Le peloton de Paris-Nice s’en allait ce vendredi rejoindre la côte méditerranéenne à l’occasion de la sixième étape. Sur la route de Berre l’Étang, pas moins de 210 kilomètres étaient en revanche à parcourir, et sous un temps encore très maussade. Rémi Cavagna n’était lui pas effrayé par les conditions et s’est immédiatement projeté à l’avant de la course, en compagnie de Thomas Gachignard et de Jakub Otruba. « Le but était d’être dans l’échappée même si on savait que ce serait compliqué pour la victoire, car il y avait 200 bornes et personne n’était motivé pour aller de l’avant, racontait le rouleur tricolore. L’objectif était surtout d’avoir un coup d’avance afin d’être devant s’il y avait des bordures et pouvoir éventuellement attendre Guillaume si besoin. On s’est d’abord retrouvés à trois devant, on a bien collaboré, puis on n’était plus que deux, puis j’étais tout seul. Alors, j’ai roulé… (sourires) ». Après avoir cumulé jusqu’à trois minutes d’avance, le coureur de la Groupama-FDJ s’est ainsi retrouvé livré face à lui-même à près de 85 kilomètres de l’arrivée. « On sait que Rémi aime les raids en solitaire, commentait Benoît Vaugrenard. Or, avec la pluie, qu’il affectionne, le vent favorable dans la première moitié de course, et des parties techniques dans le final, on s’est dit « bingo », car on ne sait jamais ce qui peut se passer derrière. On peut juste déplorer le fait qu’il était tout seul. C’est un peu dommage que d’autres équipes n’aient pas voulu jouer davantage. Il y avait peu de chances, mais compte tenu de la météo, il y avait quelque chose à faire ».

Cette même météo a d’ailleurs provoqué un véritable désordre à environ soixante kilomètres du terme, après la descente de la côte de Baux-de-Provence. « Les conditions météorologiques étaient difficiles, confirmait Benoît. On savait que ça pouvait casser dans cette partie. Tout était propice à ce que ça dégénère. La descente était technique, mouillée, il y a eu quelques petites cassures, et lorsqu’Ineos Grenadiers et Visma-Lease a Bike ont vu que le peloton s’était scindé, ils ont tout de suite mis en route avec le vent ¾ dos ». Une quinzaine de coureurs ont alors intégré la première bordure, avec les deux équipes précédemment citées très largement représentées. L’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est quant à elle retrouvée dans le peloton « principal » et s’est immédiatement organisée pour limiter la casse. Repris à quarante bornes du terme par le groupe du maillot jaune Matteo Jorgenson, Rémi Cavagna s’est laissé glisser jusqu’au peloton pour donner un coup de main à ses coéquipiers. « Malheureusement il y avait déjà un écart trop important », disait Benoît. Longtemps maintenu autour d’une minute, cet écart a ainsi gonflé progressivement dans les trente derniers kilomètres pour atteindre près du double sur la ligne.

Après un combat de près d’une heure et demie, Guillaume Martin-Guyonnet a finalement franchi la ligne à 1’54 du vainqueur Mads Pedersen mais malgré tout conservé sa quatorzième place au général. « Ce n’est une journée ni mauvaise ni extraordinaire, résumait Benoît. Les coureurs ont fait ce qu’il pouvait, on sait que Guillaume n’est pas dans son élément sur ce genre d’étape, mais on a limité la casse. On est à notre place ». Rémi Cavagna, pour sa part, est monté sur le podium protocolaire pour recevoir le trophée amplement mérité du coureur le plus combatif du jour. « C’est une des plus belles courses du calendrier, j’adore Paris-Nice, et ça fait plaisir d’être devant et de se rassurer un petit peu », glissait-il. « Il marchait fort », complétait son directeur sportif. Samedi, le week-end décisif de Paris-Nice démarrera par une étape amputée de La Colmiane, mais avec une arrivée toujours prévue à Auron (7,3 km à 7%). « Ce sera davantage une course de côte, mais on va s’adapter, concluait Benoît Vaugrenard. On voit que c’est une course par élimination. La météo sera encore mauvaise demain, on ne va rien lâcher et on fera le bilan dimanche soir ».