Premier arrêt de la dernière ligne droite de la saison, le Tour de Vénétie s’annonçait comme une découverte pour l’Équipe cycliste Groupama-FDJ mercredi. Entre Vérone et Vicence, 165 kilomètres composaient donc le parcours du jour, dont plus de la moitié s’effectuait sur un circuit de quinze bornes à répéter cinq fois. « Le noyau de la campagne des Classiques italiennes est toujours là, soulignait Jussi Veikkanen en introduction. Or, s’il y a une course qui nous a marqué en termes d’agressivité collective, c’est la Coppa Agostoni, où Romain avait terminé deuxième derrière Hirschi. On avait envie de refaire la même course, les mecs étaient impliqués dans cette stratégie, et c’est ce qu’on a essayé de mettre en place ». Contrairement à la Coppa Agostoni, la première moitié du tracé ne se prêtait toutefois pas à des mouvements, et c’est donc d’abord une échappée de sept hommes qui a animé la journée, deux minutes environ devant le peloton. « Quand on est arrivés sur le circuit final, il s’est mis à pleuvoir, reprenait Jussi. Il y a même eu des seaux d’eau à un moment donné et la course est devenue plus sélective ». « La course a surtout été rendue difficile par la météo, confirmait Romain Grégoire. La route était très glissante et il fallait être extrêmement prudent ».

C’est dans ces conditions que la course de mouvements s’est initiée, à une soixantaine de kilomètres du but, alors que l’échappée matinale était déjà ramenée à portée de fusil. « On a toujours essayé d’avoir toujours un coup d’avance, et ce sont d’abord Rémy et Enzo qui ont commencé à suivre les coups, disait Jussi. Ça ne faisait que durcir, mais ça se regroupait constamment dans la partie plate du circuit ». C’est finalement dans les difficultés de l’avant-dernier tour que les choses se sont davantage éclaircies. La formation UAE Team Emirates a haussé le ton, puis Thibaud Gruel a poursuivi le mouvement, imité par Romain Grégoire, laissant donc apparaître un groupe de tête d’une quinzaine d’hommes pendant quelques kilomètres. Dans la portion descendante et roulante du circuit, un bout du peloton a néanmoins opéré la jonction et tout était donc à refaire pour l’ultime ascension complète du Monte Berico à quinze kilomètres de la ligne. Très vite, Marc Hirschi a placé une accélération que seul Romain Grégoire est parvenu à contenir, et les deux hommes se sont d’abord fait la malle ensemble avant d’être rejoints par Samuele Battistella et Filippo Zana.

« Toute l’équipe a été très active dans le final, commentait Romain. Dans les deux derniers tours, je suis sorti à deux reprises avec Hirschi, mais je me doutais que ça allait revenir sur nous et finir par un sprint en petit comité. J’ai donc essayé de garder des forces pour ce dernier effort ». « La configuration du circuit fait qu’il était difficile de s’isoler, complétait Jussi. Romain est sorti avec le grand favori mais ça n’a pas porté ses fruits. Le manque de collaboration a forcément joué aussi car les Italiens ne passaient pas, ou presque, et ça désorganisait un peu le groupe ». Une quinzaine de coureurs se sont donc de nouveau retrouvés pour la partie finale, sur le plat, où quelques tentatives d’anticipation ont fait rage avant les 800 derniers mètres en bosse. « On a vu du très bon Thibaud, qui a beaucoup travaillé dans le final et jusque dans le dernier kilomètre pour aider Romain, soulignait Jussi. Il finit très bien la saison. Ça fait plaisir de voir qu’il est toujours présent dans des courses de ce niveau. Quand on est opérationnel comme il l’a été jusque dans le dernier kilomètre, ça vaut de l’or pour les leaders. C’est très prometteur pour la suite ». « Thibaud a fait un super boulot dans le final pour me mettre en bonne position, malheureusement il m’en a manqué un peu », ajoutait Romain.

S’il a démarré son sprint de loin pour essayer de se défaire des coureurs les plus véloces du groupe, le Bisontin n’a toutefois rien pu faire face à Corbin Strong. Sur la ligne, Xandro Meurisse l’a également privé de la seconde place. « C’est compliqué d’analyser à chaud, disait-il dans la soirée. Il faut que je revoie le sprint pour comprendre si je pouvais faire mieux ou si deux coureurs étaient tout simplement plus forts. Je suis forcément déçu car je tourne autour depuis un petit moment. Je sais que les jambes sont bonnes mais cette victoire ne vient pas. Malgré tout, je suis satisfait du travail de l’équipe et de mes sensations. Il reste une chance dimanche. Ce n’est pas fini ! » « Bien sûr, Romain a envie de gagner et veut finir la saison en beauté, ponctuait Jussi. C’est d’ailleurs ce qui était écrit sur le tableau de briefing mercredi matin : finir la saison avec une victoire bien méritée. Il la mérite, c’est sûr, mais peut-être que le parcours n’était pas assez sélectif. Dimanche, le circuit est un petit peu plus dur. Ce sera peut-être notre jour. Il se présentera avec un état d’esprit revanchard ».

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