Arnaud Démare rafle tout après un fabuleux travail collectif

« Si on nous mène la vie dure mais que l’on parvient à résister, la victoire n’en sera que plus belle ». Les mots de Frédéric Guesdon au soir de la troisième étape du Tour de Wallonie résonnent très fort ce mercredi. Flanqué du maillot de leader au départ de l’ultime acte de l’épreuve belge, Arnaud Démare avait en effet fort à faire sur un parcours de nouveau très accidenté. Et pourtant. Avec l’aide remarquable de ses coéquipiers, le sprinteur picard est non seulement parvenu à conserver la première place du général, et donc à remporter la course, mais aussi à s’octroyer un superbe bonus avec le gain de l’étape. Arnaud Démare cumule désormais quatre victoires depuis la reprise, mais plus que jamais, c’est aussi le collectif qui a impressionné.

« La mission s’annonce difficile » disait Arnaud Démare après sa prise de pouvoir sur le Tour de Wallonie mardi. Difficile, le départ de la quatrième étape l’a en tout cas été ce mercredi dans la quatrième étape, où deux côtes répertoriées et deux sprints intermédiaires étaient recensés dans les cinquante premiers kilomètres. Il y a donc eu de la bagarre d’entrée de jeu et certains puncheurs, tels Greg van Avermaet ou Jhonatan Narvaez en ont profité pour grappiller quelques secondes. « Ça a été un gros départ, relatait Arnaud. Je me suis dit que ça allait être compliqué mais ça a ensuite un peu temporisé ». Après ce premier quart de course, une échappée de sept hommes a pu prendre les devants et ce sont alors les formations CCC et AG2R-La Mondiale qui se sont mises à la planche, la Groupama-FDJ restant pour sa part en second rideau. « On avait tout misé sur le final puisque le parcours, assez vallonné, ne convenait pas trop à mes coureurs, exposait Frédéric Guesdon. On a un peu profité du travail des autres équipes mais ce sont aussi les circonstances de course. On n’est pas seuls dans le peloton ».

« J’ai vraiment pu compter sur mes coéquipiers », Arnaud Démare

Comprenant le redouté Zdenek Stybar, l’échappée a été muselée à trois minutes par le peloton, qui a ensuite progressivement fait son retard dans la deuxième partie d’étape. Dans le premier passage par la côte de Beffe (1,6km à 8,7%), l’échappée n’a ainsi plus compté qu’une minute d’avance tandis que la sélection débutait dans le peloton. À l’occasion de ce premier tour de circuit, Arnaud Démare, qui comptait encore la plupart de ses coéquipiers, a pu se faire une idée du final qui allait décider de l’issue de l’épreuve. Le peloton principal s’est ensuite acheminé gentiment, mais sur un fort tempo, vers l’ultime ascension de la côte de Beffe, situé à 10 kilomètres du but. Comme la veille, la formation Groupama-FDJ a été exemplaire dans son placement, remontant Arnaud Démare dans les premières positions au pied. Dans les plus forts pourcentages, le maillot jaune a ensuite logiquement reculé, mais il n’a jamais craqué, accompagné par Lars van den Berg et Ignatas Konovalovas, tandis que Kevin Geniets accompagnait les plus costauds une centaine de mètres devant.

Au sommet de la difficulté, Narvaez est parvenu à s’isoler en tête tandis qu’un temps de latence s’est installé chez ses concurrents, permettant le retour de plusieurs hommes par l’arrière. Dont Arnaud Démare et ses deux compères. Une grosse chasse s’est donc organisée sous l’impulsion de la Groupama-FDJ. « Le groupe est en super forme, soutenait Frédéric Guesdon. Il fallait être fort pour ne pas basculer trop loin des meilleurs en haut de la bosse, et plus encore pour pouvoir revenir sur l’échappée. La tactique qu’on avait mise au point aujourd’hui a été respectée et a fonctionné, donc tant mieux ». « Comme hier, j’avais encore trois équipiers avec moi dans un groupe de 30-40 coureurs, poursuivait Arnaud. C’était exceptionnel. J’ai vraiment pu compter sur eux. Ils ont roulé vraiment très fort pour revenir sur l’homme de tête dans le dernier kilomètre ». Après d’ultimes relais de Lars van den Berg et Kevin Geniets, le Picard s’est préparé pour un sprint de costauds dans ces derniers hectomètres à 4-5% de moyenne. « J’étais cuit, assurait-il. Je ne pensais pas vraiment à la victoire. Je pensais vraiment à ne pas prendre une cassure sur Van Avermaet, qui était juste derrière moi. C’est pour cela que j’ai lancé le sprint ». D’abord pris de vitesse sur l’accélération de Philippe Gilbert sur sa gauche, le vainqueur de Milan-Turin a eu raison de l’ancien champion du monde sur la longueur. « Pour sortir un tel sprint, il faut sacrément bien marcher », ponctuait Frédéric Guesdon.

« Avec les jambes que j’ai en ce moment, je peux tout m’autoriser », Arnaud Démare

S’il voulait avant tout assurer son succès au classement général, Arnaud Démare s’est donc adjugé l’étape en prime. « C’est extra, soufflait-il à l’arrivée. Je sais que je peux tout m’autoriser avec les jambes que j’ai en ce moment et l’équipe aussi très solide que j’ai autour de moi. Je n’aurais pas cru pouvoir remporter le général en début de semaine au vu du parcours mais l’équipe est très forte. Après avoir gagné la deuxième étape, on ne s’interdisait rien. Avec les bonifications, on avait aussi un peu de marge. Le parcours était aussi fait pour moi ces deux derniers jours avec quelques kilomètres pour revenir derrière les bosses ». Avec ce Tour de Wallonie 2020, Arnaud Démare s’adjuge par ailleurs son sixième classement général en carrière. « Quand Arnaud est au top niveau, il est capable de faire de très très belles choses, concluait Frédéric Guesdon. Pour moi ce n’est pas vraiment une surprise. Il a été très fort cette semaine, mais le collectif l’a été tout autant. Il faut dire que généralement, quand on un leader fort, ça suit derrière… » Fort de quatre succès depuis la reprise, Arnaud Démare s’annonce comme le grand favori du championnat de France ce dimanche. « J’y pense pas mal depuis qu’ils ont changé le parcours, qui est moins difficile que prévu, a conclu l’ancien porteur du maillot tricolore. Au vu de ma forme et des parcours que je passe actuellement, j’y crois vraiment ».