Ce fut une émotion gigantesque, un incroyable moment de sport. Thibaut Pinot s’est imposé samedi à l’Alpe d’Huez au terme d’une journée extraordinaire pour l’équipe FDJ et en récompense d’un Tour de France magnifique. Magnifique parce que douloureux (chutes de William Bonnet et Steve Morabito), malchanceux et sans réussite même s’il y eut de belles places d’honneur. Fidèle à son tempérament, à son indéniable rage de vaincre, le leader de l’équipe FDJ s’est imposé dans l’étape mythique du Tour, en résistant, dans le final, au retour de Nairo Quintana qu’il a devancé de 18 secondes.
Cette étape avait commencé par l’attaque d’Alexandre Géniez, en compagnie de trois autres coureurs, et poursuivie seul depuis la moitié de l’ascension du col de la Croix de Fer jusqu’à huit kilomètres de l’arrivée, où il a vu rappliquer Thibaut et le Canadien Hesjedal (Cannondale-Garmin), rescapés d’un contre lancé dans la descente de la Croix de Fer. Là, Alexandre a assuré un relais d’un kilomètre décisif dans la victoire de Thibaut qui a attaqué à 6,5 kilomètres de l’arrivée.
« J’ai géré mon effort seul, dit Alexandre. Je savais la descente de la Croix de P sans perdre de temps, puis j’ai eu la chance d’avoir vent de dos dans la vallée. Je savais que derrière ça bougeait. Je me suis retourné et j’ai vu Thibaut arrivé. J’ai vu qu’il avait l’air bien et je me suis dit c’est ‘’le moment ou jamais’’. Je l’ai emmené, je me suis écarté. La chaleur l’a asphyxié en début de Tour et là on le voit bien. Il a fini 4e avec les favoris à La Toussuire, ce n’était pas un hasard. Pour une équipe, seule compte la victoire. »
Il s’agit d’une victoire magnifique, totale et plaçant Thibaut et son équipe à sa place. Tout près des meilleurs. Le leader de l’équipe FDJ a ensuite tenu des propos à la fois sages et lucides. Comme toujours.
« Cette montée c’est beaucoup de stress pour une énorme joie dans les 200 derniers mètres. Toute la montée j’ai été dans l’inconnue mais en voyant la voiture rouge derrière moi à 500 mètres de la ligne d’arrivée, j’ai été soulagé. Finir sur le podium du Tour et gagner ici, ce sont deux joies très différentes mais gagner et lever les bras ici c’est spécial, on le retiendra tout le temps. Elle est belle cette victoire, c’est la plus belle de ma carrière. J’ai une super équipe qui a fait le Tour dans une super ambiance et j’en ai besoin parce que ça m’aide à ne jamais rien lâcher. Finalement, je ne changerai rien à ce Tour de France parce que j’y ai pris de l’expérience et parce que je gagne ici. »
« L’Alpe d’Huez je ne sais pas s’il y a plus fort que de gagner ici en France. Dans la Croix-de-Fer qui est un col long, j’ai fait l’effort sur la fin. J’ai anticipé et j’ai la chance d’être dans le bon groupe pour atteindre Bourg-D’Oisans. Cette avance était plus nécessaire parce qu’il fallait ça pour battre Quintana qui est plus fort. C’était une ambiance impressionnante, je ne savais pas où j’allais, j’ai eu des frissons. J’ai lâché Hesjedal dans le virage des Hollandais et j’ai bien été bien porté par le public. »
« La première semaine a été très difficile pour moi et mes équipiers. Il y a eu la chute de Steve Morabito, celle bien sûr de William Bonnet qui nous a mis un coup de massue parce qu’on savait que c’était grave. Après les Pyrénées, on s’est remobilisé et tous les jours on a été dans les échappées, parfois à 2 ou 3. Aujourd’hui avec Alexandre Géniez devant c’était parfait. Cette victoire on l’a tous méritée. J’ai toujours dit que j’attaquerai tous les jours et je l’ai fait jusqu’aujourd’hui pour gagner. »
« Sur ce Tour, je ne progresse pas. Je finis 16e du classement général et certains peuvent penser que c’est une régression mais je finis bien le Tour. J’ai pris de la caisse. Ce Tour est important pour la suite de ma carrière. Et cette saison, je suis heureux de compter 3 victoires au sommet, dans le Tour de Romandie, le Tour de Suisse et le Tour de France. Je ne voulais pas rentrer bredouille à Paris et c’est bien que ça marche ici. Ca valait le coup d’attendre. »
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