La fameuse étape « montagnes russes » d’Eibar, avec ses sept montées répertoriées et ses 3700 mètres de dénivelé répartis sur 153 kilomètres, était donc au programme ce samedi en conclusion du Tour du Pays Basque. Un terrain de jeu idéal pour les grimpeurs, mais un terrain de jeu tout aussi intéressant pour rebattre les cartes au classement général. « Aujourd’hui c’était tout pour Guillaume, car on sait qu’il apprécie ce genre d’étape, soulignait Benoît Vaugrenard. On sait aussi que les échappées vont rarement au bout sur cette étape, mais on avait décidé de mettre un bon grimpeur devant, pour éventuellement nous servir de relais dans le final ». Dans la première grosse difficulté du jour, Romain Grégoire s’est exécuté et a alors intégré une échappée d’une petite vingtaine d’hommes. « Si l’échappée était venue à prendre beaucoup d’avance, il aurait pu essayer d’aller chercher un gros résultat, mais on savait que cette étape était un peu trop difficile pour lui », précisait Benoît. Qui plus est, l’échappée n’a jamais bénéficié d’une marge réellement importante sur le peloton, qui l’a maintenue sous les trois minutes pendant toute la première partie de course.

À mi-parcours, et après les cinq premières ascensions, l’échappée n’était plus composée que de onze unités, et le Franc-Comtois était bien présent. En revanche, le peloton est revenu à toute vitesse à l’approche de l’ascension d’Izua (4 km à 9%), lors de laquelle Romain Grégoire a été repris alors que la pluie faisait son apparition. Guillaume Martin-Guyonnet a lui bien supporté la vive allure du groupe maillot jaune, bien qu’il n’ait pu prendre la roue de Joao Almeida et Enric Mas à l’approche du sommet. Alors dans un second groupe de favoris en direction de l’ultime montée répertoriée, à Trabakua (3,3 km à 6,8%), le Normand a échangé quelques relais puis est sorti de sa réserve quand les pentes se sont présentées, se plaçant seul en contre-attaque ! « Au briefing, on s’était dit d’essayer de sortir dans le final, dans les derniers talus, et il l’a fait plus ou moins où on l’avait prévu, soulignait Benoît Vaugrenard. C’était vraiment bien joué, et il était vraiment très solide. Quand il a attaqué, tout le monde était mort, et son attaque a été vraiment incisive. Il en a mis une et finalement ça a été la bonne. On a eu un peu peur au début car il n’a pas pris beaucoup d’avance, mais il était finalement très fort, il a réussi à résister, avec l’aide ensuite d’Aranburu ».

Une quarantaine de secondes derrière le quatuor de tête, et une trentaine devant le reste des favoris, Guillaume Martin-Guyonnet a collaboré avec le champion d’Espagne à travers les dernières buttes du parcours. Il a ensuite pris la direction de la ligne d’arrivée, quelques kilomètres plus bas, mais s’est retrouvé à terre après une glissade sur une route détrempée à un peu moins de trois kilomètres de la ligne. Le grimpeur tricolore a été repris par le troisième groupe avant l’arrivée, coupant la ligne en 19e position, mais a par la suite été reclassé dans le même temps qu’Aranburu, soit 21 secondes en amont. « Il y a quand même la frustration de ne pas être allé au bout du truc et de ne pas faire une petite place sur l’étape, souriait Guillaume. Outre le classement général, c’était une belle journée. Les sensations étaient à l’image des deux jours précédents, ça allait pas mal ! Je suis plutôt satisfait de la journée et de la forme ascendante sur la semaine ». « On connaît Guillaume, sa capacité de résistance, et aujourd’hui ce n’était que ça, commentait Benoît. La météo n’était pas pour lui déplaire non plus. On voyait qu’il montait en pression depuis deux jours. On avait décidé de vraiment bien l’entourer, car il le mérite, et cette huitième place finale est une belle récompense pour lui et l’équipe ».

Grâce à une course offensive et combative, Guillaume Martin-Guyonnet a ainsi gagné cinq places au classement général dans cette dernière journée, retrouvant ainsi le top 10 final d’une course par étapes WorldTour pour la première fois depuis 2023. « Le bilan de la semaine est bon, concluait Benoît. On était venus avec plusieurs objectifs, ce qui n’était pas simple. On a joué le sprint lors de la deuxième étape avec Thibaud (4e), la troisième étape nous laisse des regrets avec Romain (2e) et on termine aujourd’hui avec la huitième place de Guillaume. Parfois, des individualités ressortent, mais je retiens que le groupe dans son ensemble a vraiment été excellent et ça a vraiment été un plaisir de passer cette semaine avec eux ». Alors que Romain Grégoire va désormais prendre la direction des « Ardennaises », Guillaume Martin-Guyonnet fera lui d’abord un crochet par le triptyque franc-comtois le week-end prochain. « Si l’idée cette semaine était de jouer placé pour le général, la semaine prochaine, ce sera de lever les bras, ponctuait Guillaume. Il y aura trois opportunités, donc j’espère gagner au moins une fois ».