A 35 ans, Pierrick Fedrigo entamera dimanche dans le Grand Prix « La Marseillaise » sa quinzième saison professionnelle avec la passion qui l’habite depuis son premier coup de pédale. En fin de contrat avec l’équipe FDJ.fr, il se voit bien prolonger sa carrière de quelques années en continuant de prendre toujours le même plaisir sur son vélo.
Pierrick, comment envisages-tu ta première course de l’année ?
Il me tarde de remettre un dossard sur mon maillot. En ce mois de janvier, je galère avec le temps pourri. A force de pleuvoir, je suis transparent ! Autant en décembre il n’y a eu que deux ou trois jours de pluie, autant là ça n’arrête pas. Ce n’est pas évident de faire du spécifique tous les jours…
Comment s’est passé ton hiver ?
Je sais rester raisonnable… J’ai repris par mes habituelle séances de pignon fixe jusqu’au stage de Pen Bron en décembre où j’ai roulé normalement avec mes équipiers. Déjà, lors des sorties de groupes, j’ai senti qu’il y avait un bon petit niveau général. En janvier, j’ai accentué les intensités jusqu’au stage de Saint-Aygulf où le mauvais temps a contrarié parfois le programme. Oui, maintenant il me tarde d’être en course. Je sature un peu de l’entraînement parce que je suis toujours seul. Lors du deuxième stage, j’ai vu que j’étais dans l’allure par rapport aux jeunes. Ça fait plaisir de travailler avec eux.
Quel regard portes-tu sur ton année 2013 ?
J’ai été déçu parfois… Il m’a manqué le petit cran pour être dans le coup dans le final. Je n’arrivais pas à l’enclencher. C’était un peu du domaine de l’inconscient, de l’irrationnel mais il m’a souvent manqué un centimètre pour faire un mètre.
Du coup, tu as changé quelque chose dans ton entrainement ?
Je me fie toujours à mes sensations, c’est primordial pour moi mais j’ai appris à travailler avec les moyens d’aujourd’hui, avec le SRM par exemple. Ma carrière s’est faite avec mes sensations mais j’essaie de progresser. Les bonnes sensations à l’entraînement c’est bien mais ce n’est pas suffisant de rouler comme un bourrin à 35–36 km/h pendant des heures. Le but, c’est d’être un champion en course, pas à l’entraînement. J’ai l’impression de mieux me canaliser et je fais en sorte de faire mieux moins longtemps que moyen tout le temps. Je bonifie mes séances d’une heure sur home-trainer. Je me sers de ce que j’observe chez mes équipiers en stage et je peux dire que j’ai retrouvé plus de plaisir.
Tu parles des sensations mais elles sont souvent déterminantes dans tes succès ?
C’est vrai que ce ressenti s’est concrétisé souvent par de bons résultats mais il m’est arrivé de gagner en n’étant pas au mieux au tout début. Notamment Paris-Camembert en avril dernier où je ne m’étais pas senti bien après le départ avant de progresser quand mes adversaires déclinaient. C’est ça le vélo, c’est assez déroutant. Ce n’est pas une science exacte.
Ton programme est identique aux années passées ?
Il y a quelques petites modifications. Je vais enchainer « La Marseillaise », l’Etoile de Bessèges, le Tour Méditerranéen, le Tour du Haut-Var et les Boucles du Sud-Ardèche avant de reprendre à la Classic-Loire Atlantique et Cholet-Pays de la Loire…
Tu ne feras ni Paris-Nice ni Tirreno-Adriatico ?
Je sais que c’est des courses importantes mais définitivement le début du mois de mars ne me convient pas. Je reviendrai à la fin du mois avec plus de fraicheur.
En conservant dans ton équipe le rôle de capitaine de route ?
Je n’ai pas un rôle précis mais avec Anthony Geslin et Benoît Vaugrenard, nous sommes là aussi pour conseiller les jeunes. En même temps, nos jeunes talents ont déjà beaucoup appris, beaucoup gagné aussi. Ils ont grandi très vite. C’est étonnant parce qu’il y a cette vague de coureurs âgés de 22 à 26 ans et les anciens. Au milieu, la génération intermédiaire a en partie disparu.
Ç’a dû te faire drôle l’arrêt de Sandy Casar ?
Plutôt oui parce qu’il n’est pas allé au bout de ce qu’il voulait faire… Je pense qu’il a beaucoup réfléchi, que sa décision s’explique pour de multiples raisons mais il est évident que le fait de devenir père assez tard a également contribué à l’arrêt de sa carrière.
Comment envisages-tu la suite personnellement ?
J’espère bien faire encore un petit bout de chemin. Je ne suis pas usé ! Je prends toujours du plaisir à me faire mal à l’entraînement et en course. On verra ce qui se passe à la fin, si on me propose de prolonger mon contrat. Une carrière passe vite mais la mienne n‘est pas finie. Je n’ai jamais été dans le schéma d’un contrat de deux ans en me disant que j’allais être plus cool la première année parce que ce serait été une perte de temps.
Il y a des courses que tu as à cœur de gagner ?
Oui, en début de saison, il y a le Tour du Haut-Var où j’ai toujours été présent. L’an dernier, j’ai aidé Arthur Vichot parce qu’il était mieux classé que moi mais il aurait fait pareil pour moi. Il fait partie des coureurs que j’apprécie, avec qui j’aime travailler et je sais que c’est réciproque. Et puis bien sûr, j’aimerais bien gagner une classique. Plus Liège-Bastogne-Liège que la Flèche Wallonne dont l’arrivée n’est pas pour moi.
Aucun commentaire