Aux côtés du néophyte Quentin Pacher, Arnaud Démare s’est admirablement accroché ce samedi, dans le final de la 113ème édition de Milan-Sanremo. Il lui a toutefois manqué quelques mètres pour être en mesure de jouer les tous premiers rôles sur la Via Roma. Arrivé dans un second groupe de poursuite, à une poignée de secondes du vainqueur Matej Mohoric, l’ancien champion de France s’est malgré tout arraché pour obtenir la dixième place d’une course extrêmement sélective. Quentin Pacher a lui coupé la ligne en vingtième position pour sa grande première sur la Primavera.
Une fois n’est pas coutume, le premier « Monument » de la saison ne s’élançait pas au milieu des monuments du centre-ville milanais ce samedi matin. À l’occasion de cette édition 2022, l’organisation avait en effet décidé de délocaliser le départ vers un lieu mythique du cyclisme transalpin, à savoir le vélodrome Maspes-Vigorelli. C’est là qu’Arnaud Démare et ses coéquipiers avaient donc rendez-vous peu avant dix heures pour le départ de la « Classicissima ». Un rendez-vous que Quentin Pacher expérimentait quant à lui pour la toute première fois, et lors duquel, après un défilé dans les rues de Milan, l’échappée s’est dégagée dès les premières secondes. Yevgeniy Gidich, Artyom Zakharov (Astana Qazaqstan), Alessandro Tonelli (Bardiani-CSF-Faizanè), Samuele Rivi, Diego Pablo Sevilla (Eolo-Kometa), Filippo Tagliani, Ricardo Alejandro Zurita (Androni-Sidermec) et Filippo Conca (Lotto Soudal) ont donc pris les devants sans opposition de la part du peloton, qui s’est très vite mis au tempo. « La consigne était claire pour nous, tranchait Sébastien Joly. Elle était de travailler autour d’Arnaud, chacun à un certain moment de la course ». Dans la première moitié du parcours menant au Passo del Turchino, le peloton a accordé jusqu’à sept minutes d’avance aux fuyards du jour, mais l’écart s’est ensuite progressivement réduit en arrivant sur le bord de mer. À l’approche des Capi, soit à une cinquantaine de kilomètres du but, la tension s’est grandement accrue au sein du paquet, et Clément Davy se portait alors en tête pour protéger ses coéquipiers et tout particulièrement Arnaud Démare. Mais c’est une vingtaine de kilomètres plus loin que la bagarre a réellement fait rage.
« Il y avait moyen d’arriver pour le podium », Arnaud Démare
« On s’attendait à une grosse montée de la Cipressa, et c’est pour cela que le placement au pied de la Cipressa était aussi important que celui au pied du Poggio », insistait Sébastien Joly. C’est alors le champion du Luxembourg Kevin Geniets qui a fait l’effort pour placer son leader idéalement au pied. « C’était une course incroyable, et on savait que ça allait visser fort dans la Cipressa, reprenait Arnaud. Quand ils ont mis en route, je n’ai pas été étonné mais le rythme était quand même fou. C’était impressionnant. J’étais à la limite mais ça a tenu et on a basculé à une trentaine, ce qui est très peu à ce stade la course ». En raison d’un train infernal mené par les coéquipiers de Tadej Pogacar et Wout van Aert, le peloton a ainsi explosé et de très nombreux sprinteurs ont été distancés. Arnaud Démare était lui encore bien présent, et accompagné de Quentin Pacher. « Le but pour moi était de passer la Cipressa et d’aider Arnaud avant le Poggio, voire dans tout le final, disait le néophyte. Quand on a passé la Cipressa, il n’y avait plus qu’un petit groupe. C’était un peu plus facile de pouvoir se trouver et de lui apporter mon soutien ». Après la traditionnelle transition vers le Poggio, le groupe des favoris a abordé les dernières rampes de la journée à neuf kilomètres de l’arrivée et aussitôt repris les rescapés de l’échappée matinale. Diverses attaques, notamment de Tadej Pogacar, ont émané dans cette bosse mythique, mais sans pour autant créer de réelles différences.
Arnaud Démare tentait lui de s’accrocher tant bien que mal derrière les puncheurs-grimpeurs. Il relate : « Au pied du Poggio, je me suis pris une cassure après la chute de Cosnefroy, et il a fallu rentrer une première fois. Ça a de nouveau attaqué ensuite, et j’étais dans la roue de Roglic, qui laisse la cassure. J’étais tellement limite que je ne pouvais pas boucher un mètre moi-même. Quentin était là, il a fait un bel effort pour limiter la casse afin qu’on bascule à quelques secondes du premier groupe ». « Alors que le groupe était en train d’éclater, je me suis retrouvé avec Arnaud et je lui ai fait le sommet de la bosse avant qu’il ne bascule dans la descente pour essayer de recoller au groupe devant », témoignait l’Occitan. Pointé à une poignée de secondes au sommet, l’ancien champion de France semblait d’ailleurs sur le point d’opérer la jonction après les premiers virages. « J’ai fait la descente à bloc, je commençais à revenir sur le groupe et là, Nizzolo est tombé, regrettait Arnaud. Ça a recassé le groupe qui arrive finalement pour la deuxième place ». Quelque peu malheureux dans l’affaire, le Picard n’a donc pu rentrer sur le groupe « principal », lui-même piégé par un Matej Mohoric vertigineux dans la descente du Poggio. Le Slovène s’est alors imposé en solitaire tandis qu’Arnaud Démare franchissait la ligne onze secondes plus tard, en dixième position. « Il y avait moyen d’arriver pour le podium, même si je ne sais pas quel aurait été le résultat, assurait Arnaud. Physiquement, j’étais au top, mais je le savais. Aujourd’hui, il n’y avait pas beaucoup plus à faire ».
« Un pas en avant pour moi », Quentin Pacher
« Il n’a pas manqué grand-chose à Arnaud, complétait Sébastien. Physiquement, il est selon moi encore passé au stade supérieur quand on voit la montée de Cipressa. Il montre qu’il est à la hauteur, à la pédale. L’objectif était évidemment de gagner, mais ils ont, et il a fait, une super course. Parfois, il faut aussi savoir retenir des belles journées comme celle-ci. C’est quand même un top-10 qui pèse lourd quand on voit ceux qui le devancent. C’est frustrant car avec un poil de réussite, on aurait pu arriver pour une meilleure place que la dixième, mais sportivement, il a montré qu’il était au rendez-vous ». Pour sa grande première, Quentin Pacher lui aussi n’a pas déçu. Il a même obtenu un top-20 notable sur la Via Roma. « C’est la bonne surprise, ajoutait Sébastien. Quentin est arrivé au pied levé mais il était extrêmement motivé à l’idée de disputer cette course. Il a montré qu’avec de l’envie, de la passion, en plus de sa condition, il pouvait être très efficace dans le final pour Arnaud, même sans expérience sur la course ». Le mot de la fin revenait d’ailleurs à l’intéressé. « Je suis vraiment satisfait de ce premier Milan-Sanremo, ponctuait-il. C’était très satisfaisant d’être dans le final et d’être aux côtés d’Arnaud. De manière générale, être dans le final d’un Monument, c’est un pas en avant pour moi. Je trouve qu’on a fait une belle course collectivement et ça donne évidemment envie de revenir une prochaine fois, avec plus de repères ».
Aucun commentaire