La journée de repos arrive à point nommé. À l’occasion de la seizième étape du Giro ce lundi, les coureurs ont de nouveau souffert, et ce malgré un parcours remanié avec le retrait de deux difficultés importantes en raison des conditions météorologiques. Il a néanmoins fallu arpenter le Passo Pordoi, où tout s’est décanté, et où Attila Valter s’est une nouvelle fois battu pour rester placé au classement général. Si Egan Bernal est allé conforter son maillot rose à Cortina d’Ampezzo, le jeune Hongrois a lui terminé en vingt-et-unième position et demeure ainsi dans le top 15 du général (13e) à cinq étapes du terme.
« Dans ces cas-là, c’est du chacun pour soi », Philippe Mauduit
Ce devait être l’une des, sinon l’étape reine du Giro. Tracé sur pas moins de 212 kilomètres à travers les « Passi » Fedaia, Pordoi et Giau dans la deuxième partie de course, le seizième acte du Tour d’Italie s’annonçait redoutable. Sauf qu’à la difficulté du parcours s’est ce lundi ajoutée celle de la météo qui, de par les températures très basses annoncées et la pluie quasi-permanente, ne pouvait suffisamment garantir la sécurité des coureurs. Au départ de Sacile, les différentes parties prenantes se sont ainsi réunies et ont décidé de réduire l’étape à 153 kilomètres en escamotant les « Passi » Fedaia et Pordoi. « On était concentrés sur l’étape et non pas sur les discussions, car ça ne dépendait pas de nous, glissait Philippe Mauduit. On s’apprêtait à faire une course, même si on ne savait pas de combien de kilomètres elle serait constituée jusqu’à une heure du départ. On avait demandé aux coureurs de rester calmes, concentrés sur les 212 kilomètres, et qu’on aviserait en fonction de ce qui serait décidé. Puis l’info est tombée. Tout le monde savait que ce serait une journée extrêmement difficile, que ce soit sur 150 ou 210 kilomètres. Peu importe la longueur de l’étape et les difficultés au menu, il fallait partir avec un état d’esprit combatif ».
« Heureusement, l’organisateur a pu adapter le parcours et je pense qu’il a bien fait car ça a donné une très belle étape, argumentait Rudy Molard. Si on l’avait parcourue en intégralité, je pense aussi qu’il y aurait eu beaucoup de monde à la maison ce soir ». Prévu pour 10h40, le départ de la seizième étape a finalement été donné à 11h30, sous une pluie battante. « On savait qu’avec une configuration un peu plus courte, ça allait être à fond toute la journée », disait Antoine Duchesne. Après une quinzaine de kilomètres, les coureurs sont entrés dans la première difficulté du jour et un groupe d’une vingtaine d’hommes a émergé, avant que six coureurs ne s’en extirpent dans la foulée. Certains n’étant pas suffisamment loin au classement général, la formation Ineos du maillot rose Egan Bernal n’a donc pas laissé faire comme la veille et l’écart n’était ainsi plus que de deux minutes au moment d’entamer l’unique ascension du final, le fameux Passo Giau culminant à 2225 mètres d’altitude. Dès les premières pentes, le peloton a volé en éclat et Attila Valter s’est bientôt retrouvé livré à lui-même sur les dix kilomètres d’ascension à 9,3% de moyenne. « C’était un peu le lot de tous les leaders, reprenait Philippe Mauduit. Ils se sont tous retrouvés un par un. Quand l’étape est difficile, de par le profil et les conditions météo, c’est souvent comme ça que ça se termine. C’est du chacun pour soi et on fait juste de son mieux ».
« Des journées qui marquent », Rudy Molard
Dans les trois derniers kilomètres de l’ascension, le maillot rose a déposé tous ses rivaux et a ensuite effectué la descente en tête pour rejoindre Cortina d’Ampezzo en vainqueur, asseyant ainsi un peu plus sa domination au classement général. Dans une étape qui aura créé d’énormes écarts, Attila Valter a passé la ligne huit minutes plus tard… mais aux portes du top 20 ce lundi (21e). « C’était une journée super dure et j’ai juste fait de mon mieux », soufflait le Hongrois, désormais treizième du classement général. « C’était une journée difficile pour tout le monde, confiait Rudy. Heureusement, on s’y attendait donc on était préparés mentalement. Ceci dit, même quand on le sait, ce sont des journées qui marquent et qu’on ne vit d’ailleurs pas souvent dans une saison. On l’a passée mais on est surtout déçus pour Seb qui nous a quitté aujourd’hui ». En proie à des douleurs au genou depuis sa chute dimanche, Sébastien Reichenbach n’a malheureusement pas eu d’autres choix que d’abandonner la course ce lundi. « Je suis déçu de quitter le Giro de cette façon, commentait le Suisse. J’attendais la troisième semaine impatiemment, mais je reviendrai ! »Pour ses coéquipiers, place désormais à la journée de repos avant d’attaquer les cinq dernières étapes. « On va essayer de bien récupérer demain afin de bien finir sur cette troisième semaine », ajoutait Rudy. « Le Giro est loin d’être terminé, reprenait Philippe. On va essayer de mettre à profit la journée de repos, puis repartir à la bagarre sur les difficiles prochaines étapes si les jambes le permettent ».