Les éditions des Strade Bianche se suivent mais ne se ressemblent pas. Malheureusement, la belle série de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ sur les chemins toscans s’est donc achevée ce samedi. Si Lewis Askey s’est flanqué d’une belle prestation en accrochant la dix-neuvième place du jour après son échappée matinale, le reste du groupe ne gardera pas un souvenir impérissable de ce cru 2025, les chutes et incidents mécaniques ayant en effet plombé les ambitions des leaders à plus de cent de kilomètres de l’arrivée.
Toujours plus de chemins blancs. Si le kilométrage global des Strade Bianche demeurait ce samedi relativement similaire à celui de l’an passé (213 kilomètres), les portions « gravel » s’affichaient en revanche clairement à la hausse dans cette édition 2025. Pas moins de 82 kilomètres de routes non-asphaltées étaient à couvrir, avec un enchaînement notable de cinq secteurs à la mi-course ayant pour conséquence un morceau quasi-ininterrompu de cinquante kilomètres de « sterrati » ! La tâche s’annonçait rude, et le premier secteur intervenait tout juste dix kilomètres après la sortie de Sienne. Dix coureurs ont pu l’aborder en avance sur le peloton, dont Lewis Askey pour le compte de la Groupama-FDJ. « Il était prévu d’accompagner s’il y avait une grosse vague, commentait Thierry. Lewis a bien fait, car l’échappée a pris un petit peu de temps, et cela lui a permis d’avoir un coup d’avance ». « L’échappée est partie assez tôt mais c’était un groupe costaud, affirmait l’intéressé. Ce n’était pas l’affaire de plus ‘petites’ équipes qui voulaient faire une échappée publicitaire. C’était un groupe vraiment sérieux, et cela nous a permis de résister jusqu’à tard dans la course ».
« Tout était réuni pour que ça ne se passe pas bien », Thierry Bricaud
En tête, le coureur britannique a ainsi obtenu jusqu’à cinq minutes d’avance sur le peloton, alors que les pépins commençaient tout juste pour ses coéquipiers. « David a été impliqué dans la première grosse chute de la journée, qui a pris une vingtaine de coureurs, expliquait Thierry Bricaud. Il a changé de vélo, il est reparti, mais un kilomètre plus tard, il est tombé une deuxième fois. Sa journée s’est terminée là ». La Groupama-FDJ a ainsi perdu l’une de ses cartes maîtresses avant même d’entamer les cinquante kilomètres de « Strade Bianche » de la mi-course. Mais là aussi, les choses n’ont pas tourné dans le bon sens. « Dans le secteur six, on a d’abord perdu Rémy, qui a pris un trou et changé de vélo, reprenait Thierry. Dans le même secteur, Quentin a crevé et a lui aussi changé de vélo. Dans le secteur suivant, on était placés là où on devait l’être, mais c’est tombé vraiment devant ! Romain et Lorenzo ont été pris. Romain devait être 4-5e du peloton à cet instant… Il s’est retrouvé sous les vélos, il est reparti loin et sa journée était compromise. Dans ce même secteur, Valentin a crevé. La journée est dès lors devenue extrêmement compliquée. Tout était réuni pour que ça ne se passe pas bien… On a tout de suite su que c’était fichu car c’était justement le moment où il fallait être dans la course, car on savait qu’elle allait se décanter, ce qui s’est produit. On avait un gros temps de retard, qu’il est impossible à combler sur ce genre de parcours ».
« La course de Lewis est vraiment la seule petite note positive de la journée », Thierry Bricaud
Dans un peloton déjà réduit à environ trente unités avant le bien connu secteur de Monte Sante Maria, la Groupama-FDJ ne comptait donc plus personne. « À deux heures de l’arrivée, on savait que Lewis serait notre unique carte compte tenu de tous les incidents qu’on a eus ». Dans ce même « sterrato », Lewis Askey s’est montré parmi les plus costauds dans l’échappée, mais le duo Tom Pidcock-Tadej Pogacar n’a pas tardé à faire son retour. Le jeune Britannique a laissé filer les deux cadors, et s’est alors retrouvé dans un premier, puis dans un second groupe de chasse à l’entame des soixante derniers kilomètres. « J’ai commis une erreur quand Pidcock nous a rattrapés, car j’ai essayé d’économiser de l’énergie pour plus tard, confiait-il. Je n’ai pas tout mis pour essayer de suivre comme l’a fait Connor Swift. Au final, le groupe qui m’a repris ne collaborait pas bien et je me suis fait surprendre quand il s’est disloqué. En fait, je ne m’attendais pas à avoir d’aussi bonnes jambes et je ne m’en suis rendu compte que lorsque j’ai vu les gars autour de moi se faire distancer ». « Son échappée l’a emmené loin, commentait Thierry. La course de Lewis est vraiment la seule petite note positive de la journée ».
« J’ai vraiment pris du plaisir aujourd’hui », Lewis Askey
Après les deux boucles autour de Sienne, Lewis Askey a finalement pu se présenter dans le final pour jouer un top 20. Ce qu’il a obtenu sur la Piazza del Campo, avec une solide dix-neuvième place, un peu plus de cinq minutes après Tadej Pogacar, victorieux. « J’ai vraiment pris du plaisir aujourd’hui, j’adore courir sur ces routes, confiait-il. La foule était super bruyante, ce qui rend toujours l’expérience plus spéciale. Au final, je termine avec un top 20 dont je pense pouvoir être fier vu les 4200 mètres de dénivelé positif, qui ne sont pas vraiment à mon avantage. Je pense que je vais bien dormir cette nuit (sourires) ».« C’est bien pour Lewis car ça valide son début de saison en Belgique, où il marchait très fort même s’il n’a pas été spécialement en réussite, ajoutait Thierry. Aujourd’hui le parcours était un poil difficile pour lui mais il a bien mis à profit ce coup d’avance, ça lui a permis de faire une belle journée et cela va lui donner des certitudes pour la suite. De manière générale, le bilan n’est toutefois pas à la hauteur de nos ambitions. On a tout subi le même jour. Peut-être que ce n’est pas plus mal si ça nous permet d’être davantage épargnés par la suite… Il fallait que les planètes soient alignées, et aujourd’hui, elles ne l’étaient pas. Ce n’est ni un manque de bonne volonté, ni une faute d’engagement, c’est juste inhérent à une course aussi atypique ».