L’équipe FDJ a vécu une semaine de rêve. Trois jours après le titre de champion de France du contre la montre de Thibaut Pinot, Arthur Vichot a gagné pour la deuxième fois le titre national en disposant au sprint de ses deux derniers rivaux, Tony Gallopin (Lotto-Soudal) et Alexis Vuillermoz (ag2r-La Mondiale). Le Trèfle aura donc deux champions de France pendant un an et bien entendu dans le prochain Tour de France.
« Y’a pas à dire, c’est notre truc, a sobrement commenté Martial Gayant en donnant l’accolade à Marc Madiot au moment de retrouver tous les acteurs d’un championnat réussi. Lesquels ont donné raison à leur patron qui leur avait dit, la veille lors du briefing « ce maillot, on l’a prêté pendant un an, demain il va revenir à la maison ! »
S’agissant de diriger 22 coureurs qui rêvent tous du titre national qui changerait leur vie, Martial Gayant reprend désormais chaque année la méthode qui est quasi garante du succès. Depuis Nacer Bouhanni (2012), Arthur Vichot (2013) et Arnaud Démare (2014) le championnat de France se vit en équipe, il se gagne en équipe sinon l’an dernier quand Steven Tronet était parvenu à créer l’une des plus grandes surprises du siècle. « Je peux dire, précise Marc Madiot, que chacun de nos hommes savait samedi soir ce qu’il aurait à faire ce dimanche et tout s’est passé comme Martial l’avait envisagé ! »
Dès le deuxième tour d’une course partie de bonne heure, 35 coureurs se sont regroupés à l’avant et notamment neuf hommes de l’équipe FDJ : Olivier Le Gac, Arnaud Démare, Benoît Vaugrenard, Sébastien Chavanel, Lorrenzo Manzin, Kevin Reza, Matthieu Ladagnous, Cédric Pineau et Jérémy Roy. Surtout des hommes qui, d’ordinaire, travaillent dans les sprints. Pas un coureur sûr de son coup sur un circuit difficile mais permettant de vivre les premières heures de course dans une situation confortable. Le Trèfle n’avait pas à rouler à l’avant, cette tâche revenant à l’équipe Direct Energie qui comptait déjà sur deux des favoris, Voeckler et Coquard, et n’avait pas à rouler derrière non plus.
Ce groupe a été repris à 100 kilomètres de l’arrivée, laissant 5 d’entre eux prendre le large de nouveau. Matthieu Ladagnous représentait la FDJ et accompagnait Laporte (Cofidis), Gougeard (ag2r-La Mondiale), Périchon (Fortunéo-Vital Concept) et Nauleau (Direct Energie). Ils avaient 6 minutes d’avance à 80 kilomètres de l’arrivée sur un peloton régenté par 14 coureurs du Trèfle !
« C’était une course tactique, explique Thibaut Pinot, personne ne voulait craquer mais avec 6 minutes à 5 tours de la fin, il était temps de réagir. Ag2r-La Mondiale l’a fait, ça s’est fait à la pédale ensuite, c’est devenu une course de costauds. Moi, je me savais très surveillé et c’était aux deux autres coureurs protégés d’en profiter, Arthur ou Anthony Roux. »
Une grosse accélération et l’écart fondait de trois minutes en dix kilomètres. Nouvelle phase de course calme avant que Gautier et Péraud (ag2r-La Mondiale) n’enclenchent une vitesse, entraînant avec eux notamment Kenny Elissonde et Yoann Offredo.
A 33 kilomètres du but, il y avait jonction en tête et dans ce groupe d’une quinzaine de coureurs il y avait donc trois hommes de la FDJ.
Pointé à deux minutes à deux tours de la fin, les favoris devaient réagir et c’est Alaphilippe (Etixx-Quick Step) qui l’a fait d’une attaque violente. Rapidement, les hommes forts se regroupaient en poursuite, notamment Arthur et Thibaut. Lequel a eu une action déterminante quand tous ces hommes ont repris le groupe de tête à 12,4 km de l’arrivée.
« Nous nous sommes retrouvés à six devant, explique Arthur, dont deux de la FDJ. Je savais qu’il y aurait une autre attaque et quand Gallopin est sorti avec Vuillermoz, je n’ai pas hésité. »
Juste derrière lui, Thibaut faisait la cassure et piégeait Alaphilippe et Bardet. Le titre allait se jouer entre les trois de devant.
« Au sprint, je savais que j’avais une chance… », poursuit Arthur. Surtout, dans un final forcément tendu, il allait démontrer l’étendue de son talent, de son sang-froid aussi. Une fois réprimée l’attaque de Gallopin dans le dernier kilomètre, il savait sans doute que le plus dur était fait et c’est en étant le plus rapide, une nouvelle fois devant Gallopin comme à Lannilis, qu’Arthur Vichot a conquis le deuxième titre national de sa carrière.
« Dans le championnat, dit Thibaut, c’est souvent le plus malin qui gagne et Arthur l’est vraiment. Il a connu une année 2015 très galère mais il a le super entourage familial, l’équipe lui fait confiance. A la FDJ, on ne met pas de pression sur un coureur blessé ou malade, on lui laisse le temps. Arthur a eu des hauts et des bas mais quand il est en haut, il est très fort. »
« Rien ne pouvait m’arriver de plus beau que de gagner ici, à 40 kilomètres de la maison, dit Arthur. C’est très important pour moi, le réussir c’est indescriptible. Il n’y a pas de prix que de tomber dans les bras de mes proches, de ma copine, de ma famille, de mes amis. »
Le clan FDJ pouvait exulter. Les coureurs étaient tous très heureux de ce nouveau titre. Les membres du staff étaient fiers.
« On ne pouvait pas espérer mieux au cours de cette semaine, dit Julien Pinot qui avait dessiné le parcours de ces championnats. On voulait un contre la montre dur pour Thibaut et casser la routine sur la route. Thibaut et Arthur ont gagné ‘’leur’’ championnat et ils vont s’en rappeler toute leur vie. »
Comme souvent dans un championnat de France, Marc Madiot avait laissé sa voix dans le bus, devant la télé, mais très vite, après avoir félicité tous ses hommes, il trouvait les mots. « Un championnat, c’est un moment de tension et de cauchemar quasi interminable. Depuis ce matin, j’avais le nœud à l’estomac. Il ne fallait pas faire d’erreur de gestion de la course. Etre réactif sur la route avec les directeurs sportifs qui étaient sur le circuit. Ce soir, je suis très heureux d’avoir deux champions de France dans mon équipe. Je suis dans le bonheur du moment et à présent, on espère faire un grand Tour de France ! »
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