Un an après avoir échoué à la seconde place, Romain Grégoire tient désormais sa victoire sur la Faun-Ardèche Classic. Au terme d’une belle course collective ce samedi, et après avoir fourni de nombreux efforts dans les trente derniers kilomètres, le jeune Franc-Comtois s’est finalement imposé à Guilherand-Granges, récoltant par la même occasion sa toute première victoire de la saison. Il s’agit de la deuxième de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ en 2025.
Cinquième en 2023, deuxième en 2024, Romain Grégoire ne s’alignait que pour une seule chose sur la Faun-Ardèche Classic ce samedi après-midi. « Après son beau Tour d’Algarve, il arrivait ici avec des ambitions, introduisait Yvon Caër. Il s’était mis la pression, et nous aussi. On voulait assumer par rapport à un coureur qui prend de l’envergure. On avait un gros collectif sur le papier, mais pour nous il y avait zéro doute : c’était tout pour Romain ». C’est pourquoi la Groupama-FDJ s’est rapidement emparée des rênes du peloton sur le parcours accidenté autour de Guilherand-Granges. « L’équipe m’a fait entièrement confiance sur cette course, ils se sont tous mis autour de moi, confiait Romain. Ça pourrait mettre un peu la pression, mais j’aime courir de cette manière. Ça me met vraiment en confiance, et je me sens redevable, donc ça me donne un petit truc supplémentaire pour m’arracher encore plus. On a couru toute la journée en patron. J’ai même eu peur à la mi-course qu’on en fasse trop, mais non, les mecs ont bien tenu ». À mi-parcours, le jeune Bisontin pouvait encore compter sur l’ensemble de ses coéquipiers en tête de paquet, puis il s’est montré attentif dans la descente de Saint Romain de Lerps à soixante bornes du but, qui a occasionné plusieurs cassures.
« J’ai gagné, et c’est ce qui compte », Romain Grégoire
Le peloton s’est finalement quelque peu reformé après le deuxième passage sur la ligne d’arrivée, à trente-cinq kilomètres du terme, tandis que l’échappée matinale n’avait plus qu’une marge très minime. Le Mur de Cormas (2 km à 8%) et la montée de Saint Romain de Lerps (6 km à 7%) se sont ensuite présentés, ont sonné la fin de l’escapade, et Romain Grégoire s’est quant à lui montré extrêmement remuant. Auteur de plusieurs attaques, mais aussi prompt à répondre à toutes les offensives de ses concurrents, le jeune homme de 22 ans était tout simplement de tous les coups. « J’avais envie de faire la différence car je me sentais bien, mais je pense que j’ai un peu lâché des forces pour rien car le vent de face bloquait un peu la course, disait-il. J’aurais peut-être dû être un peu plus patient ». « Il y avait aussi un tel niveau que ça s’est finalement plutôt joué tactiquement », reprenait Yvon. C’est alors Lorenzo Fortunato qui a profité du marquage des grands favoris pour basculer au sommet de la dernière grande ascension avec une vingtaine de secondes d’avance. « Mais il y avait des équipes représentées par deux coureurs, on savait donc qu’elles allaient se sacrifier pour rentrer », ajoutait Yvon.
La Groupama-FDJ s’est également retrouvée dans cette situation, puisque Guillaume Martin-Guyonnet s’est mis à la planche pour son jeune leader après avoir fait son retour. Le Normand a ainsi tenté de mettre sur orbite le Franc-Comtois au pied de la côte de Val d’Enfer (1,5 km à 10%), à environ sept kilomètres de la ligne. « Heureusement qu’il était là », soufflait Romain. Avec une poignée de coureurs, le Bisontin s’est alors rapproché des hommes de tête, avant qu’un regroupement de douze coureurs s’effectue après la descente, à trois bornes de la ligne. « On n’a pas réussi à faire la différence dans les ascensions, et des équipes emmenaient pour le sprint, donc ça ne servait à rien d’anticiper », racontait Romain. Le jeune homme s’est donc mis en place pour cet emballage en petit comité, confiant dans ses chances. C’est pourtant sans forcer son talent qu’il a, quelques instants plus tard, franchi la ligne d’arrivée victorieusement, après que plusieurs de ses rivaux se sont trompés de route. « Ils ont pris à droite à 350 mètres alors qu’on était déjà passés trois fois sur la ligne, disait-il. Je pense qu’il y avait un petit manque de lucidité chez eux. Heureusement, j’étais vigilant. Je savais que c’était tout droit ». S’il a bel et bien célébré son premier succès de l’année, Romain Grégoire avouait de fait un « sentiment un peu particulier » à son arrivée : « c’est un peu bizarre de ne pas avoir disputé le sprint, mais ça fait partie de la course. J’ai gagné, et c’est ce qui compte ! »
« On peut tout espérer », Yvon Caër
Une fois l’adrénaline retombée, le puncheur de la Groupama-FDJ parvenait davantage à se réjouir pleinement d’un succès quoi qu’il en soit mérité. « C’est une course que j’avais vraiment cochée, confiait-il. J’avais vraiment envie de la gagner depuis quelques années. C’est fait aujourd’hui, donc je suis forcément très heureux. Je dois aussi remercier l’équipe pour le boulot effectué. Je leur dois vraiment cette victoire. Et puis, ça y est, mon compteur est débloqué ! Ça libère. Que ce soit pour moi ou pour l’équipe, ça peut engager une très belle spirale. J’espère qu’on va surfer sur ce bon début de saison ». « Romain a franchi un cap, assurait Yvon. C’est bien que ça bascule du bon côté, car c’est un gamin qui se donne les moyens, qui est très exigeant avec lui-même, et qui, avec la confiance, peut faire de très belles choses au niveau international. Il a d’ailleurs un calendrier très dense qui l’attend et c’est pourquoi il sera au repos demain. Mais s’il est à ce niveau sur les Strade Bianche, Tirreno-Adriatico et Milan-San Remo, on peut tout espérer ».