Arnaud Démare malheureux dans la dernière ligne droite

Tout était parfaitement en place dans la dernière ligne droite de la Classic Brugge-De Panne, ce mercredi. Puis, au moment de lancer son sprint final, Arnaud Démare a malheureusement déchaussé. Le champion de France n’a donc pu se joindre à la bataille pour la victoire, fait d’autant plus frustrant que ses coéquipiers ont accompli un excellent travail pendant toute la journée. Le sprinteur picard tentera de prendre sa revanche dimanche, sur Gand-Wevelgem.

« Tout se présentait bien », Yvon Madiot

En automne dernier, la Classic Brugge-De Panne avait donné lieu à une course extrêmement débridée, notamment en raison des bordures, et seuls quarante-neuf coureurs avaient d’ailleurs conclu l’édition 2020. Ce mercredi, la donne s’annonçait toute autre en raison d’une météo bien plus clémente dans les Flandres. Cela s’est confirmé d’entrée de jeu puisqu’un scénario classique s’est mis en place. Six hommes ont rapidement pris les devants, à savoir Alexis Gougeard (AG2R-Citroen), Gerben Thijssen (Lotto-Soudal), Barnabas Peak (Team BikeExchange), Ruben Apers (Sport Vlaanderen-Baloise), Erik Resell (Uno-X) et Wout van Elzakker (Vini Zabù), tandis que le peloton s’est empressé de les museler. Pour le compte de son champion de France Arnaud Démare, Alexys Brunel a d’ailleurs été l’un des premiers à rouler en tête de paquet. « Il n’y avait presque pas de vent aujourd’hui, rappelait Yvon, et il était surtout de face sur le plateau du début de course, où ça avait explosé l’an passé. Cette fois, ce n’était pas propice aux bordures ». Pour autant, une fois arrivé sur le circuit final, le peloton s’est momentanément morcelé sur la portion exposée de De Moeren. « Ils ont quand même essayé, mais le vent n’était pas assez fort, assure Yvon. C’était le seul moment tendu du circuit, et nos gars étaient très vigilants, Arnaud le premier. Il était bien concentré, il alertait bien ses troupes à chaque fois et les motivait ».

En raison de l’accélération subite du peloton, l’échappée du jour a rendu les armes à plus de 70 kilomètres de la ligne. Puis, quelques individualités ont tenté leur chance, sans inquiéter toutefois les équipes de sprinteurs. La Groupama-FDJ est quant à elle constamment restée placée en tête, et Jake Stewart a pu reprendre sa place aux côtés de ses collègues après une petite chute sans conséquences à cinquante bornes de la ligne. Dans l’ultime boucle autour de La Panne, le peloton s’est tendu sans se scinder dans le passage de De Moeren, et c’est donc groupé et quasiment au complet qu’il s’est dirigé vers la ligne. Olivier Le Gac, Jake Stewart et Ramon Sinkeldam ont effectué le travail de sape à l’entrée dans les cinq derniers kilomètres, puis Jacopo Guarnieri a remonté le champion de France peu après la flamme rouge. « Tout se présentait bien, relatait Yvon. Il était bien placé dans le dernier virage, dans la roue d’Ackermann. C’est une bonne place pour sprinter. Ce matin, il nous avait clairement dit : « même si on ne fait pas le sprint parfait, je veux sprinter dans de bonnes conditions ». C’est ce qui était sur le point de se produire avant ce coup du sort ».

« Pour le moment, on n’a pas trop de réussite », Arnaud Démare

À 300 mètres de la ligne, alors sur le point de démarrer son effort, Arnaud Démare a effectivement été arrêté net, déchaussant d’ailleurs du pied droit. « J’ai dû me faire accrocher dans le final car le blocage rapide de ma roue arrière était ouvert, expliquait l’intéressé. J’avais énormément de jeu mais je ne m’en suis pas rendu compte. Au moment de me remettre dans la roue d’Ackermann, je me mets en danseuse, et un gros saut de chaîne me fait perdre l’équilibre. Je déchausse et je ne suis d’ailleurs pas loin de chuter. D’un côté, j’ai eu de la chance, mais de l’autre je n’ai pas pu m’exprimer alors que j’étais en bonne position. C’est frustrant ». Le sprinteur picard a ainsi aperçu, impuissant, Sam Bennett récolter la victoire sans pouvoir la lui contester. « C’est une grosse déception pour tout le groupe, poursuivait Yvon. C’est vraiment dommage de ne pas avoir de résultat au bout car le travail a été très bien fait pendant toute la journée, et Arnaud lui-même était bien dans le match ». « Dans le vélo, il faut aussi de la réussite, et pour le moment on ne l’a pas, glissait Arnaud. Ça commence à être long, mais il faut s’accrocher. Le moral reste bon, ça fait aussi partie du sport ».

Bien que déçu de l’issue du jour, le Picard a d’ores et déjà la tête à Gand-Wevelgem ce week-end. « Je pense que, malgré tout, il est rassuré, concluait Yvon. Il sent qu’il  a les bonnes jambes. Il n’est pas inquiet, il était en mesure de sprinter pour la gagne aujourd’hui. Je suis convaincu qu’il a la condition et le mental pour gagner à très haut-niveau. Il faut simplement que le sort l’oublie un peu… »