À l’occasion de la quatorzième étape du Giro ce samedi, les coureurs affrontaient l’un des mythes du cyclisme : l’imposant Monte Zoncolan. Au terme de plus de 200 kilomètres, l’Italien Lorenzo Fortunato s’est imposé au sommet, dans le brouillard, tandis qu’Attila Valter, bien aidé par ses compères suisses Sébastien Reichenbach et Matteo Badilatti, a limité les dégâts pour conserver sa douzième place au classement général.
« On pensait que la bagarre serait plus longue », Philippe Mauduit
À l’aube de l’avant-dernier week-end de course sur le Giro, chacun avait bien noté un fait : depuis le départ de Turin, 50% des étapes en ligne s’étaient soldées par la victoire de l’échappée. Les fuyards ont le vent en poupe sur ce 104ème Tour d’Italie, et par conséquent, tout le monde ou presque voulait de nouveau en être aujourd’hui, bien que le final redoutable sur Monte Zoncolan ne pouvait assurer la victoire aux attaquants. La bagarre fut donc intense ce samedi matin au départ de Cittadella, mais elle fut brève. Onze hommes se sont ainsi détachés du peloton après huit kilomètres, notamment à la faveur d’un large rond-point, et malgré une réelle poursuite et de nombreuses relances, ceux-ci n’ont jamais été rattrapés. « On a évidemment des regrets, commentait Philippe Mauduit. Comme probablement beaucoup d’équipes, on pensait que la bagarre serait plus longue, mais c’est finalement le premier véritable coup qui s’en va. C’est comme ça. Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas toujours. Il ne faut pas se chercher d’excuses mais il est vrai que dans ces cas-là, c’est aussi un peu la roulette. On s’était également dit qu’on prendrait le risque d’attendre un petit peu avant d’entrer dans la bagarre, mais la première tentative a été la bonne. Ça n’arrive pas souvent, mais ça arrive, et aujourd’hui, ça nous échappe… »
Aucun homme à l’avant ne représentant une réelle menace pour le maillot rose, le groupe de tête a donc pu se forger une solide marge malgré le tempo soutenu imposé par la formation Astana. Un tempo soutenu qui a notamment scindé le peloton dans la descente de la première réelle difficulté de la journée, à environ cinquante kilomètres du Monte Zoncolan. « Sur une chaussée trempée, on sait que ça peut casser, glissait Philippe. Il n’y a pas de place pour tout le monde et ils n’étaient d’ailleurs plus que six ou sept en bas. Néanmoins, vu ce qui se profilait derrière (30 kilomètres de vallée, ndlr) on savait que des équipes allaient faire l’effort. Tant que tu es avec des leaders qui ont des équipiers, il n‘y a pas lieu de s’inquiéter ». Attila Valter et ses compères ont ainsi opéré la jonction après quelques minutes de poursuite dans le sillage de Remco Evenepoel. « À cause des cassures, la petite montée de deux kilomètres en plein dans la descente a fait très mal, confiait Attila. J’ai beaucoup souffert à ce moment-là et j’ai probablement gaspillé trop d’énergie, mais nous avons quand même réussi à revenir et j’ai eu le temps de me concentrer sur ma récupération avant la dernière montée ».
« Extrêmement bien épaulé par Matteo et Seb », Attila Valter
Emprunté par le versant de Sutrio, le Monte Zoncolan proposait ce samedi une ascension de 14,1 kilomètres à 8,5%, dont les trois derniers kilomètres à 13%. Grâce à un avantage de six minutes au pied, l’échappée a pu se disputer la victoire et le bien-nommé Lorenzo Fortunato a conquis cette montée iconique. Au sein du peloton, Attila Valter s’est lui accroché au maximum avec les favoris avant d’être distancé peu après la mi-ascension. Il n’était heureusement pas seul. « J’ai entamé la montée en assez bonne position, bien entouré par les mecs, mais le rythme était vraiment élevé pour moi aujourd’hui et j’ai dû laisser le groupe partir à six kilomètres du sommet, expliquait-il. Ensuite, j’ai été extrêmement bien épaulé par Matteo et Seb. Ils ont fait de leur mieux et j’ai essayé de garder un bon tempo à leurs côtés. Au final, je ne suis évidemment pas satisfait car nous avons perdu un peu trop de temps à mon goût. Néanmoins, c’est le maximum que je pouvais faire aujourd’hui et je suis toujours douzième du général, ce qui n’est, je pense, pas trop mal ». « Seb et Matteo ont fait un super boulot dans le final, insistait Philippe. Ils ont bien limité la casse pour Attila qui, s’il avait été tout seul, aurait sans doute perdu beaucoup plus du temps. Ça montre que les garçons sont concernés par le classement d’Attila et qu’ils respectent et se battent pour le maillot ».
Trentième de l’étape, juste devant Sébastien Reichenbach et Attila Valter, Matteo Badilatti résumait brièvement sa journée : « C’est toujours sympa de grimper une ascension si mythique. C’est une montée que je voulais faire au moins une fois dans ma vie et c’était une belle expérience. Cela dit, les dernières rampes étaient vraiment raides et je ne m’attendais pas à ça. Nous avons essayé d’aider Attila autant que possible, et je pense qu’on y est parvenus. Je me sens de mieux en mieux, l’atmosphère dans l’équipe est très bonne et on va essayer de tirer le maximum de cette course d’ici l’arrivée à Milan ». Demain ne sera sans doute pas la meilleure opportunité néanmoins avec une courte étape de 147 kilomètres, peu accidentée, en direction de Gorizia. « Ce ne sera peut-être pas un peloton complet, mais il y a de grosses probabilités pour un sprint », concluait Philippe.