Malgré un temps maussade, tout avait commencé de manière plutôt classique ce vendredi sur l’Étoile de Bessèges. Dans cette troisième étape tracée autour de la commune gardoise, un coureur ouvrait ainsi la route après vingt minutes quand le peloton a décidé de s’arrêter à la suite d’un incident. « On traversait un village, et une voiture de facteur a déboulé de la droite, s’intercalant entre l’échappé et le peloton, contextualisait Frédéric Guesdon. Le matin-même, il y avait eu une réunion suite aux incidents de circulation des deux premiers jours. Certaines équipes avaient prévenu qu’elles se retireraient si ça se reproduisait. Ça a malheureusement été le cas, et elles ont tout de suite voulu arrêter ». Après une interruption de quarante-cinq minutes, puis une neutralisation de trente minutes pour rejoindre le « nouveau départ », le peloton est finalement reparti avec seulement 78 coureurs en son sein, soit quasiment moitié moins qu’une heure auparavant. « Pour le cyclisme français, il ne fallait pas que l’Étoile de Bessèges s’arrête et c’est pour cette raison que la majorité des équipes françaises sont reparties, justifiait Frédéric. Mais le problème aurait pu être grave. J’ai laissé le choix aux coureurs, ils ont bien compris cette donnée. Ils savent que l’organisateur fait son maximum et qu’il n’est pas évident de tout maîtriser ». « Je pense que c’était une bonne décision de repartir, par respect pour les organisateurs, on sait que c’est très compliqué pour eux, confiait Paul Penhoët. S’il y avait eu une autre voiture pendant la course, en revanche, ça aurait sûrement été de trop… »

La sécurité en course est une préoccupation importante pour l’Équipe cycliste Groupama-FDJ. L’équipe fait confiance à l’organisateur et aux commissaires pour que les deux étapes à venir se déroulent dans des conditions de sécurité optimales.

Aussi, les coureurs restants ont repris leur route pour un parcours sensiblement différent, sans la dernière boucle et les deux dernières montées supposées créer un véritable écrémage. « La reprise a été difficile car on s’est arrêtés pendant plus d’une heure, et tout le monde pensait que ça allait être tout simplement annulé, confiait Paul. Dans la tête, ça a été dur de se remobiliser, surtout qu’on avait froid après s’être arrêté aussi longtemps. C’était vraiment compliqué mais on s’est bien remis dedans avec les gars. Olivier est parti rouler directement, ça nous a aussi permis de nous remettre dans le match. Ensuite, on a vite repris le fonctionnement d’une course normale ». Quatre coureurs ont alors mené les débats, et comptaient encore une petite minute d’avance à l’entrée dans les quarante derniers kilomètres, aux abords du col des Brousses (2,4 km à 5%). « Ça s’est animé car il y avait deux belles petites bosses dans le final, et neuf coureurs sont sortis avec Kevin pour nous, rapportait Frédéric. Il était prévu qu’il bouge. C’est le meilleur grimpeur du groupe, donc si ça sortait en costaud, il fallait qu’il suive, également en prévision du classement général ». Ce groupe d’attaquants a rejoint l’échappée après quelques minutes, puis s’est forgé une avance de trente secondes sur le peloton avant d’aborder la dernière côte du jour, à vingt kilomètres du terme.

Au sommet, les choses sont finalement rentrées dans l’ordre, ou presque. Seul Dylan Teuns a insisté en reprenant la direction de Bessèges. « Avec Clément et Cyril, on devait rester tranquilles pour économiser des cartouches, confiait Paul. Je me suis senti très bien dans la dernière bosse, et ça m’a donné confiance ». Un peloton d’une quarantaine d’hommes a finalement rattrapé Teuns à quatre bornes du terme, moment où le train Groupama-FDJ s’est mis sur les rails. « C’est vrai qu’on avait eu du mal à se mettre en place sur les deux premières étapes, disait Frédéric. Aujourd’hui, avec un peloton moins épais, ils ont pu emmener comme il le fallait. Ils ont fait du bon boulot et c’était une bonne répétition pour la suite ». Rémi Cavagna, Kevin Geniets, Cyril Barthe et Clément Russo ont ainsi tour à tour pris les rênes du peloton, pour finalement lâcher Paul Penhoët dans la dernière ligne droite. « Tout le monde a fait du super boulot, assurait le jeune homme. Il ne me restait plus qu’à conclure. Malheureusement, quand j’ai commencé à lancer le sprint, j’ai senti que j’étais complètement frigorifié, que mes jambes étaient bloquées. Je suis vraiment dégoûté pour les gars car ils ont fait un gros travail et c’était une belle occasion pour l’équipe et pour moi d’ouvrir le compteur. C’est dommage, mais on ne peut pas forcément s’en vouloir ».

Sur la ligne, Paul Penhoët a donc pris la troisième place, soit son premier podium de la saison, alors qu’Arnaud De Lie s’est imposé. « Ça reste une journée positive, les mecs se sont bien battus, concluait Frédéric. On a décroché cette troisième place et Kevin est encore placé au général. C’était une journée compliquée mais ils ont réussi à bien la négocier. Demain, on annonce encore beaucoup de pluie au Mont Bouquet, on va donc attendre de voir ce que ça donne ». À la veille de l’étape reine, Paul Penhoët occupe la deuxième place du général à six secondes du leader, alors que Kevin Geniets est septième à dix secondes.