Avant que la vraie montagne ne commence, c’est une étape extrêmement casse-pattes qui ouvrait ce mercredi un Critérium du Dauphiné réduit à cinq jours. L’essentiel était donc de ne pas concéder de terrain sur les autres favoris, ce que Thibaut Pinot a parfaitement réussi à faire avec l’appui de ses coéquipiers. Dix-neuvième sur la ligne, deux rangs derrière son collègue Sébastien Reichenbach, le grimpeur franc-comtois a terminé dans le même temps que le vainqueur du jour, Wout van Aert.
« Thibaut était en pleine confiance dans la roue de Stefan », Philippe Mauduit
Fait rare, voire historique, toutes les arrivées du Critérium du Dauphiné seront cette semaine jugées au sommet d’une côte ou d’un col. C’était donc le cas dès cette première étape, la plus longue de l’épreuve, qui emmenait les coureurs de Clermont-Ferrand à Saint-Christo-en-Jarez sur près de 220 kilomètres de course. En route, pas moins de sept ascensions étaient répertoriées, dont cinq de quatrième catégorie, pour un profil au final très accidenté. Sur ce terrain, cinq hommes se sont extirpés après une dizaine de kilomètres : Brent Van Moer (Lotto-Soudal), Michael Schär (CCC), Quinten Hermans (Circus-Gobert), Tom-Jelte Slagter (B&B Hotels-Vital Concept) et Niccolo Bonifazio (Total Direct Energie). L’échappée a alors cumulé jusqu’à six minutes d’avance avant de se disloquer. Bonifazio s’est d’abord relevé, puis Hermans et Van Moer ont chuté, réduisant le quintette à un simple duo. Slagter a ensuite accompagné Schär jusqu’à une soixantaine de kilomètres du but avant de laisser le Suisse partir seul.
Ce dernier est d’ailleurs passé en tête au premier passage sur la ligne, à trente-cinq bornes du but, qui a alors permis à chacun de se faire une idée du final particulier proposé ce mercredi. Des contres ont alors émergé mais le peloton a logiquement haussé le tempo à l’approche de la partie décisive de l’étape. Dans la longe descente menant au pied de l’ascension finale, Stefan Küng a ainsi remonté Thibaut Pinot aux premières loges. « Stefan connaissait bien le terrain car il y était venu rouler il y a trois jours, expliquait Philippe Mauduit. Il en avait profité pour repérer le circuit final et il savait que c’était un endroit délicat à gérer. C’est pour cela qu’il a pris les choses en main. Il a bien fait, et dans sa roue, Thibaut était en pleine confiance. Il ne s’est pas mis en danger et a complètement assuré. Malgré tout, ces trente-cinq derniers kilomètres étaient un peu périlleux, dont une quinzaine étaient en descente, dans les villages, avec des ilots directionnels, des rétrécissements de chaussée etc. Le peloton est passé mais ça a fait grimper la nervosité. »
« C’est une bonne journée pour nous », Thierry Bricaud
Au pied de la montée finale, qui se décomposait en deux côtes de 4e catégorie, les fuyards ont alors rendu les armes tandis que Jumbo-Visma a initié un tempo très intense pour annihiler toute tentative et donc favoriser une arrivée groupée pour son puncheur Wout van Aert. « On avait misé sur une arrivée au sprint et une journée contrôlée par Jumbo-Visma. C’est ce qui s’est passé, poursuivait Philippe. L’objectif était d’entourer Thibaut toute la journée et qu’il ne perde pas de temps dans ce final. Il a simplement assuré sa présence lorsqu’il y a eu quelques attaques et s’est ainsi mis hors de danger ». « Les premières journées de courses par étapes sont toujours compliquées, ajoutait son collègue Thierry Bricaud. C’était encore plus le cas aujourd’hui avec 220 kilomètres de course, beaucoup de chaleur et forcément un peu de tension sachant qu’il s’agit d’une grande répétition d’avant Tour. Il était important de ne pas perdre de temps, d’être présent dans le final et ça a été le cas. C’est une bonne journée pour nous ».
Alors que Wout van Aert confirmait son statut de favori en réglant un emballage explosif, Thibaut Pinot terminait lui sereinement en 19e position, dans la roue du champion de Suisse Sébastien Reichenbach (17e). Dans les clous après cette première étape potentiellement piégeuse, le leader de la Groupama-FDJ sera bien plus mis à l’épreuve jeudi, dans l’ascension finale du Col de Porte (16,6km à 6,2%). « Jumbo-Visma a montré ses capacités à faire le travail, et on n’a pas de doute sur celles d’Ineos, annonce Philippe Mauduit. Je crois que, collectivement, ce sera un match entre ces deux équipes. Puis il y aura des individualités pour s’intercaler dans le match, comme nous avec Thibaut. Il sera malgré tout entouré assez longtemps sur les montées finales qui nous attendent, notamment avec Valentin et Sébastien, et c’est une bonne chose. On peut imaginer que la journée sera à nouveau contrôlée par Jumbo-Visma et on peut s’attendre à un rouleau compresseur comme ce qu’on a vu dernièrement ».
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