sommet. Après le franchissement de trois belles ascensions et un crochet par la Suisse, Damiano Caruso a finalement obtenu la victoire du jour tandis qu’Egan Bernal a conservé son maillot rose. Un peu plus loin, Attila Valter s’est lui battu pour conserver son top-15 au classement général, qu’il semble avoir scellé avant un ultime effort solitaire ce dimanche.
« J’ai dû prendre mon propre rythme », Attila Valter
Avec 4000 mètres de dénivelé au programme, la vingtième étape du Giro n’apparaissait pas comme la plus vertigineuse de cette édition 2021. Cependant, après trois semaines d’efforts, et avec l’interminable Passo San Bernardino (24km à 6%) en guise d’amuse-bouche, elle avait forcément de quoi en effrayer plus d’un. Beaucoup avaient d’ailleurs dans l’idée d’anticiper les difficultés de la journée, ce qui a de nouveau donné lieu à un départ très mouvementé sur les rives du Lac Majeur. L’Équipe cycliste Groupama-FDJ y a timidement pris part mais a vite compris que le jeu n’en valait pas la chandelle. « Il y avait une forte possibilité que Bike-Exchange et Deceuninck-Quick Step contrôlent la course comme ils l’avaient fait hier, soit pour la victoire d’étape soit pour renverser le général, resituait Philippe Mauduit. Les gars savaient pertinemment que si on voyait ces deux équipes essayer de filtrer au départ, ça ne valait pas la peine de dépenser une énergie folle pour prendre une échappée qui n’irait pas au bout ». Après trente kilomètres, neuf hommes ont pris les devants, mais comme attendu, les coéquipiers de Simon Yates se sont immédiatement mis en ordre de marche et le ton de la journée a été donné.
Au moment d’arpenter les premières rampes du Passo San Bernardino, l’échappée disposait d’un matelas inférieur à quatre minutes, et leur marge s’est encore drastiquement réduite lorsque l’équipe DSM a tenté un coup de force dans la deuxième partie du col. Après plus d’une heure d’ascension, dont l’ultime partie dans un décor enneigé, cinq hommes ont réussi à basculer devant le peloton, mais pour moins d’une minute. Dans la descente, les grandes manœuvres ont débuté parmi les prétendants au classement général et la course n’a dès lors plus connu de répit. Après un bout de vallée effectuée à toute vitesse, les coureurs sont allés chercher le Splügenpass (9km à 7,3%), où tout le monde s’est retrouvé à l’ouvrage. Au pied, Attila Valter pouvait encore compter sur Rudy Molard, Matteo Badilatti, Simon Guglielmi et Romain Seigle. L’ascension a néanmoins été très rapide et le Hongrois a perdu contact à trois kilomètres du sommet. « Le but était de passer le Splügenpass avec les favoris, soutenait le jeune homme. Mais avec Bardet et Caruso devant, la course a explosé et c’était vraiment difficile. Je me sentais plutôt bien dans la première longue montée, mais la seconde s’est avérée trop dure. J’ai dû prendre mon propre rythme et on a bien géré avec Matteo. Simon Guglielmi a également beaucoup aidé ».
« Les gars se sont battus pour Attila », Philippe Mauduit
« Les gars se sont bien battus encore aujourd’hui, confirmait Philippe. Ils ont essayé d’accompagner Attila au mieux jusqu’à l’arrivée pour limiter la casse et ils ont bien géré leur effort. Simon était à jusqu’au pied de la dernière montée. Il a tout donné dans la descente et dans le faux-plat menant à l’ascension finale. Collectivement, c’était bien. On n’a certes pas les moyens de lutter pour la gagne, mais les garçons ont été capables de se retrouver autour d’Attila et de se battre pour lui ». Le principal intéressé a finalement passé la ligne environ sept minutes après le vainqueur Damiano Caruso, en vingt-cinquième position, quelques rangs devant son compère suisse. « Je ne peux pas dire que je suis super content, mais bien qu’on ait été décrochés dans le Splügenpass, nous avons réussi à ne pas perdre trop de temps aujourd’hui, reprenait Attila. Je me suis battu pour mon classement général, et ce Giro a été très long pour moi, aussi d’un point de vue mental. J’espère vraiment pouvoir conserver ce joli top 15 demain ».
À la veille du contre-la-montre de clôture, long de 30 kilomètres vers Milan, le Hongrois se retrouve exactement quinzième du général. Celui qui le précède au classement compte 42 secondes d’avance, et celui qui le suit accuse 2’33’’ de retard. « Pour Attila, le but sera de faire un chrono propre et le meilleur temps possible, tout simplement, ajoutait Philippe. La quatorzième place est jouable, mais ce sera une question de fraîcheur et de motivation. Pour le reste des troupes, il faudra surtout ne pas prendre de risques inutiles ». « Je veux faire un bon contre-la-montre demain, martelait Attila. Je sais que je joue un top 15 et non pas un podium ou un top 5, mais c’est mon objectif sur le long terme. Or, si je veux faire de bons classements généraux à l’avenir, je dois aussi être capable de faire de bons contre-la-montre finaux. C’est pourquoi je démarrerai celui de demain comme si je jouais le podium, avec l’idée de donner mon meilleur ».